J'avais traversé une période d'inactivité : depuis mon retour de ma précédente mission je n'avais fait que de l'entraînement, comme si les clients n'avaient plus besoin de missions simples ... A vrai dire je ne savais faire que ça, mais même le plus simple des services pouvait faire plaisir à une personne en ayant besoin. C'était en quelque sorte le rôle des Ninjas de mon grade. Quand j'y repense, je n'avais tissé aucune relation particulière, amicale ou tendue avec eux, mis à part les deux Genins qui m'avaient aidé précédemment dans une de mes missions, mais je ne pense pas que je pouvais qualifier ça de réelle amitié, nous sommes des compagnons d'armes, des Ninjas de Kumo donc nous défendons les mêmes idéaux ... Ca ne va pas plus loin. Il en va de même pour les deux élèves de l'académie que j'avais pris en charge pendant trois jours, même si au fond de moi je me demandais ce qu'il allait devenir avec ce que nous réserve l'avenir, je m'inquiétais pour eux mais j'étais confiant. Pour moi, les amitiés pouvaient être une source de bonheur, mais aussi un handicap. Je savais pertinemment que, plus les jours passèrent et plus ma personnalité devenait froide mais c'était le prix à payer pour avancer dans un monde tel quel, j'avais mes propres objectifs, je devais à tout prix survivre. Ces pensées tournaient en boucle dans mon esprit, je repris mon entraînement pour me changer les idées. Il consistait à améliorer mon ninjutsu et en particulier mes techniques raiton, j'avais laissé mon affinité natale de côté qui est le suiton, à bas niveau je trouvais qu'elle ne faisait pas d'énormes dégâts même si elle m'avait bien servi dans le passé. Je pensais, par exemple, lorsque j'ai appris ma technique avec Onizuka, sans le suiton je n'y serais jamais arrivé ... Mais bon, je préférais le raiton, je concentrai alors mon chakra dans mes mains afin de tenter une de mes techniques, mon principal objectif était simple : connaître mes limites. C'est en les connaissant que je pourrais progresser. Je m'apprêtais à commencer et un Ninja supérieur arriva.

<< Le Raikage veut te voir >>

Il était assez pressé, je n'eus même pas le temps de lui répondre qu'il n'était déjà plus là. La voilà ma mission que j'attendais depuis longtemps, mais pour ne pas changer elle arriva juste avant de commencer mon entraînement, mais bon j'étais habitué. Dans la tour du Raikage c'était la folie, il y avait énormément de monde, je me demandais ce qu'il se passait, il avait ouvert un parc d'attraction ou quoi ? Je revis le même Ninja revenir vers moi.

<< Kurayami Akumo, comme tu peux le voir il y a beaucoup de personnes, il m'a chargé de te transmettre ces paroles. Il a besoin de toi pour te rendre assez loin du village, dans une forêt afin de lui transmettre un paquet contenant des affaires banales qui nous a demandé de lui apporter, voici le paquet et aussi une carte pour que tu trouves ce lieu. >>

Il disparut à nouveau, j'allais donc partir dans un lieu assez éloigné du village ? C'était bien la première fois, je me mis rapidement en route. La mission se résuma tout bêtement à une sorte de balade, bien calme, j'arrivai dans cette fameuse forêt environ un jour après mon départ. Je vis un homme à l'intérieur et je regardai les informations sur lui qui étaient inscrites au dos de la carte : Daiki Nawa, grand, âgé d'environ 45 ans, cheveux bruns. La brève description correspondait, mais était-ce son nom ?

<< Bonjour monsieur, j'ai peut-être quelque chose pour vous, mais avant tout j'aimerais connaître votre nom. >>

Daiki Nawa, c'était sa réponse. Je lui remis le paquet et je revins sur mes pas, j'avais encore une longue route à faire. En plein coeur de la forêt, je trouvai un coin calme et reposant, j'avais fait une pause. De là, je pouvais contempler le ciel, enfin une partie, car les arbres m'en empêchaient de le voir totalement, mais ce moment était agréable. Les pensées de la veille étaient toujours présentes, je me demandais toujours si je devais rompre toutes mes affinités pour devenir plus fort, nous étions chacun dans une situation compliquée sans aucune chance d'en échapper. Devais-je nouer des liens plus amical avec les autres ou alors ne jamais aller plus loin que le stade de compagnons d'armes ? J'étais resté une bonne heure à réfléchir à tout ça tout en me reposant, il était temps après de retourner au village mais je me rendis compte que j'avais plus la carte, je l'avais peut-être fait tomber là où j'avais vu l'homme ou encore entre ce lieu et l'endroit où je m'étais reposé ... La maladresse était un de mes défauts les plus représentant de ma personnalité. Sans carte, je tournai facilement en rond dans la forêt, elle était introuvable, ni même l'homme à qui j'avais donné le paquet. C'est alors que j'attendis des bruits de pas, par précaution je me cachai derrière un arbre assez large tout en regardant les alentours. Je vis alors une personne un peu plus âgé que moi, un Ninja en apparence puisque je repérai son bandeau frontal, mais sa position m'empêchai de voir le symbole représenté sur celui-ci. Je 'observa et j'aperçus enfin le symbole de son bandeau : quatre traits verticaux, j'avais en face de moi un Ninja du village caché de la pluie, un Ninja d'Ame.

J'étais sur le chemin du retour de ma mission C avec Edya. Je revenais de Yu no kuni, pays des Sources Chaudes, où je devais avec l'aide d'une kunoïchi de mon village, neutraliser un brigand qui avait dérobé une arme de valeur à notre village. La Larme d'Ame était une dague qui ne se pouvait de quitter nos terres pluvieuses, ce fut donc pourquoi j'étais chargé de la ramener avec la demoiselle du clan Azumo. Notre mission avait été réussie, sans trop de difficultés. Malgré la guerre imminente, nous n'avions eu aucun ennemi appartenant à l'Alliance qui avait tenté de nous attaquer. Pourtant, nous avions longé à sur la première moitié de l'aller le pays du Feu. Les chances de devoir de recevoir un assaut ne pouvaient qu'être multipliées et pourtant, la chance était de notre côté. Habituellement, je n'aimais pas avoir faire au hasard, mais pour l'occasion, il est vrai qu'au vu des circonstances actuelles, nous nous en étions bien sorti. Konoha et ses alliés n'étaient peut-être que des Hérétiques, mais unis, face à deux Chûnins d'Ame, ils avaient amplement l'avantage et l'occasion de nous éliminer sur un terrain qu'il connaissait. La seule hypothèse valable à mes yeux sur cette absence de troupes, ne pouvait être que la préparation des défenses de chaque village caché de l'Alliance. Après tout, il fallait prévoir des morts, et le mieux que l'on puisse faire dans ce cas, c'est d'anticiper les attaques pour se défense et réduire le nombre de victimes.

Remarquant ce constat qui m'était avantageux pour l'heure, j'en avais profité pour rester plus longtemps en dehors du village. J'avais ordonné à ma partenaire, qui était sous mon commandement, de rentrer au village avec l'objet, sans m'attendre. La route était sûre, et je lui avais confié au cas où quelques ryôs pour se payer le voyage. Non pas que j'éprouvais de la générosité envers elle, mais je n'aimais quand quelqu'un traînait dans mes pattes alors que je vagabondais ici et là. Qui plus est, en tant qu'assassin, avoir une présence qui ne sait pas encore manier l'art de se fondre dans l'ombre serait contre-productif. A deux, l'effet de surprise est réduit, et le temps nécessaire à le créer serait encore plus long.

Quittant ainsi les frontières pacifiques de la nation aux Onsens très opulents, le fait de croiser des étrangers commença à m'irriter. J'avais dissimulé mon bandeau frontal d'Ame, bien entendu, pour me fondre dans la masse. Mais pourtant, mon instinct de chasseur, et mon envie de purger le monde des Hérétiques à revenir. Je me retenais, bien entendu, pour éviter qu'un éventuel bain de sang ne m'attire des ennuis dans la région. J'étais peut-être obsédé par mon Nindô - comme tout les autres, certainement - mais lucide, m'évitant d'être plus suicidaire qu'autre chose. Pour calmer mes ardeurs, je pris alors l'initiative de m'enfoncer dans la forêt, où la population serait largement moins présente. De là, je pouvais enfin remettre mon bandeau d'Ame, dont les quatre traits obliques représentaient dignement la pluie d'Amegakure no satô. Une fois dans le bois, je pris l'objet et l'enroula autour de mon front, avant de serrer derrière le nœud du tissu bleu foncé. Je passai ensuite deux doigts le long de la partie métallique, pour sentir chaque creux incarnant la puissance divine de Pain, qui faisait s'abattre continuellement son averse pour assurer paix et prospérité.

Sur le chemin du retour, je prenais mon temps pour rentrer au village. Je ne savais pas exactement où j'étais, mais une chose était certaine: je me dirigeais quoiqu'il en soit vers Ame no kuni. Autour de moi, des arbres à perte de vue. La cime de ces colosses sylvestres donnait le vertige, d'autant plus que leur feuillage couvrait la forêt du ciel bleuté. C'était une bonne chose, car j'étais habitué à la fraîcheur du pays de la Pluie, et aujourd'hui dans la région le soleil rayonnait violemment. Le vent qui accompagnait ce soleil ardent était freiné par les branchages de la zone boisée, et le peu de bourrasques dans la forêt étaient accompagnés de l'odeur agréable de la nature. Cela ne me déplaisait pas, d'autant plus que je découvrais ainsi de nouvelles odeurs aux parfums appréciables.

Soudain, alors que je poursuivais mon voyage dans la forêt, je sentis une présence dans les alentours. Immédiatement, je m'étais figé sur place, m'arrêtant en freinant sur quelques pas. L'individu en question s'était caché, certainement lors de mon arrivée pour ne pas se faire remarquer. Pourtant, il n'était pas parvenu à berner un habitué de l'art de se dissimuler. De ma sacoche ninja, je pris trois senbons dans ma dextre gauche, et les lança dans un mouvement sec et précis. Le trio d'aiguilles vinrent se planter dans l'écorce de l'arbre derrière lequel le personnage s'était caché. Mon geste n'avait en aucun pour but de le blesser; je souhaitais uniquement le faire sortir de sa cachette. Ce fut alors que je constatai que le personnage en question n'était qu'un simple shinobi de Kumo. Je le vis à sa taille, plutôt moyenne, faisant de lui certainement un aspirant ninja, et à son bandeau frontal symbolisant les nuages entourant le montagneux village caché de Kumo.
Actuellement, notre village et celui de Kumogakure no satô étaient alliés; je ne connaissais pas exactement les termes de ce contrat d'alliance, néanmoins, même s'il s'agissait d'un village d'Hérétiques, je devais me forcer de faire des efforts. Le shinobi semblant un peu paumé, je lui lançai dès lors:

— Que fais-tu ici, ninja de Kumo ? Et pour l'heure, présente-toi, je n'aime pas converser avec des gens dont je ne connais pas leur identité, cela me met une doute sur leur confiance.

Que faisait-il ici ? On m'avait pourtant assuré que je ne rencontrerai aucun Ninja, si celui-ci m'attaquait je n'avais aucune chance de l'emporter, je n'étais qu'un Genin et à première vue cet inconnu avait l'air plus expérimenté. J'étais caché derrière mon arbre, je tremblais légèrement sans parvenir à m'arrêter, je savais pertinemment que cet arbre était une très mauvaise cachette, mais je n'avais pas eu le temps de trouver mieux. Comment en étais-je arrivé là ... Les bruits de pas s'arrêtèrent, j'eûs un moment de soulagement, mais il ne dura pas longtemps, je sentais sa présence, il était toujours là ... Il n'y avait plus de doute : j'étais repéré, je me doutais bien que cela allait finir comme ça. J'espérai que son arrêt était juste significatif d'un repos, quelques secondes passèrent sans qu'il n'y ait aucun bruit, ce fût les plus longues de toute mon existence. Tout cela à cause de cette fichue carte, j'aurais mieux fait d'apprendre le chemin par coeur ...

Soudain, j'entendis que quelque chose avait heurté l'arbre où je m'étais caché, sous l'effet de surprise je tombai au sol et le Ninja me regarda. J'étais alors tétanisé, je ne connaissais pas du tout ses objectifs, mais une chose était sûre : j'étais repéré pour de bon et la situation était en ma défaveur. J'avais tout de même un peu de chance que ce soit un Ninja d'Ame, grâce aux informations que j'avais récoltés, j'avais appris que nos deux villages étaient liés par une alliance. Cependant, cette alliance était forcée, il se peut donc que cet inconnu ait une haine envers le village caché des nuages et dans ce cas j'étais une cible idéale, simple à éliminer et à l'abri de tous renforts, mais j'ai un peu plus de chance de survivre que si j'étais tombé sur un autre village tel que Iwa ou Kiri. Je devais réfléchir et trouver rapidement une solution malgré la fine poignée d'informations connues que j'avais, à savoir son village et une approximation de son niveau. La fuite ne mènerait à rien, il me rattraperai aussitôt et c'est contre mes principes. Le Ninja me regardai, sûrement pour récolter des informations sur moi comme je l'avais fais moi aussi au début.

<< Que fais-tu ici, ninja de Kumo ? Et pour l'heure, présente-toi, je n'aime pas converser avec des gens dont je ne connais pas leur identité, cela me met un doute sur leur confiance. >>

Je me relevai, j'aperçus alors trois senbons plantés dans l'arbre, c'était cela qui avait heurté l'arbre où j'étais caché, s'il avait voulu me tuer de cette manière il aurait utilisé une autre arme que de simples aiguilles et puis il souhaite que je me présente, car il ne veut pas discuter avec une personne à laquelle il ne connait pas l'identité, me tuer n'est donc pas dans ses priorités, du moins pas pour l'instant, devrais-je lui mentir sur mon identité ? Non, cela ne m'amènerait à rien et puis s'il découvre que je lui ai mentis je ne suis pas sûr de la réaction qu'il aura, autant lui dire mon vrai nom, je devais éviter tout de même de lui montrer que j'avais peur.

<< Comme tu l'as compris je suis un Ninja de Kumo ... Mon nom est Akumo Kurayami, si je suis ici c'est parce que je suis de retour d'une mission. >>

Je devais éviter qu'il prennes l'avantage en optant pour un caractère fort, il devait croire que le fait d'avoir été démasqué m'importait peu, c'était mon objectif. Car en effet, s'il veut discuter il y a des chances que cela cache quelque chose, comme une recherche d'informations ou autre. Si je lui mentais, il finirait par s'en rendre compte donc pour rester sur un pied d'équité je devrais moi aussi récolter des informations ... Je réfléchissais trop, comme toujours. Je n'avais aucune idée de ce qu'il voulait au juste, mais j'étais en quelque sorte prisonnier et à sa merci. Mais je m'étais dit que je ne révèlerai en aucun cas la moindre information sur le village caché de Kumo, sur moi cela m'étais égal, car je n'avais rien à cacher. Je devais savoir son nom aussi, mais pourquoi me répondrait-il ? Je n'avais rien à perdre à le lui demander, autant tenter le tout pour le tout.

<< Et toi, qui es-tu ? Et que me veux-tu ? >>

Je devais savoir ce qu'il me voulait aussi, autant que je saches tout de suite son objectif et son intérêt à me parler, ce qu'il cachait ...

Le jeune homme sortit donc de sa cachette. Il avait compris ce que je voulais. Après tout, je pensais m'être exprimer assez clairement: trois senbons lancés à proximité de lui, dont le craquement dans l'écorce parlait à ma place. Le message était plutôt évident: Sors de ta cachette, sinon la prochaine rafale sera vraiment pour toi. Signe de faiblesse ou non, quoiqu'il en soit, le shinobi portant le symbole du village caché de Kumo répondit à mon interpellation. Ainsi, il s'appelait Kurayami Akumo, et confirmant sa profession de ninja de Kumo, il expliqua brièvement avec sincérité la raison de sa venue ici. Selon ses dires, il revenait d'une mission. Il n'avait précisé ni le grade, ni l'objectif. Même si nos deux villages étaient alliés - alors qu'en réalité, notre nation dominait Kumo obliger de se soumettre à notre autorité - il y avait certaines missions dont le rang sous-entendait des informations confidentielles, alliance ou non. Néanmoins, cet Akumo n'avait rien d'un haut gradé, de par son gabarit, et si réellement il revenait d'une mission de rang A ou S par exemple, son niveau lui aurait permis de prendre le dessus sur moi.

Pour l'heure, je menais la conversation. Le Kumojin tentait de dissimuler ce fait dans son expression du visage, pourtant, j'étais quasi-certain de mon hypothèse. Lorsque je spéculai, il était rare que je me trompe, car je ne m'engageai jamais dans une réflexion qui serait vaine. Désormais, je voulais profiter de mon statut pour soustraire quelques informations à ce ninja de Kumo. Il ne pouvait pas me mentir, car j'étais capable d'obtenir les renseignements que je désirais par n'importe quel moyen, quitte à faire usage de la force. Actuellement, je voulais connaître à quel point était la fidélité du village caché des nuages envers celui de la pluie, le mien. Une puissance opprimée par une autre pouvait à tout moment la trahir et rompre les accords pour se révolter contre cet asservissement. Kumo pouvait bien être dans cette situation, et pour en avoir le cœur net, je n'avais plus qu'à interroger le ninja de la famille Kurayami dessus.

Cet adolescent, un peu plus jeune que moi, paraissait être du peuple de Kumo, et par conséquent, je pensais avoir à faire à la bonne personne. Pourtant, alors que j'étais en train de formuler ma question, il me prit de vitesse et me demanda dès lors:

— Et toi, qui es-tu ? Et que me veux-tu ?

Il souhaitait certainement m'intimider. Me montrer qu'il n'était pas qu'un simple pion à la solde de Kumo. Peut-être plus en vrai, ou alors me bluffer pour cacher qu'il n'en était rien. De toute manière, je n'avais aucun risque à prendre. Suite à cette annonce, je me retins; ma xénophobie compulsive remontait dans chaque parcelle de mon corps. Moi qui avait fui la civilisation pour éviter toute forme de conflit violent, me voilà aux prises avec un ninja appartenant aux terres parsemés d'éclairs de Kaminari no kuni. Mais qu'importe, face à ma haine des étrangers, ma lucidité m'empêchait de perdre inutilement la raison. Si j'agissais selon mes pulsions meurtrières, je perdrais du chakra et du sang, ce qui serait difficile à expliquer devant l'administration d'Ame à mon retour, en prétextant le déroulement de ma mission C. Et tôt ou tard, son cadavre, caché ou non, serait retrouvé par les armées de Kumo, dont l'indignation monterait d'un cran. Je devais la jouer fine sur ce coup en clair.

Même si je devais me retenir mentalement, je pouvais tout de même me lâcher verbalement. Ce gamin pensait pouvoir prendre le dessus dans la conversation, dans ce cas, j'allais lui répondre de quoi lui montrer que de nous deux, j'étais le patron. Je m'avançai de quelques pas vers lui, réduisant de quelques décimètres la distance nous séparant Akumo de moi, puis lançai d'un ton froid, mon visage d'un air apathique:

— Je m'appelle Munashii du clan Ryūmōsei. Et je n'ai pas à me justifier quant au motif de ma venue ici. La seule chose dont je peux te faire part, c'est que ta rencontre est un pur hasard.

Simple, bref, mais suffisant. J'aimais ce genre de phrase courte qui en disait juste assez. Après tout, il fallait bien que je me mette sur un pied d'égalité avec lui: il parlait d'un retour de mission, et moi d'un pur hasard. Je paraissais au-dessus de lui, il était donc inutile de mentionner également le fait que je revenais de Yu no kuni pour avoir fait une mission C en collaboration avec une kunoïchi de mon village. Par ailleurs, de par la grandeur de cette forêt, il est vrai que ma rencontre avec le Kurayami n'était qu'un pur hasard. Il aurait très bien pu tomber sur un animal, ou moi sur un civil. Mais ce que les faibles appellent le "Destin" a fait que deux personnalités opposés, forcés d'appartenir à la même alliance, devaient se rencontrer. Maintenant que j'avais répondu à ses questions, je n'avais plus qu'à poser la mienne.

Encore une fois, il fallait une certaine parité de nos questionnements; j'en étais à une question, lui deux. Mon objectif de collecte d'informations pouvait commencer. Maintenant que les présentations étaient faîtes - assez rapidemment, il faut l'avouer - je pouvais passer à la phase suivante. Dans un soucis de commodité, je m'avançais encore une fois vers Akumo, afin de récupérer mes senbons. Je n'aimais pas gaspiller mes armes alors que j'avais l'occasion de les reprendre par la suite. Un à un je décrochai chaque aiguille de l'écorce de l'arbre. Un peu de sève, liquide vital des êtres sylvestres, substitut de notre fluide écarlate, s'écoulait des perforations causées par mon lancer. Mon tir étant assez puissant pour bien enfoncer les aiguilles jusqu'à en laisser que le quart à l'extérieur, je profitais du temps pour récupérer mes projectiles pour entamer le sujet de notre prochaine conversation:

— Dit-moi, Akumo-san, quel est ton nindō ? Après tout, comme tout bon shinobi qui se respecte, tu dois toi aussi avoir une voie à suivre, un modèle à respecter, à égaler et même à surpasser.

Il ne répondit pas tout de suite à la question que je lui avais posé précédement. Je me demandais à quoi il pensait à ce moment-là et j'espérais obtenir une réponse de sa part, et en particulier sur ses intentions et la raison de sa présence ici. Je le voyais comme une personne confiante et sûre d'elle, tout mon contraire. Je pouvais me tromper bien sûr, mais je réalisai petit à petit que je ne pourrai pas prendre l'avantage sur lui à cause de mon manque de confiance en moi, des mimiques devaient me trahir, c'était certain. De plus, il n'avait rien d'un simple aspirant comme moi, il devait donc être dans les rangs supérieurs au mien : Chûnin ou encore Jônin. J'étais en mauvaise posture.

<< Je m'appelle Munashii du clan Ryūmōsei. Et je n'ai pas à me justifier quant au motif de ma venue ici. La seule chose dont je peux te faire part, c'est que ta rencontre est un pur hasard. >>

Le hasard donc ? Cela tenait la route, comme quoi sous la panique je n'avais pas bien réussi à réfléchir convenablement. Et pourtant, c'est toujours moi qui me dit que la première chose à faire et de réfléchir pour ne pas agir bêtement. Super, j'étais bien avancé maintenant ... Je ne savais absolument pas ce qui allait se passer et je ne pouvais pas mettre la situation à mon avantage. Et celle-ci se dégraderait s'il me demande des informations sur le village puisque comme je ne dirais rien je me trouverais bien plus en danger que je l'étais juste avant. Et puis j'étais obligé de dire la vérité puisqu'il s'en rendrait compte au bout d'un moment, de plus s'il possède déjà quelques informations fiables et que les miennes ne correspondent pas avec il comprendra automatiquement la supercherie et ce serait encore pire. Je n'aime pas devoir dire ça, mais là je ne pouvais compter plus que sur ma chance, une chance que je n'ai jamais vraiment eu. Il s'avanca un peu, instinctivement je voulus reculer mais je devais pas, c'était un signe de faiblesse que je ne voulais pas montrer.

<< Dit-moi, Akumo-san, quel est ton nindō ? Après tout, comme tout bon shinobi qui se respecte, tu dois toi aussi avoir une voie à suivre, un modèle à respecter, à égaler et même à surpasser. >>

Mon nindô, c'est ce qu'il me demandait. Suite aux évènements qui ont précédé cette discussion ainsi que la guerre qui approche je pouvais juste dire que j'avais échoué dans ma voie, encore un échec à rajouter dans ma liste. Mon niveau médiocre ne me permettait pas de réussir à suivre cette voie que je m'étais fixée. Mais au fond, si ma vie se termine ainsi tout ce que j'aurais fait jusqu'ici n'aura servi à rien. Cette guerre n'a pas encore commencée, peut-être qu'il reste encore une lueur d'espoir. Je levai la tête, je n'arrivais pas, depuis le début de la conversation, à le regarder dans les yeux. Naturellement, mes yeux détournaient de son regard. Cependant, j'avais un peu repris confiance en moi et pour lui répondre je le fixai avec un petit sourire d'assurance, j'avais beau échouer sans cesse je savais que je valais quelque chose et que je pouvais progresser encore en devenant toujours plus fort, tout comme mon frère.

<< Si tu y tiens, mon objectif et de tout faire pour qu'un jour ce monde connaisse une paix véritable. Mais vu la tournure des évènements, nous allons tous entrer en guerre. Cependant je n'abandonnerais pas pour autant ... Pour l'instant mon but principal est de protéger mon village, c'est tout ce que je peux faire actuellement. >>

Pour une fois, j'avais le pressentiment qu'un jour je pourrais faire quelque chose par moi même. J'avais envie de lui demander le sien, mais il n'avait même pas expliqué la raison de sa présence ici, je ne voyais donc pas pourquoi il répondrait à cette question qui peut être plus intime selon la personne, je devais rester concentré afin de ne pas faire de gaffes lorsque je parlais, je devais me concentrer uniquement sur cela. Je pensai au village de Kumo, ce village que certains Ninjas veut voir s'écrouler et il y a de grandes chances que la situation soit la même pour le village de cet inconnu qui se tenait devant moi ... Mais lui qu'en pensait-il ? J'étais tenté de lui poser cette question, il y avait très peu de chances qu'il me réponde, je préférai attendre encore un peu avant de lui la poser du temps que je cerne un peu plus le personnage.

En apparence, Kurayami Akumo était un jeune enfant ambitieux. Ninja de Kumo, baignant dans les rêveries de l'adolescence, il m'apparaissait comme quelqu'un d'amical et de timide. A mon approche, il s'était caché, fuyant le contact humain, tout comme moi, à un niveau tout à fait différent. En guise de réponse à ma question assez sérieuse, il me dévoila un nindô assez classique: amener une paix durable dans ce monde. Je me retins de sourire à cette annonce, tant cet espoir de changer les choses paraissaient si lassant. Le côté novice d'Akumo ressortait, et ce dernier poursuivit en rappelant que son nindô ne pouvait être accompli actuellement à cause de la guerre qui se préparait. Sur ce point, j'étais bien d'accord avec lui. La guerre nous opposant à Iwa, Kiri, Konoha et Suna, allait durer un certain moment.

Néanmoins, il ignorait un fait. Une réalité, qui s'applique à n'importe quelle partie, qu'il s'agisse de l'Alliance de Konoha comme l'Alliance des ténèbres. Lumière ou ombre, seul l'un des deux gagnera, les pertes n'étant que subjectives, et le vainqueur de cette succession violent de batailles pourra modeler le monde à sa façon. Imposer sa philosophie, sa politique, et aussi créer une paix. Une paix dans la souffrance, où l'on rebâtit le monde en ruines sous la bannière de la prospérité d'un côté, où une paix dépourvue de toute forme de conflits entre nations pour les autres. En clair, l'ère suivant cette guerre est digne de l'adage suivant: Après la pluie, le beau temps. Mis à part que dans notre cas, il fallait remplacer l'eau des gouttes de pluie par du sang et de la sueur dégoulinant des hommes, et le soleil rayonnant sur le paysage humide par une paix plus ou moins provisoire.

Même si Akumo était assez pitoyable dans ses intentions, il en restait tout de même convaincu. Et cette volonté de croire en ses buts, ce courage de résister à l'idéologie des grands, et des dominateurs qui exercent une emprise sur Kumo. Moi aussi j'avais un but en apparence onirique, et pourtant, je savais que tôt ou tard, lorsque ma puissance me le permettra, je serais capable d'accomplir la voie du ninja que j'avais tracé inconsciemment aux yeux de ma famille. Mes ambitions étaient à la fois personnelles et d'origine familiale, mais plus que tout, au final, je constatais en réalité que j'étais semblable au Kurayami: ambitieux, mais encore faible pour s'imposer face à son Nindô.

— Tes ambitions m'ont l'air d'être justes... mais pourtant, un détail m'intrigue. Tu dis devoir protéger ton village, puisque pour l'instant, tu ne peux que te limiter à ce choix pour assurer la prospérité de ton village, et comme tu le désires, du monde. Mais plutôt que de rester sur la défensive, à attendre que l'ennemi fasse le mal autour de toi pour ensuite devoir le repousser, après quelques sacrifices, pourquoi ne vas-tu pas éliminer directement les menaces qui semblent peser autour de Kumo ?

Le mal est une plante. Elle se propage sur les terres où règnent la faiblesse, et l'ignorance de l'homme. Elle fleurit, nourrie du sang des guerriers qui tentent de l'éradiquer, et des civils qui se lamentent du mal. Pour moi, la paix consiste à arracher les racines du mal avant que cette souffrance primitive ne gagne les cœurs et ne fleurisse dans la douleur. Et puis surtout, la meilleure des défenses reste l'attaque. J'essayais d'aider cet enfant, bien que je savais pertinemment que son nindô était irréalisable. Enfin, je ne voulais pas l'aider. Je voulais juste lui montrer cette Vérité que les hommes drapaient sous des illusions utopistes.

Je rangeai mes trois aiguilles ninjas dans ma sacoche. Au passage, j'ajustai légèrement ma griffe positionné dans le bas de mon dos. Mon sourire s'était effacé bien avant ma dernière phrase, et je sentais l'air tiède virevolter au-dessus de ma chevelure blanchâtre. Je reculai petit à petit, histoire d'être à l'aise dans ma discute avec le ninja de Kumo. Après quoi, une dernière question fatidique trotta dans ma tête. Lorsque je lançai cette énième question à Akumo, ma véritable nature s'affichait futilement, mon attitude taciturne montrant un air froid de tueur. Mais ce n'était qu'un détail, car depuis plusieurs minutes, l'atmosphère était plus détendue qu'au tout début de notre rencontre.

— Et plus que de devoir attaquer ou défendre en premier lieu... serais-tu prêt à tuer de sang-froid tes ennemis pour la sécurité de ton village ? Te sentirais-tu capable de faire couler le sang sans remords pour accomplir ton Nindô ?

Les minutes passèrent lentement et un silence des plus total s’installa après que j’aie dévoilé mon nindô. L’Amejin ne disait plus rien, comme si il était plongé dans ses pensées. D’ailleurs j’aurai bien aimé savoir à quoi il pensait à ce moment-là, je ne savais rien de cet homme mis à part son nom et son village d’origine. De ce fait nous avions les mêmes ennemis, c’était ce qui me rassurait un peu puisque je ne faisais pas parti de ses ennemis à moins qu’il agissait indépendamment ou que cette alliance n’était qu’une façade, je devais me montrer prudent et veiller à ne pas faire d’imprudence.

<< Tes ambitions m'ont l'air d'être justes... mais pourtant, un détail m'intrigue. Tu dis devoir protéger ton village, puisque pour l'instant, tu ne peux que te limiter à ce choix pour assurer la prospérité de ton village, et comme tu le désires, du monde. Mais plutôt que de rester sur la défensive, à attendre que l'ennemi fasse le mal autour de toi pour ensuite devoir le repousser, après quelques sacrifices, pourquoi ne vas-tu pas éliminer directement les menaces qui semblent peser autour de Kumo ? >>

Ce n’était pas que je ne voulais pas, mais je ne pouvais pas … Je n’avais pas la force nécessaire afin de tenter ceci, tout ce qui j’y gagnerais ce serait de me faire tuer, mourir pour Kumo est un devoir pour moi mais tant qu’a mourir, autant le faire utilement. Je ne trouvais pas les mots justes pour lui répondre, je ne pouvais pas lui dire cela puisque depuis le début de notre conversation j’essayais du mieux que je pouvais de cacher ma puissance médiocre, même s’il y avait des risques qu’il avait compris je ne pouvais pas lui donner confirmation. Mon regard se détourna du sien et je me remis à fixer le sol.

<< Et plus que de devoir attaquer ou défendre en premier lieu... serais-tu prêt à tuer de sang-froid tes ennemis pour la sécurité de ton village ? Te sentirais-tu capable de faire couler le sang sans remords pour accomplir ton Nindô ? >>

Mes tremblements s’accentuèrent, j’avais l’impression que ce ninja lisait dans mes pensées : cette dernière question était celle qui me travaillait le plus. Depuis la déclaration de la guerre … Non, depuis que j’avais appris notre alliance avec cette mystérieuse organisation qui est Akatsuki, je me demandais si je serais assez fort mentalement pour tuer une personne. Certes j’avais une haine féroce envers Suna, Iwa, Konoha et Kiri, mais méritait-il de mourir ? Ce n’est que maintenant que je réalisai que j’y serai forcé pour suivre mon nindô … Mais de ce fait je ne vaudrais pas mieux que l’assassin de mon frère. De toute façon j’aurais dû tuer un jour ou l’autre, tel est le destin d’un ninja. C’était soit eux, soit nous … Le choix était vite fait quand on y réfléchit dans ce sens.

<< Oui … Je serai prêt à me battre pour protéger mon village quitte à tuer d’autres personnes impliquées dans cette guerre. >>

Plus notre discussion avançait, plus j’avais l’impression d’être soumis à un interrogatoire de police, ses deux dernières questions avaient réussies à me troubler encore plus que je l’étais, mais à la fois à m’éclairer sur ce que je devais faire. Je n’aurais jamais imaginé que j’allais être impliqué dans un évènement qui, de loin, me dépassait et que malgré cela je devais y participer. Maintenant que j’avais pris cette décision j’étais certain d’une chose : je ne serais plus le même après. J’en ressortirai psychologiquement atteint, peut-être même que je n’en reviendrais pas. Mais si j’en ressors vivant je sais que je ne serais plus un enfant, naïf et innocent, mais quelqu’un de mûr qui a dû approcher de très près la mort. Cette vision des choses m’effrayait mais je n’avais plus le choix, je ne pouvais malheureusement plus reculer.

A nouveau, un silence s’installa. Seul le bruit du vent soufflant sur le feuillage des arbres se faisait entendre jusqu’à qu’un son peu perceptible se fît entendre derrière moi. Je me retournai et je scrutai les environs pour repérer la provenance de ce son. Etions-nous espionnés ? Et par qui ? Tout à coup, un kunai sortant d’un buisson fût lancé, je le parai à l’aide d’un de mes kunai. Il y avait effectivement quelqu’un. Décidément, ma première sortie hors du pays de la foudre s’avéra un peu plus complexe que ce que j’avais imaginé. Moi qui ne souhaitait pas montrer mon niveau au ninja d’Ame j’étais piégé, j’allais devoir me battre et de ce fait il aurait la confirmation que je ne suis qu’un Genin, j’espérais seulement qu’il n’en avait rien à faire. Une autre attaque surgit de l’autre côté, il était impossible que ce soit la même personne, il n’aurait pas pût parcourir une distance de ce type en si peu de temps. Ils étaient donc plusieurs ou alors c’est un clonage. Je pensais en avoir repéré deux d’entre eux, les feuillages d’où étaient sortis les kunai n’avaient quasiment pas bougé, il y avait donc une forte probabilité qu’ils n’avaient pas bougés, un ninja expérimenté l’aurait fait donc il y avait une grande chance qu’ils n’étaient que des Genins, comme moi. Pour leur localisation, j’allais vérifier si j’avais raison, je pris deux kunais enroulés d’un parchemin explosif et je les lançai tout deux sur mes cibles. J’en avais démasqué un, il était sorti de sa cachette afin d’éviter ma salve tandis que l’autre était toujours caché. Il l’avait évité tout en restant discret et caché, il était peut-être plus qu’un Genin. Je regardai son partenaire, il arborait le symbole d’Iwa sur son bandeau frontal, c’était un ennemi, peut-être un peu plus jeune que moi.

Jamais je n'aurais pensé que cet enfant, malgré une certaine anxiété qui s'affichait de plus en plus clairement au fil des minutes aurait eu le cran de me répondre. Je m'attendais à ce qu'il renonce à ses ambitions, du moins tant qu'il n'avait pas compris que le mal doit être combattu par le mal. J'étais assez calé sur le sujet, au vu des tensions dans mon clan, et celle d'Ame avec les autres villages, et je savais que seul la violence pouvait calmer la violence. Seul celui qui parvient à faire souffrir le plus l'autre, que ce soit mentalement, ou physiquement, peut réellement s'affirmer comme le vainqueur. Dans ce cas, le vaincu n'a d'autres choix que de devoir abdiquer, car s'il renonce à la raison pour dans un dernier élan d'espoir suicidaire, lutter contre son adversaire, la fin l'attend au bout de ce choix digne des adeptes du code du Bushidō.

— Oui … Je serai prêt à me battre pour protéger mon village quitte à tuer d’autres personnes impliquées dans cette guerre.

Et pourtant, le ninja de la famille Kurayami se résigna à rester sûr de ses convictions, et plus troublé que jamais. Il n'avait pas le choix de toute manière: il devait ou faire abstraction de la violence et de la souffrance, ou bien de son honneur et de sa dignité qu'il recherchait en accomplissant son nindō pacifiste. Pour ma part, j'avais fait ce choix depuis bien longtemps. Je n'avais de toute manière aucune dignité, car depuis ma naissance, j'étais forcé de m'exprimer comme étant un ninja, un vrai assassin de l'ombre qui tue de sang-froid. Qu'importe la manière dont ma cible périssait de ma main, le résultat était le plus important. J'avais appris à faire abstraction de ces émotions que sont la compassion, le bonheur, la tristesse, et la joie, pour être plus performant. Mon éducation assez stricte me l'avait forcé, qui plus est. Inconsciemment, chaque coup que me portait ma mère à chaque erreur que j'avais commise dans le passé durant mes entraînements, m'éloignait des liens sacrés de la famille. Évidemment, ma mère, mon père, et bien d'autres membres de mon clan avaient eu droit à un tel traitement. Nous étions la génération la plus récente, et en ces temps belliqueux, nous nous devions d'être prêt à défendre notre cause.

Et apparemment, l'occasion se présentait pour moi de montrer la puissance de mon clan. En effet, l'ambiance se calma entre Akumo et moi, tandis qu'en guise d'unique son, le bruit des feuilles se frottant l'une contre l'autre avec le vent nous entourait. Il n'y avait plus lieu d'enfoncer plus le ninja du village caché des nuages, car désormais je savais qu'il était fidèle à ce pacte des ténèbres auquel Kumo avait prêté serment, aux côtés de Yami et d'Ame, soutenu par l'Akatsuki. Même s'il était encore peu sûr de lui, il était déterminé à accomplir l'objectif qu'il s'était fixé. Après tout, nous ne pouvions nous permettre d'accueillir des gens incertains dans nos rangs. Soudain, un projectile fut lancé en direction d'Akumo. Kunaï contre kunaï, la dague de métal tomba au sol, tandis que mes sens se mirent en alerte. Je n'avais pas eu le temps de localiser la provenance du tir de kunaï, néanmoins, je pris les dispositions nécessaires à une éventuelle riposte. Griffe au poing, j'attendais fermement une prochaine salve pour neutraliser cette dernière, avant de trouver le lanceur de ces armes et de l'éliminer à son tour.

Les secondes s'écoulèrent, et puisqu'aucune réaction de la part de l'ennemi ne se fit, Akumo prit l'initiative. Il sortit de sa sacoche deux kunaïs, qu'il enroula chacun d'une étiquette explosive. Après quoi, il lança les deux projectiles en direction de l'endroit d'où le premier kunaï adverse était parti, pour débusquer son agresseur. L'explosion fit mouche, car presque automatiquement, un ninja sortit des buissons. Il avait peut-être évité le choc de la détonation, néanmoins, il était sorti de sa cachette, et c'était bien là le principal. Mais alors que les hostilités allaient être lancé entre Akumo et ce ninja, qui d'après son bandeau frontal appartenait à Iwa, le village caché de la roche, je sentis une seconde présence. Il avait évité l'explosion et c'était dissimulé, pourtant, il vint à ma rencontre assez rapidemment.

— Au nom de l'Alliance, nous vous arrêtons ! Rendez vous immédiatement sans faire d'histoires, ou bien nous serons forcé de faire usage de la force !

Armé d'un kusari-gama, une faux avec un manche court, relié à une chaîne attaché à une sphère de piques en métal, la lame courbé de son arme vint croiser le fer avec ma griffe. Quelques étincelles ardentes jaillirent de cette brutale collision, tandis que mon regard presque vide rencontra celui du Iwajin, représentant fièrement son village avec son bandeau frontal mis en évidence autour de son front. J'avais l'impression d'avoir été suivi après ma séparation avec Edya, et mon opinion ne me laissait guère le choix que de devoir éliminer mes poursuivants. Peut-être avaient-ils également suivi Akumo, mais quoiqu'il en soit, ils appartenaient au camp ennemi, et j'étais forcé de devoir les éliminer, pour le bien de la réussite d'Ame.

Ne répondant pas à l'Iwajin avec des paroles, je préférai rester efficace et ne pas perdre de temps à bavarder inutilement. Dialoguer avec lui pour le dissuader de nous capturer serait vain, d'autant plus que je n'allais pas me soumettre à un homme aussi hautain. Il pensait avoir l'avantage sur moi, avec son arme, son air fier, et pourtant, d'un coup, je le repoussai. A peine eut-il le temps d'amortir ce contrecoup qu'il dut avoir à faire avec une de mes techniques en guise de réponse à son interpellation: le Jibashi Ri. Le jutsu du Meurtre électromagnétique fit jaillir de mes deux paumes, dirigés face à mon adversaire une multitude d'éclairs, dont la rapidité était bien supérieure à la puissance de l'attaque. Au même moment, j'entendis le bruit de l'affrontement entre ce qui paraissait être un duel de Genins. Akumo luttait aussi contre un ninja d'Iwa. Et sans pour autant le rassurer ou l'encourager, je lui lançai:

— Akumo-san, il est temps de devoir accomplir ta promesse, aussi bien pour l'honneur de ton village, mais aussi pour ta propre survie. Le sang devra couler pour assurer notre victoire, c'est indéniable.

Le Genin était face à moi, il avait reçu quelques dégâts suite à la déflagration de mon explosion, mais rien qui pouvait le mettre hors combat. Il se releva, resserra son bandeau frontal et tenta une nouvelle attaque frontale toujours avec un kunaï dans sa main droite. J’esquivai sans problème l’attaque du ninja d’Iwa. J’étais peut être en bas de l’échelle ninja, mais je ne pouvais pas me faire prendre par une attaque si prévisible et en ligne droite. Le kunaï qu’il avait utilisé était le même que lors de sa première offensive, il était allé le récupérer. Je pouvais en déduire que son stock d’armement était sûrement très limité, sinon il serait allé le ramasser que quand il en avait l’occasion de le faire sans risque. Je profitai d’avoir esquivé son attaque afin de l’attaquer par surprise dans son dos, je le frappai d’un simple coup de poing, mais c’était suffisant pour le faire tomber. J’avais réussi à le frapper au visage lorsqu’il avait tenté de se retourner. Lui aussi était en quelque sorte dans mon cas, il était mêlé à cette histoire et n’était qu’un Genin, peut-être que lui aussi en souffrait. Un autre ninja apparut près du ninja d’Ame, il avait l’air bien plus expérimenté que son partenaire.

<< Au nom de l'Alliance, nous vous arrêtons ! Rendez-vous immédiatement sans faire d'histoires, ou bien nous serons forcés de faire usage de la force ! >>

Me rendre ? Il était hors de question que je me rende, c’est là que je réalisai que le seul moyen de m’échapper était que ces deux-là meurent. J’avais déclaré précédemment que j’étais prêt à tuer, mais je ne m’attendais pas à ce que cela arrive si tôt. Je me demandais à ce moment-là si j'étais bel et bien prêt à le faire, peut-être, mais pas sans remords. Cet acte resterait à jamais dans mon esprit, à me hanter mais pour ressortir vivant de cet affrontement je devais me résoudre à faire des sacrifices. Munashii se battait avec cet homme, leur combat était bien plus intense et de haut niveau que le notre, enfin c'était normal puisque le niveau entre lui et moi n'était pas le même. Le Genin, lui, se releva, il ne voulait pas abandonner malheureusement, tout comme moi. S'il insistait à vouloir se battre cela finirait mal pour un de nous deux ... Tant pis, je devais me battre, c'était des ennemis qui ont, de plus, eux même lancé l'offensive, nous n'allions tout de même pas se laisser faire. D’après ce que j’avais vu, cet aspirant était plus orienté en combat au corps à corps. C’est par mesure de précaution que je pris la décision de maintenir une distance entre nous puisque certaines de mes techniques pouvaient se faire éloignées de ma cible.

<< Akumo-san, il est temps de devoir accomplir ta promesse, aussi bien pour l'honneur de ton village, mais aussi pour ta propre survie. Le sang devra couler pour assurer notre victoire, c'est indéniable. >>

Il avait raison malheureusement. Dire que cet enfant devait avoir des rêves et des objectifs à atteindre … Mais moi aussi j’en avais et je ne pouvais pas me permettre de mourir à ce moment-là. Je fis quelques mudras et je malaxai mon chakra, pendant ce bref temps, le Genin recommença à foncer sur moi, toujours de la même manière. De ce fait, je ne pouvais pas manquer ma cible, il était trop tard pour faire marche arrière. J’étais prêt à lancer ma technique : le Suiton MizuRappa. Un jet d’eau assez intense sortit de ma bouche afin d’heurter en plein fouet l’Iwajin, un cri de douleur se fit entendre avant qu’il ne perde connaissance après s'être écrasé sur un arbre.. Pris de tremblements dans tout le corps, je m’approchai du corps inerte du Genin assez lentement afin de savoir s’il était mort. Il respirait encore, il avait juste perdu connaissance et de ce fait, je n’avais pas encore fini mon travail … J’aperçus son kunaï à côté de lui, je le saisis toujours en tremblant et je regardai ma victime avec peine et horreur. C’est alors que je me remémorai le moment où j’avais appris le décès de mon frère ainsi que quand j’avais vu son cadavre, je me rappelai que la tristesse et le désespoir m’avaient envahi et là, j’allais infliger cette douleur aux proches de cet enfant, mais je n’avais pas le choix, je devais malheureusement le faire pour ma survie et pour réaliser ce qui me tenait à coeur, cela devait arriver un jour de toute façon.

<< Je suis désolé … >>

Je regardai le kunaï qui était dans ma main, puis le Genin gisant au sol. J’approchai cette arme de son cou toujours en tremblant et je le lui tranchai, au moins il n’avait pas trop souffert. Pris de panique je lâchai le kunaï et je m’éloignai du cadavre, et je réalisai ce que j’avais fait, des larmes coulèrent …

Résumons ma situation. Tout d'abord, j'avais rencontré ce ninja, Kurayami Akumo. Après m'être séparé d'Edya, j'avais fait cavalier seul, laissant ma coéquipière en possession de la Larme d'Ame. C'est une fois arrivé dans la forêt que je débusquai ainsi ce shinobi de sa cachette. Pas très sûr de lui, il désirait plus que tout apporter la paix dans ce monde. Et pourtant, il semblait vouloir accomplir son objectif sans avoir recourt à la force, ce qui est plutôt étrange pour un ninja. Nous eûmes peu de temps pour développer notre conversation qu'un tandem de ninjas d'Iwa vinrent à notre rencontre. En échange de bons procédés, nous les saluâmes de la même façon qu'eux: Akumo lançant deux kunaïs portant une note explosive, et moi-même parant un coup de faux avec ma griffe. L'ambiance était posé, et il ne me restait plus qu'à devoir lutter contre ce Chûnin à l'air prétentieux. A l'opposé de mon camarade, avec qui j'étais forcé de collaborer, il était sûr de lui, et son exclamation de tout à l'heure, visant à nous forcer de coopérer avec l'ennemi pour nous faire prisonniers, n'était là que pour le rendre supérieur à nous.

Concentré sur mon face à face avec cet homme, dépassant la trentaine, j'ignorai totalement ce qui se passait du côté du Kurayami. J'eus tout juste le temps de lui déclarer qu'il devait prouver qu'il était digne de son nindô. Désormais, je ne pouvais qu'entendre quelques rares bruits issus du duel avec Akumo et son adversaire, dont le niveau était bien plus médiocre que le Kumojin. De mon côté, je croisai une fois, et pas deux, le fer, avec mon ennemi, avant de passer aux choses sérieuses. Je ne pouvais me permettre de sous-estimer mon adversaire, orgueilleux ou non, raison pour laquelle je me servis d'un ninjutsu de type Raïton face à lui: le Jibashi Ri.

Une myriade d'éclairs plus vif l'un que l'autre se dirigèrent en direction du ninja de moyenne classe adverse. Avec la distance nous séparant, il était inutile pour cet homme de tenter quoique ce soit avec son arme, un fusari-gama en métal. Au lieu de ça, il prit un maximum de recul avant de recevoir mon attaque, et durant son déplacement, qui était plutôt lent, il eut tout juste le temps de composer une série de signes incantatoires et de poser sa paume droite au sol. Par la suite, tandis que sa technique prenait vie, il prononça le nom de sa technique qui appartenait au répertoire Doton:

— Kuma no Taihinan ! 【Le grand abri de l'ours】

Un mur de pierre se forma devant lui, tandis que mes minces éclairs vinrent fissurer la structure minérale ainsi créé. Il fallait avouer que même si le Doton était inférieur au Raïton, sa technique lui avait sauvé la mise. L'intégralité de mon jutsu vint s'écraser face à la sienne, qui se fractura de plus belle. Au final, le mur de roche grisâtre n'était plus qu'un obstacle qui séparait le Chûnin de moi. Une simple attaque suffirait à briser la technique désormais gênante de l'Iwajin. Profitant de l'occasion, je pris une poignée de senbons dans ma main et bondit en l'air. Le mur n'était pas très haut, juste assez pour pouvoir se protéger contre, et je profitai de ce paramètre pour surprendre ma cible. Quatre senbons en main, je serrai fort ma main avant d'arriver à la hauteur maximale. De là, je pouvais voir mon adversaire, qui resta bouche bée en voyant dans les airs. Impossible pour lui de reculer ou de passer sur les côtés, son jutsu l'empêchait tout simplement de fuir, sauf en filant en ligne droite, augmentant ainsi mes chances de le toucher.

Lançant mes aiguilles d'une traite, mon tir fit mouche. Mes projectiles vinrent se planter dans les épaules, plus précisément vers le dos. La vitesse et la puissance du coup ne laissa qu'un bref bruit, celui du métal transperçant la chair, les muscles, ainsi que quelques fragments d'os. Autour du trou créé par les projectiles, une fine auréole écarlate entoura le métal. Après mon attaque, je me posai tel un rapace sur le dessus du mur de pierre, observant la réaction du Chûnin ennemi. Mon adversaire essayait de s'extraire inutilement les senbons qui entravait les articulations au niveau de ses deux épaules. Durant ce temps, j'en profitai pour composer une nouvelle série de mûdras, et une fois ma technique opérationnelle, je me lançai sur ma cible tel un aigle fauchant sa proie. Durant ma descente, le prédateur que j'étais prononça les quelques mots suivant composant l’appellation de la technique dont je m'étais servi:

— Raïton: Raiko Ikazuchi no Utte.

Mes deux mains se chargèrent en chakra Raïton. Des étincelles sortirent de ces dernières, tandis que je percutai dans le dos ma cible. Mon jutsu fit par la suite effet. Un électrochoc assez puissant sortit de mes bras, et cette puissance parcourut de part et d'autres le corps du ninja d'Iwa. J'entendis son cri se prolonger avec celui de l'électricité parcourant chaque parcelle de son corps. Un cri de douleur, qui contrastait avec sa fierté d'antan. Il pensait me faire prisonnier, et ironie du sort, le voilà piégé à présent dans ma geôle de foudre. Mon opposant tentait de se débattre, mais rapidemment, la décharge qui le maintenait sur place l'immobilisa presque totalement. Au final, il ne parvenait plus à grand chose, et seul son souffle et ses clignements d’œil étaient perceptibles. L'heure de mettre un terme à ce conflit approchait.

Il ne pouvait plus parler, plus réagir à mes faits et gestes, et pourtant, l'expression de son visage suffisait amplement. Il semblait m'implorer, tenter de se mettre à genou pour le libérer et lui laisser la vie sauve. Son attitude était tout à fait pitoyable, et je savais bien que j'allais avoir à faire à bien des adversaires dans son genre. Et rien de tel qu'une exécution sommaire pour m'échauffer durant cette guerre. Je pris son arme, lentement, afin de faire peser l'attente sur l'homme. Il devint pâle, et sous cet halo d'étincelles qui le retenait à ma merci, des sueurs froides s'écoulèrent de son front blafard. Mon air froid ne laissait passer que cette impression d'aspect psychopathe et sadique d'une personnalité illusoire. Le manche de l'arme en main, je passai la lame près de son cou, et avant de faire le geste fatal, qui condamnait définitivement l'accusé, je lui confiai:

— Hérétique, avant que je t'emporte vers la Nuit Éternelle, retient ce nom, ce surnom qui causera ta perte, Le Fantôme d'Ame.

Aucune réponse de l'ennemi, du moins vocale, car ce fut son corps qui répondit à sa place. Sa tête se sépara de son corps, désormais dépourvu de vie. Le corps s'écroula au sol, tandis que la tête chuta en roulant sur le sol souillé d'un sang impur. J'avais arraché un avenir à cet homme, une descendance à sa famille, et une arme à mes adversaires. Mon ennemi désormais mort, je me dirigeai vers Akumo. Le ninja de Kumo en avait également fini avec son antagoniste, qu'il avait achevé d'un coup de kunaï. L'Iwajin, étendu au sol, la gorge tailladé d'une traite. Son sang s'était étalé dans une saignée violente, et son arme le rejoint également dans sa chute. Le Kurayami était quant à lui en larmes. Sans doute était-ce la première fois qu'il était contraint d’ôter la vie à un adversaire. Mais certainement avait-il compris que s'il était trop tendre, il finirait exactement comme le cadavre en face de lui. Je n'eus pas le temps de le laisser gémir plus longtemps, car j'entendis au lieu un bruit. Instantanément, je compris le pétrin dans lequel nous nous étions fourré.

J'ordonnai au Kumojin de sécher ses larmes. Il fallait agir vite, sinon nous étions véritablement condamnés. Il était clair que l'attaque que nous avions reçu n'était que de faible intensité, et que la suite qui nous attendait risquait d'être d'un tout autre genre. Afin de me débarrasser de cette situation embarrassante, j'exécutai les signes incantatoires de la technique du clone de foudre; deux copies de moi apparurent à mes côtés. Puis, tandis que l'un positionna ses dextres pour utiliser le Henge, l'autre me laissa singer celui qui désormais était le double d'Akumo. De mon côté, j'avais pris l'apparence du Chûnin que j'avais vaincu. Après quoi, je me devai d'exposer mon plan et la situation au Kurayami, pour qu'il réagisse en conséquence:

— Ces deux-là n'étaient que des éclaireurs. Le reste de l'escadron ne va pas tarder à arriver, raison pour laquelle il va falloir que tu agisses rapidemment aux instructions que je vais te donner. Utilise la technique de métamorphose pour prendre l'apparence du ninja d'Iwa que tu as vaincu, et cache les corps. Nous allons leur faire croire que leurs camarades nous ont fait prisonniers, qui ne seront en réalité que des clones et en utilisant cette feinte, nous allons pouvoir les éliminer plus facilement. Désormais, il n'en tient qu'à toi si tu désires rester en vie, alors fait au plus vite !