J'ouvre les yeux après un énième cauchemar, j'ai cependant tellement l'habitude d'en faire qu'ils ne m'affectent même plus. Ai-je perdu mes sentiments définitivement cette nuit ? Je ne peux le dire, je me pose la même question depuis l'instant fatidique où j'ai tué ma propre soeur. Je me lève et sors de ma chambre pour me doucher, l'eau fraîche me fera le plus grand bien pour me réveiller et oublier, la routine quotidienne on va dire. Après un passage sous la douche, je me vêtis des habits traditionnels de mon clan, un kimono blanc qui m'arrime jusqu'au genoux avec en dessous tout de même, un short noir que j'ai l'habitude de porter quand je pars en mission. Aujourd'hui je n'ai pas l'intention d'aller demander quoique ce soit à la tour du Mizukage, j'ai prévu de rester peinard dans le domaine de la famille Ryuuseigun et de me reposer après tous les évènements qui se sont récemment achevés ou entamés.
De plus, demain nous recevrons de la visite assez importante pour l'avenir du clan, un homme souhaite en effet marier ma cousine pour prendre les rennes du clan...Car moi je suis encore trop jeune pour prendre des décisions paraît-il, je m'en remets à votre avis Invité pour savoir si les propos des doyens sont véridiques ou s'ils cherchent plutôt à m'éloigner de ce pouvoir par crainte et par soupçons. Enfin soit, il est temps pour chacun de nous dans cette stupide famille de commencer les préparatifs pour accueillir le bourgeois demain. J'ajuste la position de mon sabre à ma ceinture et sort enfin du bâtiment qui nous sert de salle de bain à nous, quartier Nord du domaine. Quelques personnes me saluent au moment où je traverse la cour, par politesse ou parce que ce sont des lèche-culs, les deux sont tout à fait envisageable, je ne me rappelle pas avoir eu droit à tant d'honneur lorsque j'étais le fils rejeté de Satake. J'en fais de même par principe mais ne leur accorde pas un regard supplémentaire, je ne pense pas qu'ils le méritent.
La plupart des membres de la zone Ouest - ceux dont personne ne veut avoir à faire dans cette famille qui se croit noble - sont déjà au travail et bien entendu, ils héritent des taches les plus ingrates comme le nettoyage de la maison ou encore les réparations des objets défectueux. Tout doit être parfait pour l'arrivée de cet inconnu, je me demande pourquoi Asahi a pu accepter ce mariage forcé, elle qui revendiquait toujours épouser celui qu'il aimera toute sa vie. J'esquisse un sourire en coin en poussant en soupir, les gens changent vraiment avec le temps. Avant de rentrer dans la bâtisse principale, celle où seuls les élus du clan sont autorisés à rentrer, je vérifie ma coiffure et remet une de mes mèches blanches derrière l'oreille afin de ne pas susciter l'attention des doyens qui tentent de me dénigrer au moindre faux pas. Ceci-fait, je me rends à l'intérieur où je trouve Mère rayonnante entrain d'essayer une nouvelle coupe de cheveux. Je m'incline devant elle au moment où elle me lance froidement :
« Kazuko, j'ai commandé du poisson ainsi que d'autres colis de nourriture au village. J'aimerais que tu te rendes aux quais pour les récupérer, la livraison ne se fera que vers quinze heures mais il serait préférable que tu y ailles tout de suite pour être sûr. Fais ce que tu veux en attendant, l'argent nécessaire pour payer se trouve dans la bourse posée sur la table à gauche de la porte. Il y a 20 Ryôs supplémentaires dedans, c'est ce que j'estime assez pour un déjeuner correct.
- Bien Mère, je pars dès maintenant. »
Mère a bien changé depuis le décès de Yoru-san et Saitou-kun, on dirait que le fait qu'elle ait été de mon côté cette nuit là l'ai rendue complice du meurtre aux yeux des autres. Je tire donc ma révérence et m'empresse de sortir d'ici sous le regard attentif des doyens. Je saisis la bourse et me dirige vers la sortie du domaine sans prêter attention aux autres membres du clan tous occupés aux préparatifs. Je me hâte de pousser la porte coulissante et d'enfiler mes sandales pour enfin courir au milieu d'un sentier libre, là où Izue et moi ne nous sentons pas oppressés par la famille. La route ne fut pas longue, l'archipel n'est en effet pas très grand, et je trouve rapidement une embarcation qui me ramène à Kiri, l'iode envahit mes narines pour mon plus grand plaisir. Le pêcheur me lâche que le Quai après une dizaine de minutes de navigation, j'aurais aimé rester avec lui mais malheureusement, la terre ferme m'attend déjà.
Je regarde l'horloge accrochée sur un mur délabré, j'ignore s'il s'agit de l'heure exacte mais elle affiche onze heures et quart, quand j'y repense je n'ai pas eu le temps de manger ce matin et j'ai un petit creux...C'est l'occasion d'aller dans une taverne histoire de passer le temps jusqu'à l'arrivée des colis commandés par Mère. Je ne connais pas bien les environs mais je me laisse tenter par un bar qui propose des calamars frits à emporter pour le repas de midi, je pousse la porte et me rend à l'intérieur. Et là franchement, c'est peu dire qu'il y a plus de fumée à l'intérieur qu'à l'extérieur - et pourtant nous sommes bien au village caché de la brume - je tousse fortement avant de me diriger vers le comptoir où je commande la spécialité ainsi qu'une bouteille d'eau. Le barman me demande dix Ryôs, je suis plutôt satisfait de mon affaire, je peux encore ramener de l'argent à la maison.
Après avoir tout pris sur mes bras, je sors de la taverne où des ivrognes commencent déjà à se battre mais à l'instant où je pousse la porte, je heurte quelqu'un sans le faire exprès en manquant de tomber moi-même. Je réussis à sauver ma nourriture et ma boisson mais je me retourne vite afin de voir qui j'avais poussé involontairement. Il s'agit d'un jeune homme de la même tranche d'âge que la mienne à peu près, il me ressemble assez si ce n'est que ses cheveux sont moins indisciplinés que les miens, cependant ils ont la même teinte. Avec un peu de naïveté, on pourrait croire que c'est un membre du clan Ryuuseigun cependant ses yeux étaient différents des nôtres, ils étaient assez étranges quand on prend du recul. En vue de sa stature, il s'agit sûrement d'un Shinobi, je me hâte donc de m'excuser en espérant ne pas créer d'ennuis pour une fois que je suis en ville, de plus, Mère ne serait sûrement pas contente s'il m'arrivait le malheur de revenir en retard au domaine.
« Désolé ! Je ne l'ai vraiment pas fait exprès ! Si vous avez faim je suis prêt à partager mon repas avec vous pour me faire pardonner ! »
Il y a des jours comme ça où je ferais bien de tourner ma langue deux fois dans ma bouche avant de parler, mais ce qui est fait est fait, mes plus plates excuses accompagnées d'une invitation à déjeuner, je passe vraiment pour un imbécile auprès de ce type. Mais bon, de toute façon ce n'est pas comme si j'allais le recroiser un jour...Quoiqu'on sait jamais.
HRPG : Beaucoup de HS mais je savais pas trop quoi dire sinon.