Il paraît que j'ai fait fort lors de ma première mission en tant que Ninja de Kiri, à la base j'aurais dû partir avec Saitou mon cousin mais en raison de sa récente promotion au rang de Chûnin, ce crâneur a voulu tenter une mission de rang B avec son père. Je me suis donc retrouvé seul ce jour là, je me souviens encore avec amertume de cette matinée d'hiver enneigée, Mère n'était pas encore réveillée quand je me promenais dans les jardins du clan avant l'aube elle-même. Mon arsenal de mission était fin prêt depuis la veille, je n'avais plus qu'à attendre l'heure du départ. Je ne peux pas dire que je lui en ai un jour voulu, de ne pas être venu avec moi, je regrette juste de ne pas avoir pu passer plus de temps avec lui maintenant qu'il est décédé...Vingt ans, ce n'est pas vraiment un âge pour mourir. Enfin bref, c'était il y a environ six mois, lorsque la guerre venait à peine de commencer, je suis presque nostalgique du temps où nos allers et venus n'étaient pas aussi contrôlés qu'actuellement.


Me voilà enfin Genin, si je ne serais pas soupçonné par les autres membres de ma famille d'avoir assassiné mon propre père ainsi que ma soeur, j'aurais sans doute attiré l'attention du clan tout entier et aurais suscité la fierté de mes proches. Bien sûr, devenir aspirant à quinze ans c'est vraiment loin d'être exceptionnel en sachant qu'Izue - ma soeur cadette - a passé avec brio son examen à l'âge de neuf ans. Je ne peux sortir de ma chambre sans me sentir observé désormais, j'ai comme l'impression que mes moindres déplacements à l'intérieur du domaine sont épiés par quelqu'un...Heureusement que personne n'a encore découvert mon secret, la chose que je cache car j'en ai presque honte moi-même. Bref, dans une dix minutes je suis censé me rendre sur la côté Nord de l'archipel, il paraît qu'un bateau m'attend pour me ramener aux monts brumeux, je voue une confiance quasi aveugle envers l'administration du village alors je ne m'inquiète pas trop pour ça.

D'après ce que j'ai compris, je suis supposé aider des médecins à l'hôpital, j'en suis très honoré car sur la lettre reçue, ce serait Ayumi Yunokawa elle-même qui solliciterait des services. Je ne sais pas si j'ai une chance de la croiser car elle doit être très occupée en ce moment, mais j'ai espoir de la voir ne serait-ce qu'une fois aujourd'hui. Bon, je dois avouer que faire le bouche-trou ne m'enchante guère mais voilà, c'est comme ça ! Je commence à marcher, laissant les traces de mes pas dans la neige fraîche, pour rejoindre mon embarcation qui m'attend comme prévu. Je n'adresse pas un mot au type qui est dans le bateau, je ne suis pas vraiment la personne la plus sociable du monde, j'ai quand même dû hériter de certains traits de ce clan composé de sous-merdes et de péteux. Bon, promis je vais essayer d'arrêter de me plaindre...Ah ben voilà, nous sommes déjà arrivé à destination. Je salue respectueusement - mais sans plus - mon "chauffeur" et atteint la rive en faisant un bond, je dois maintenant me rendre à l'hôpital de la brume.

C'est un bâtiment assez imposant, on ne peut vraiment pas le rater ! Je trace mon chemin jusqu'à l'arrivée aux portes où on me demande une pièce d'identité, je présente aussitôt les documents suivis de l'ordre de mission que j'ai reçu. Les gardes me laissent entrer sans faire d'histoire après avoir vu mon bandeau frontal et je suis directement accompagné par un infirmier dans une salle où règne une odeur étrange. J'ai quelques connaissances en matière de médecine mais je vais faire comme si je ne savais rien, après tout je ne suis pas censé m'être approprié des pouvoirs de ma soeur d'une manière barbare et anormale. Je suis les instructions qu'on me donne sans broncher, à commencer par me déshabiller et porter la blouse officielle des médecins du bloc opératoire. Dans les couloirs blancs à devenir fou, je circule en attendant que l'on me demande de faire quelque chose en particulier, je me sens sacrément inutile jusqu'au moment où quelqu'un m'agrippe brutalement le col et me jette des accessoires de nettoyage.

« Toi le nouveau ! Va nettoyer la salle d'opération numéro 5, dans dix minutes les médecins attendent un éclaireur gravement blessé...QU'EST-CE QUE TU ATTENDS ? BOUGE TES FESSES !
- Ou...Oui monsieur. »

Il y a vraiment des gens désagréables ici, je peux comprendre que les médecins soient pressés en vue de ce qui se trame à l'extérieur du village mais tout de même, charcuter les gens tour à tour en si peu de temps, je doute que le travail soit de qualité. Je me dirige à toute allure vers la salle indiquée, je pousse la porte puis la referme avant de constater que cet endroit est vraiment écoeurant...Il n'y a pas vraiment de mot pour exprimer à quel point son apparence est repoussante, il y a du sang partout, au sol quelques organes ou autres bouts de chair jonchent encore. Par chance, mon manque d'humanité me permet de ne pas m'évanouir malgré les odeurs nauséabondes qui envahissent mes narines, je n'ai pas une seconde à perdre, je dois commencer à nettoyer. Je saisis tant bien que mal la serpillère, la plonge dans l'eau froide et nettoie rapidement le par terre, je m'équipe ensuite de gants et ramasse les "déchets" avant de m'attaquer au plus dur : le billard.

De nombreux souvenirs me reviennent à l'esprit au moment où mon chiffon entre en contact avec la plaque métallique où est posé chaque blessé, je me souviens parfaitement de cette nuit là, du corps froid d'Izue...La vision de cet objet me rend malade, mon souffle s'accélère sans que je comprenne réellement pourquoi, je suis complètement absorbé par la tache que j'exécute...Je ne peux plus revenir à moi ! La sueur commence à couler sur mon front, ma main tremble et je suis incapable de continuer mon action. Soudainement, des bruits de pas me font revenir à moi...Les médecins ! Il ne faut pas qu'ils me voient dans cet état là sinon ils vont se poser des questions ! J'oublie de rincer mon matériel et sors rapidement de la pièce équipé de mon seau et du reste de l'équipement. Arrivé dans le couloir, je suis seul une nouvelle fois...Mes jambes ne tiennent plus, je m'adosse lentement contre le mur et me laisse glisser jusqu'à ce que mon fessier touche le sol, c'est fini...

Je m'empresse de ranger tout le barda à l'emplacement prévu et continue de errer dans les couloirs, le visage plus pâle que celui d'un fantôme, les yeux plus vides que le néant, je suis comme indescriptible. Mes pas se font de plus en plus courts, j'aurais dû me douter que mon traumatisme me poursuivra pendant un certain temps encore. Complètement vidé de mes forces, je suis comme une coquille vide, j'existe mais à l'intérieur de moi c'est comme si plus aucune volonté ne m'animait. De temps à autre, je sens une vague de chaleur quand je m'énerve ou quand je crains quelque chose...Mais je ressens ça comme si c'était un corps étranger qui m'habitait, Izue sans doute. Je finis par trouver la cafétéria de l'hôpital, je m'assois à une table vide et observe les gens aller et venir, certains sont tristes, d'autres heureux...C'est difficile à croire mais j'ai du mal à les comprendre, je n'ai plus rien à perdre alors un être de plus ou de moins sur cette terre...Qu'est-ce que ça change pour moi ? Sans que je m'en rende compte, quelqu'un s'était approché de moi, il me fait désormais de l'ombre, je relève la tête, que me veut ce type ?

« Tu es l'assistant engagé par Mademoiselle Yunokawa ?
- Je...Oui monsieur.
- Alors j'ai du travail pour toi, rends-toi dans la salle de préparation et nettoie tous les scalpels sales du bac 6. Quand tu auras fini, il faudra que tu ailles les déposer dans la salle d'opération numéro 2..*soupir* Nous avons vraiment beaucoup de travail en ce moment, si seulement ce Ninja de Suna était venu...
- Je vois...Je ferai de mon mieux, ne vous inquiétez pas ! »

Il faut avouer que je suis pas mal surpris par l'activité de l'hôpital, je ne savais pas qu'autant d'hommes tombaient chaque jour au combat...La guerre vient à peine de commencer. Mais je n'ai pas le temps de m'attrister pour toutes ces familles, ces parents et frères qui perdent un être cher pendant que moi...Non, ce n'est vraiment pas le moment d'en parler ! Je demande mon chemin à un médecin dans le couloir, il m'indique la direction où je dois aller assez aimablement, je n'ai plus qu'à suivre ses indications. J'arrive enfin à la salle de préparation, je constate qu'il y a d'autres assistants dans la pièce, je n'ai pas le droit à l'erreur comme avant, je ne peux me permettre de faire un malaise au milieu de cette salle. Je prends une grande inspiration et referme la porte, je m'avance ensuite vers le bac numéro 6 et regarde son contenu. Une dizaine de scalpels, il faut que je fasse attention car ils ont l'air plutôt tranchants. Je prends toutes les précautions possible et commence à nettoyer, l'odeur du sang n'est pas autant imprégnée qu'avant, je n'ai pas de mal à m'en débarrasser et je ne ressens même pas de dégoût à effectuer cette tache.

Tout est dans l'ordre, j'ai fini de nettoyer puis désinfecter les outils de travail des chirurgiens, je lance un "Sayonara" timide aux autres personnes présentes dans la pièce puis me hâte de partir avec le bac de scalpels sur les bras...Où faut-il que j'aille encore ? Ah oui, la salle d'opération numéro deux, elle ne doit pas être très loin de celle que j'ai dû décrasser avant, je marche lentement afin de ne pas rater ma salle...5...4...3...Ce devrait être ici ! Salle d'opération numéro deux : neurologie. Je reste planté quelques secondes devant la porte, j'entends des grognements à travers cette dernière...Non, ils n'oseraient quand même pas me faire venir alors qu'ils opèrent un patient ?! Pour répondre à ma question, je n'ai pas d'autre choix que de pousser la porte et là...Un douloureux spectacle s'ouvre à moi, les médecins masqués se tournent vers moi alors qu'un corps inerte se tient au milieu de la salle, éclairé par des spots. Ils me font signe d'approcher, mais j'ai peur de perdre contrôle de moi, de me rappeler du moment où j'ai tué ma soeur...Non ! Non je ne veux pas !

Mon coeur rate un battement, je sens que quelqu'un ou quelque chose me pousse à y aller, mes jambes avancent seules comme si ma volonté ne suffisait pas à les arrêter. J'arrive devant le toubib et lui tend les scalpels sans regarder à côté de peur de refaire un malaise. Mes mains tremblent, mais apparemment ils en ont pas fini avec moi, l'un des assistants me donne un masque dans le silence, qu'attendent-ils de moi ? Ne me dites pas que je dois rester avec eux ? Je détourne le visage, je ne veux pas voir cet homme, ça me rappellerait trop de mauvais souvenirs. Ma conscience fait défiler des images dans ma tête, moi entrain d'enfoncer mon sabre dans le corps de ma soeur, moi entrain de ramasser sa dépouille en pleurant, moi qui entame le rituel pour m'emparer de ses habilités en tant que Shinobi. STOP...Je n'ai jamais voulu tout ça, je ne sais même pas pourquoi j'ai fait ça ? Si ce rituel ne m'avait pas rendu insensible à l'extérieur, des larmes auraient sans doute déjà coulé sur mes joues mais ce n'est pas le cas, je reste là...Impassible, j'ai l'impression que le temps ne s'arrête jamais.

« Hé toi aux cheveux blancs ! Tu peux y aller...Oh tu m'entends ? Viens on quitte la salle. »

Cette voix me réveille de mon sommeil éveillé, je bredouille quelques mots incompréhensibles et sors de la pièce en compagnie de l'autre type. Une fois à l'extérieur, nous enlevons nos masques et les jetons dans une poubelle à proximité. Complètement déboussolé cette fois, je m'assois rapidement sur une chaise dans le couloir, je sers les poings...Pourquoi suis-je aussi faible devant ce genre de situation ? Avant de devenir dépendant du pacte, j'étais pourtant un garçon courageux d'après les membres du clan, j'avais tout pour devenir Shinobi...Tout sauf la possibilité d'utiliser mon chakra, même pour faire un saut je ne pouvais concentrer mon énergie dans mes jambes, j'ai découvert plus tard que c'était parce que mes tengutsus étaient bloqués naturellement, une sorte de maladie j'imagine. Le mec qui était sorti en même temps que moi vient alors me voir, lui non plus ne semble pas enchanté d'avoir assisté à cette opération, il m'adresse la parole sans que je ne le lui demande.

« Au fait, je ne me suis pas présenté. Je m'appelle Kenji Sakurai, je ne suis pas d'ici...Je suis venu de Konoha parce qu'on a besoin de renfort ici mais je doute qu'un aspirant de plus ou de moins ça change quelque chose.
- Kazuko Ryuuseigun, je suis aussi un Genin. »

Nos présentations faites, il me sourit comme si on se connaissait depuis des lustres, il me tend ensuite la main après une minute d'hésitation. Je le regarde froidement, je n'ai pas l'habitude de faire ce genre de chose avec un étranger que je connais depuis à peine dix minutes. Je repousse son geste d'amitié en essayant de ne pas le vexer, il baisse alors les yeux. Ce n'est pas grave, il connaîtra bien d'autres déceptions dans sa vie et sans doute bien plus cruelles que celles-ci. Au moment où il se lève, je lui donne quand même quelques explications sur mon geste :

« Dans mon clan, une poignée de main signifie un pacte de non agression entre deux hommes. Or, je ne te connais que depuis quelques minutes, accepter ton geste ne serait d'aucune utilité. Peu importe la raison, un jour nous serons amené à nous battre l'un contre l'autre. »

Il aurait peut-être voulu me dire quelque chose mais une fois ma réplique achevée, l'alarme signalant la fin de mon service sonne. Je me débarrasse rapidement de ma blouse et ne compte plus jamais remettre les pieds ici avant d'être devenu plus stable psychologiquement et pour cela, il me faudra peut-être des années. Une fois en tenue de civil, je me hâte de quitter mon bâtiment d'affectation et me rend sur la côte, je dois une fois de plus attendre mon bateau pour me ramener chez moi. On ne dirait pas mais une journée est passée comme ça, il est cinq heures et demi et le ciel d'hiver est dégagé aujourd'hui. En attendant mon embarcation, assis dans la neige fraîche, j'observe les étoiles qui commencent à conquérir le ciel bleu comme chaque nuit. Aucune étoile n'est tombée pendant mon absence, je suis soulagé.

Analyse : RP de bonne qualité pour un aspirant (+1), il n'y a pas beaucoup de fautes non plus. Le sujet donné est respecté même si quelques libertés ont été prises (+1). Bref, c'est plutôt pas mal pour une première mission.
Expérience : 5+1+1 = 7XP