Et une journée de mission de plus. Une mission certes, mais de rang D. D pour décevant, D pour déprimant, D pour occuper les Chûnins d'Ame qui n'ont pas été assignés dans un camp militaire. Ce matin-là, comme toujours, la pluie était au rendez-vous, signe de la volonté divine de Pain-sama. J'étais dehors, sur le bord du sommet d'une petite tour du centre-ville d'Amegakure no satô, contemplant de haut les civils qui marchaient en nombre réduit. Encore une fois, je m'étais levé tôt. Ma mère et ma sœur étant présente dans notre domaine, je souhaitai rapidemment quitter la demeure du clan pour les éviter. Qui plus est, mon oncle Masamune était toujours en mission au pays de l'océan, et je n'avais par conséquent aucun soutien dans la famille. Livré à moi-même, je m'étais dit qu'il en serait autant si j'allais prendre l'air dans le village. Après avoir déjeuner, j'enfilai mon costume blanc en accord avec ma chevelure pâle, et me débarbouillai le visage avant de quitter en trombe mais en finesse le quartier de la centrale.
Mes pas éclatant des flaques, j'avançai sans avoir tourner une seule fois le dos vers le bâtiment de mon clan, orné d'un symbole de trois marques de griffe rouge représentant l'insigne des Ryūmōseis. De là où j'étais, ils avaient l'air de fourmis, et finalement, même si c'était un effet de la distance, comparé à nous autres ninjas, ils n'étaient véritablement que des fourmis. Les civils n'étaient que de la main d’œuvre, des bouches à nourrir, d'aucune utilité lorsqu'une guerre se profilait. Même lorsque les plus intelligents d'entre eux prônaient la prudence durant les affrontements, aucun d'eux ne connaissait la Vérité. Devant moi, un petit groupe de quelques personnes discutaient de tout et de rien. En les voyant piailler et pouffer de rire, je soupirais. Mais alors que je flânais sous l'averse, une onde de choc se fit entendre au loin, malgré le bruit de la pluie. Presque subitement à l'écoute de ce bruit, j'inclinai ma tête en direction de cette explosion. Tout comme moi, d'autres civils présents en contrebas se retournèrent effrayés devant ce bruit. Leur réaction était pitoyable à mes yeux et dès lors, je me levai et m'étirai afin de me dérouiller de mon vaste manque d'inactivité. Quelques tours plus loin, un bâtiment s'était effondré. La structure, mélange de béton et de pierre, s'était écrasé contre un autre bâtiment, heureusement bien épais, empêchant à son tour l'immeuble de se détruire. Incliné sur la diagonale, la tour qui venait de tomber sur une autre paraissait instable. A cause de sa chute, des gravats se levèrent dans un nuage de poussière brunâtre. Combiné avec la légère brume provoqué par l'humidité de l'air, on ne voyait que le sommet de la tour.
C'est alors qu'un Jônin m'interpella. Son bandeau frontal d'Ame en évidence sur son front, il me fit signe et mon regard se jeta sur lui. D'un air désintéressé, je fus forcé d’accéder à sa requête, puisqu'elle concernait la situation actuelle. Il m'expliqua que malgré la présence de plusieurs ninjas sur le terrain, il fallait encore donner un coup de main. Cet effondrement avait sollicité la participation de Genins, bien entendu, mais aussi de Chûnins et de Jônins. Les tours d'Ame étaient toujours difficiles à maîtriser lors d'un accident de ce genre. L'utilisation du Ninjutsu était même nécessaire. Quant à moi, le Jônin déclara que ma présence était demandé pour venir à la rescousse de trois vieillards coincés dans l'immeuble. Je suivis le Jônin, qui a grand pas avançait en courant. Il m'expliqua que je devais agir en tant que ninja en mission de rang D. En apparence, cela paraissait illusoire, mais lorsque nous arrivâmes suffisamment près du sinistre, je pus comprendre la facilité de ma tâche. Devant nous, une bonne vingtaine de shinobis sécurisant la zone. Trois d'entre utilisaient des techniques Doton afin de stabiliser la structure métallique. Autour, quelques petites habitations qui contrastaient avec les grandes tours situés plus loin vers le centre du village. Des civils fuyaient dans tout les sens, quelques aspirants ninjas les aidant à se diriger dans les bonnes directions. Une ambiance panique planait dans le quartier, cependant les ninjas présents restèrent impassibles. La guerre qui nous attendait n'avait rien à voir avec cet incident mineur. Tout comme eux, je gardais la tête froide. En même temps, je ne connaissais personne parmi les blessés. Avec le Jônin, nous fûmes appelés par un autre Chûnin, qui avait justement demandé des renforts. En gros, c'était à cause de cet homme que j'étais ici.
Un Genin me guida jusqu'à l'endroit où les trois vieillards étaient bloqués. Bondissant d'étages en étages, nous escaladions par l'extérieur la tour métallique jusqu'à arriver au lieu de l'impact avec l'autre immeuble. Un trou s'était formé sur le toit, et nous dûmes passer par là afin de venir en aide aux personnes bloquées ici. Suite à la chute de la tour, un effondrement avait empêché aux civils coincés ici de sortir, obligeant les autorités à envoyer des ninjas pour évacuer l'établissement. Je me séparai deux étages plus bas avec le Genin qui m'avait guidé ici, l'aspirant ninja en question devant s'occuper d'autres personnes immobilisés ici. Avant de partir, il m'avait désigné un couloir blanc où au bout se trouvaient les trois hommes. Trottinant vers l'endroit ciblé, j'entendis effectivement des râles résonner au fond du couloir. Apparemment, les personnes que je devais évacuer étaient blessés. Il fallait donc que je communique un peu - à contrecœur certes mais il fallait le faire - avec eux pour les soutenir moralement.
— Au secouurs... à l'aide... aidez-moi...
— N'ayez craintes monsieur. Je suis justement envoyé ici pour vous sauver, vous et vos camarades.
Mes paroles n'étaient pas chaleureuses, mais j'avais fait de mon mieux. A la base, je ne faisais pas dans le social, mais l'assassinat et l'infiltration. Qu'importe, je me rapprochai de la porte menant à la pièce, et constatant qu'en forçant sur la poignée, je ne pouvais rentrer, je défonçai d'un coup de pied ferme le rectangle de bois. La porte céda sous mon coup, déjà affaiblie par l'incident, et je pus voir dans l'ombre trois silhouettes. Enseveli sous quelques gravats, et sous une poutre pour un autre, les trois vieux étaient là. Sortant un à un les personnes âgées, je dus user de ma force pour dégager le dernier de la poutre en métal qui le retenait scotché au sol. Ils me remercièrent suite à mon geste, déclarant aller bien. A part quelques blessures superficielles, et quelques fractures sans importance pour des vieux de leur gabarit trapu et sénile, que la mort emporterait d'ici une dizaine d'année, ils n'avaient rien de grave. J'escortai ensuite les trois hommes âgées le long du couloir, puis vers la sortie provisoire qui se situait au niveau du toit. Assisté d'un autre Chûnin, nous évacuâmes pour de bon les ancêtres. Le ninja de classe moyenne me donnant la main pour m'aider à sortir également, un pressentiment me força à rester sur les lieux du sinistre. Je refusai son appui, et redescendit un étage plus bas.
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Lorsque j'entendis des pleurs au loin, mon doute fut réellement fondé. J'avais eu l'impression de laisser quelqu'un dans cet endroit délabré, où personne ne venait pour voir s'il restait ou non des victimes. Bonté, altruisme, ces qualificatifs ne pouvaient m'être attribué malgré cette pensée pour une éventuelle victime restée coincée sans que personne ne le sache. J'étais sur place, autant bien faire mon boulot, quitte à faire des sauvetages supplémentaires. De toute façon, si je n'avais pas eu cette mission, je n'aurais rien fait d'autre, rien qui soit utile pouvant contribuer à Amegakure no satô. Dans une vaste salle, où le plafond s'était écroulée dans la pièce, je fouillai, puis me guidai à l'aide des braillements. Comme un gamin jouant à ça chauffe - ça refroidit, je m'aventurai dans la vaste salle à la recherche du pleurnichard.
Écartant quelques décombres sur le côté, me frayant un chemin à travers les poutres effondrées, il me semblait l'impression de chercher en vain cette victime. Peut-être n'avais-je entendu qu'un faible pleurant à l'agonie, ou alors était-ce tout simplement une illusion. Mais en entendant une nouvelle fois les cris et les pleurs de la personne, mon sang ne fit qu'un tour. Guidé par cet énième appel de détresse, je souleva une plaque de pierre avant de tomber sur l'heureux gagnant: un nourrisson. Le nouveau-né était enroulé dans des draps blancs légèrement salis par la chute du plafond. En récupérant le bébé, je tombai sur une découverte macabre: sa mère qui jusqu'à présent le tenait sur son torse était morte. Elle n'avait pas survécu à l'accident, et devait avoir très certainement mis en péril sa vie, pour sauver celle de son rejeton. Sans état d'âme, j’embarquai l'enfant avec moi et quittai au plus vite l'immeuble.
Si le bébé reposait contre mon torse, ce n'était pas pour chercher la chaleur humaine; mon corps rigide était habitué à la fraîcheur de la pluie et de ce fait, était également froid. Au contraire, je tenais le mioche ainsi pour éviter qu'il ne tombe. En effet, j'étais arrivé au sommet de la structure. Le même Chûnin de tout à l'heure m'avait attendu, et je lui confiai l'enfant quelques instants, histoire de pouvoir grimper à la surface. Une fois à l'air libre, je repris le bambin dans mes bras et redescendit tout en bas dehors. De là, je confiai l'enfant au Jônin qui était chargé de commander la zone. En lui donnant le bébé, ma mission pouvait s'arrêter là. Mais auparavant, je fus forcé de devoir déclarer cette phrase type qui n'annonce jamais rien de véritablement bon:
— Je vous confie ce gosse. Je l'ai trouvé dans les décombres, après avoir accompli la mission qui m'avait été attribué. Quand je l'ai récupéré, sa mère était déjà morte.
Après quoi, je quittai les lieux de la mission, la zone étant totalement hors de danger, la tour métallique ayant été séparé quelques minutes après mon départ hors d'atteinte. Inutile pour aujourd'hui de faire un rapport, car sinon la Grande Tour serait surchargé. Cela tombait bien, car cette mission ne m'avait pas vraiment donné envie de devoir décrire le sauvetage supplémentaire du bambin. J'imaginais déjà ma famille en train de rire, me prenant pour un samaritain. 
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