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La pluie s'abattait encore et toujours sur le village caché d'AmeGakure No Satô, preuve que le dieu d'Ame n'avait pas quitté le village. N'étaient-ils pas en guerre ? N'était-il pas censé rétablir la paix et l'ordre ? Certes, il ignorait royalement les enjeux et les objectifs de son village dans cette guerre, mais il se demandait pendant combien de temps dureraient ces hostilités. Un air morose prit place sur son visage juvénile tandis qu'il attendait patiemment son collègue - et maître par la même occasion -, abrité de la pluie par l'une des hautes tour de fer composant essentiellement le village caché. Il avait hâte que Shintô arrive, il profiterait de cette mission pour tenter de lui parler de sa dernière mission et du Genin qu'il avait capturé. Il se sentait bizarre, depuis cette rencontre. Peut-être devait-il simplement parler pour que ce sentiment disparaisse et qu'il retrouve sa joie de vivre habituelle, mais il n'en savait absolument rien. L'albinos avait besoin de savoir ce que son maître pensait de lui, s'il était réellement devenu une abomination sur la voie d'une machine de guerre, chose qu'il se refusait d'être pour la simple et bonne raison qu'il ne voulait pas perdre la part d'humanité qu'il lui restait après avoir commis ce meurtre.

Certes, il savait que les sacrifices étaient utiles et presque inévitables en temps de guerre, mais lui voulait être un shinobi qui sauve des gens, pas qui les tue. Peu importe ce qu'on lui dirait, il ne changerait pas d'avis. Mais toutes ces missions le détruisaient peu à peu, bientôt il serait une épave qui ne ferait qu'obéir stupidement aux ordres qu'on lui donne. Il déplia à nouveau l'ordre de mission qu'on lui avait donné et qui indiquait clairement qu'il fallait torturer un ninja traître. Il savait pertinemment qu'il serait impossible de refuser, qu'il allait devoir soutirer des informations à un homme en le faisait souffrir pour une chose si futile que des renseignements ... Il faillit lâcher quelques larmes lorsqu'il se revit en train de tuer les pauvres gens qui lui avait valu la haine des habitants du village caché des feuilles, même si lui et Shintô-kun avaient effacé toutes les traces en brûlant toute la zone. Le sang qui giclait, l'odeur métallique et âcre de l'hémoglobine se dispersant dans l'air ... C'en était trop, le jeune adolescent se prit la tête entre ses deux paumes et tenta de faire le vide dans son esprit, sans y parvenir, malheureusement pour lui.

Naetle ne pût s'en empêcher, quelques larmes s'échappèrent et coulèrent le long de ses joues, rejoignant le sol déjà trempé. Il renifla un coup avant de glisser au sol, l'air misérable. Entourant ses genoux de ses bras, le front posé dessus et le dos contre l'un des murs du bâtiment, il laissa les larmes couler et sécher, priant le Dieu du village pour que Shintô n'arrive pas et ne le trouve pas là, encore plus minable qu'il ne l'était. Il se surprit à croire en Pain, apparemment il avait définitivement abandonné la Volonté du Feu au profit de la Pluie, ce qui en soi n'était pas vraiment étonnant puisqu'il vivant depuis maintenant plus de six mois à AmeGakure, il fallait bien qu'il remplace cette croyance par une autre, même si ce Dieu ne faisait pas vraiment autre chose que rester enfermé dans sa tour de métal ... Enfin, il ne pouvait pas juger Pain-kami puisqu'il ignorait tout de lui, en fait. Un jour, il demandera à son maître de lui en parler ... Quand il serait là, bien entendu.

Au beau milieu de cette journée pluvieuse dans le petit village caché de la pluie, un garçon abordant la quinzaine d’années humait le doux parfum des gouttes de pluie s’écrasant une à une sur le sol d’ores et déjà humide. Perché sur son balcon dans les quartiers supérieurs d’Ame Gakure no Satô, le jeune homme observait tous les habitants marcher à leur rythme dans les sombres ruelles, fermant de temps à autre les yeux lorsqu’un crime se déroulait devant lui. De toute manière, les malfrats finissaient toujours par être libérés dans ce pays, ils composaient à eux seuls une majeure partie de la population et de l’armée elle-même. Alors, ce n’allait certainement pas être un pion comme lui qui allait faire tomber la décision du Dieu du village caché de la pluie, il ne lui rester plus qu’une dernière solution : suivre la troupe, il n’avait guère le choix de toute manière. Mais au moment où il s’y attendait le moins, un Ninja fit irruption derrière lui, il portait la tenue règlementaire pour un de rang supérieur ainsi que des lunettes de vue, ses traits laissaient penser qu’il était une personne très autoritaire et stricte. Ce dernier s’avança vers notre protagoniste et lui délivra un ordre de mission et lui déclara, tel un automate les dernières instructions qui ne figuraient pas dans le dossier, cependant malgré le fait qu’ils étaient « frères d’armes et de patrie », le Jônin lui adressa la parole comme s’il n’était qu’un vulgaire chien errant, aucune émotion ne passait à travers sa voix :

« Tu seras accompagné d’un de tes élèves, j’ai oublié son nom mais il semble qu’il s’agisse d’un Genin aux longs cheveux blancs avec un petit air androgyne. Les autorités ne m’ont pas communiqué son adresse mais j’imagine que tu sais où il se trouve, Ame compte sur toi gamin. »

Et sans en dire plus, il disparut en une fraction de seconde dans un nuage de fumée blanche, le laissant seul avec son ordre de mission qu’il s’empressa de dérouler bien qu’il ne fut pas pressé d’effectuer une quelconque autre mission avec Naetle. Il fallait avouer qu’à chaque fois qu’il le croisait, c’était synonyme de malheur et cette fois-ci, rien n’allait faire exception à la règle. Le Ninja de classe moyenne fut sceptique à l’idée de torturer un ancien compagnon ou plutôt allié bien qu’il eut enfreint le règlement de l’alliance des ténèbres et qu’il eut tenté de livrer des informations à l’ennemi au sujet de ce dernier. Et surtout des plans qu’avait la fameuse alliance entre le pays de la foudre, le pays de la pluie et l’organisation de la lune rouge. Mais il n’était plus réellement temps de songer à tous ces détails, la mission lui avait été assignée et on ne lui avait pas demandé s’il était consentant ou non. Il devait maintenant aller chercher son élève pour qu’ils se rendent ensemble à la grande tour de métal dans le but d’effectuer cet ordre du grand Dieu d’Ame. Shintô ne savait pas non plus où logeait son jeune camarade, il ne lui restait plus qu’une dernière chance, qu’il soit allé s’entraîner, si ce n’était pas le cas, il serait dans l’obligation de demander aux passants, ce qui lui déplaisait fortement en vue du ton antipathique qu’ils utilisaient régulièrement avec lui.

Sans attendre une seule seconde de plus, notre jeune héros enjamba la balustrade et sauta dans les ruelles lugubres du village caché de la pluie dans l’intention de partir à la recherche de son compagnon d’arme. Il parcourut toutes les rues susceptibles d’attirer l’attention de l’albinos mais visiblement, il n’était pas sorti de chez lui. Il dû donc se résoudre à faire appel à l’aide de la population, dès qu’il le put, il aborda n’importe quel passant du vieux borgne au bossu mendiant mais les première tentatives ne relevèrent aucun succès, heureusement un homme approchant de la quarantaine était quasiment sûr de savoir où se trouvait un jeune homme qui répondait à la description physique donnée. Heureux d’avoir fini par trouver quelqu’un qui puisse répondre à ses attentes, le dernier survivant du clan maudit des Hôtobi lui demanda où il l’avait aperçu la dernière fois. Prenant un air de savant entrain de réfléchir à une quelconque formule, il fini par lui répondre malgré les trous de mémoire :

« Si je me rappelle bien il marchait avec difficulté vers les tour métalliques puis s’est arrêté devant celle-ci là bas, ses vêtements étaient légèrement tachetés de sang frais et il avait l’air dépité. »

L’homme avait pointé du doigt une tour de taille moyenne et à l’apparence dégradée, les fenêtres du premier étage semblaient rouillées et de la mousse avait d’ores et déjà poussée le long des orifices. Remerciant son interlocuteur en s’inclinant légèrement, il courut à la vitesse grand V vers la fameuse tour indiquée par ce dernier. Shintô souffla sur les cases métalliques qui servaient de boîte aux lettres des résidents de ces appartements, après une grosse couche de poussière enlevée, il aperçut effectivement – sur un bout de papier – le nom de son équipier grossièrement griffonné et d’après les informations qu’il détenait grâce à un petit plan accroché près de la grande porte d’entrée, le blandinet résidait au premier étage. Après avoir regardé où il se trouvait exactement, l’adolescent se mit en route et passa à travers la porte en verre brisée et monta les escaliers crasseux quatre à quatre. Arrivé devant la porte de l’appartement de l’aspirant Ninja, notre protagoniste saisit un petit bout de fer et l'enfonça dans la serrure de la porte qui se trouvait face à lui. Après avoir tourné quelques petits tours à l'intérieur, un petit clic se fit entendre et ce fut sans surprise que la porte s'ouvrit, laissant face à lui un spectacle plus que désolant, le garçon censé accomplir sa mission avec lui était entrain de pleurer à chaudes larmes pour on ne savait quelle raison. Fronçant les sourcils, le dernier survivant du clan maudit de la pluie ne sut pas si son disciple avait remarqué sa présence, pour lui la faire remarquer, il se racla bruyamment la gorge et lui adressa froidement la parole, de manière à paraître insensible à sa situation. Il n’avait pas le droit, en tant que Shinobi de classe moyenne, de laisser transparaître la moindre émotion et encore moins de se montrer compatissant avec un individu plus faible que lui. Son rôle d’instituteur était au contraire, de lui apprendre à être fort et non de jouer son jeu, s’il lui posera une question plus tard, il y répondra mais en tant que Senseï et non en tant qu’être humain :

« Prépare toi, nous avons une mission à effectuer aujourd’hui, c’est encore du rang A. Je t’attends au palier, dépêche toi, Ame a besoin de nous. »

Sec et froid, c’était ainsi qu’il voulait paraître et être, il ne voulait plus être l’esclave de la haine et de la douleur, il voulait forger son propre caractère et s’immuniser contre la souffrance. Il avait eu son lot d’afflictions dans sa courte vie, c’était désormais à lui de faire sentir aux autres qui était le dernier descendant du clan Hôtobi et qu’il était fier de porter son nom malgré l’anéantissement total de ses membres…Tous sauf lui. L’Aikaze ne savait rien de ce passé désastreux et n’avait pas à connaître le moindre fragment de ses antécédents, il devait se contenter d’une relation purement platonique et d’un duo efficace. Pour faire concorder ses paroles à ses agissements, le jeune homme tourna les talons et se rendit au premier palier. Lorsque son interlocuteur fut fin prêt, l’adolescent lui ordonna avec le même ton que précédemment :

« Nous allons nous rendre à la grande tour de métal, notre mission consiste à torturer un traître à l’alliance des ténèbres – celle qui nous unit à l’Akatsuki et Kumo – pour lui faire cracher quelques informations au sujet du pays de la foudre. Nous devrons peut-être aller jusqu’à le tuer, j’espère que tu es prêt. »

Il acheva son discours ainsi, sans la moindre trace de sympathie avant de descendre les escaliers sales pour se rendre dehors et marcher sous la pluie battante, éclaboussant de temps à autre quelques enfants en marchant à un rythme régulier dans les flaques d’eau…

« Prépare toi, nous avons une mission à effectuer aujourd’hui, c’est encore du rang B. Je t’attends au palier, dépêche toi, Ame a besoin de nous. »

Un raclement de gorge le fit relever la tête, surpris oui, il l'était. Son visage prit une teinte rougeâtre qu'il cacha par un mouvement de bras destiné à sécher ses larmes, Naetle était très gêné par l'apparition si soudaine de son maître qu'il croyait déjà arrivé au lieu de rendez-vous — la Grand Tour de Métal. Son ton froid acheva le jeune homme, qui se demandait parfois si l'Hôtobi avait vraiment un coeur. Certes, il était attendu d'un Shinobi qu'il ne montre aucune émotion, mais quand même ... Un peu de compassion aurait été la bienvenue. Il renifla un bon coup avant de finalement décider de se lever, suite au départ de son maître de la pièce. Il entreprit d'utiliser quelques mouchoirs avant d'aller rapidement se laver le visage à l'eau froide. Le robinet grinça fortement lorsque l'albinos le tourna, ce dernier l'ignora et s'aspergea brièvement. Il jeta un coup d'oeil au miroir brisé accroché sur le mur et s'aperçut qu'il avait bien mauvaise mine depuis quelques jours. Des cernes profondes et noires bordaient ses yeux et il tremblait quelque peu. Jamais il ne s'était vu ainsi, et son propre reflet l'étonna. Le Genin secoua la tête, se disant que Shintô devait trouver le temps long.

Naetle vérifia rapidement qu'il n'avait rien oublié — Bandeau frontal, arsenal de mission —, tout était là. Il sortit de sa bien modeste demeure, la ferma à clé derrière lui et tourna sa tête de dépravé vers Shishou, presque comme s'il s'attendait à recevoir une leçon de morale ... Qu'il ne reçut pas. Tout ce que le jeune ninja prononça fût en rapport avec la mission en cours. Il espérait que son élève serait prêt à torturer, tuer, mais au fond il devait bien savoir qu'il ne l'était pas. Tuer le répugnait, faisait de lui un monstre, chose qu'il se refusait d'être à tout point de vue. Le blandinet déglutit avec difficulté avant de prononcer un 'oui' faible et hésitant. Il était possible que le plus jeune ne l'ait pas entendu, quoi qu'il en soit il tourna les talons et dévala les escaliers menant au dehors avant de commencer à marcher, sans même l'attendre. Nae' le rattrapa en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire et calqua son rythme sur le sien mais gardant cependant une certaine distance. Le ton froid qu'il avait pris pour lui parler lui paraissant menaçant, qu'avait donc subi cet adolescent pour qu'il soit comme cela ?

Tout en élaborant des théories les plus farfelues les unes que les autres — Enfin, essayant —, l'albinos ne vit pas la jambe tendue d'un sale garnement et trébucha dessus, s'étalant lamentablement dans une flaque d'eau. Il n'eût pas le temps de se retourner que déjà, il se retrouva plaqué face contre terre par le sale gosse qui, d'après les mains qu'il sentait sur différentes parties de son corps, le fouillait. Dans un accès de colère — qui étaient vraiment peu fréquent, voire même pratiquement inexistant ! —, le Genin se releva d'un bond, saisit le môme de dix ans à la gorge et l'envoya contre le mur, prêt à lui ôter la vie. Naetle pouvait sentir son coeur battre fort contre sa cage thoracique, Shintô pouvait voir la rougeur de son visage et le gosse pouvait sentir sa respiration rapide et saccadée. Peur ? Oui, le pauvre enfant était effrayé d'avoir en face de lui un adolescent de quinze ans qui était capable de le tuer d'une simple pression des doigts. Tout à coup, le Shinobi aux cheveux de neige lâcha sa prise qui s'enfuit sans demander son reste, une lueur apeuré dans le regard. Il resta un moment là, son regard semblant soudainement hypnotisé par le mur. Il venait tout juste de comprendre ce qu'il venait de faire, c'est alors qu'il comprit que jamais il ne pourrait redevenir comme avant, redevenir un innocent petit Genin sortant fraîchement de l'académie. Il frappa le métal de ses poings et lâcha une complainte déchirante qui se perdit dans la pluie ...

Pauvre petit imbécile. Tu t'imaginais encore dans ton village de paysans, à effectuer des missions sans intérêt ? Apprends à grandir et à vivre avec ton temps, tu vis et sers un village allié à Akatsuki, tu t'attendais à quoi ? Car au fond de toi, tu sais que ...

— La réalité m'a rattrapé, je suis tellement médiocre que j'en ai pleuré. »

Contre toute attente, le blandinet lâcha un rire guttural, comme pour rire de sa stupidité qui l'avait à présent perdu. Devenu fou ? Peut-être ... Ou peut-être pas. Après tout, peut-on dire d'un homme qui prends seulement conscience de ce qu'il est réellement qu'il est devenu fou ?

« Bon alors Shishou ... On y va ? »

(Phrase en italique sous le © divin ! :p)

Alors qu’ils approchaient lentement de leur objectif après avoir quitté l’appartement insalubre de l’albinos, notre protagoniste marchait à rythme régulier dans les flaques d’eau qui étaient omniprésentes dans les ruelles du village caché de la pluie. Les mains dans les poches, le vent lui fouettant doucement le visage, il ne remarqua pas au début que son élève avait trébuché jusqu’à ce que des cris vinrent l’alerter, apparemment la cause de sa chute était cet enfant espiègle qui après avoir reçu une bonne leçon de morale de la part du disciple de notre jeune héros, s’était lâchement enfui. Enfin, leçon de morale, il l’avait plutôt menacé avec les grands moyens, le plaquant contre une paroi métallique. Le dernier des Hôtobi n’avait pas réagit, s’il l’avait tué, il aurait été tout aussi indifférent, maintenant pour lui, plus rien de comptait pas même sa vie alors celle des autres, elle était plus qu’optionnelle, si Naetle n’existerait pas ou s’il venait à périr lors d’une mission, Shintô n’éprouverait rien si ce n’était que du soulagement, derrière son torse il n’y avait rien, juste un cœur sec qui peinait à battre pour la survie. La moindre émotion lui était étrangère, c’était ainsi qu’il fut formé et qu’il avait décidé d’être depuis qu’il avait quitté Mizoe au pays de la neige, si plus rien ne pouvait les réunir, alors sa seule raison de vivre s’était envolée.

Il ne prêta aucune attention à ce que fit l’Aikaze alors qu’il venait de frapper du métal d’un poing ferme, au contraire, il s’était déjà retourné, prêt à prendre la route lorsque son élève lui demanda s’ils y allaient enfin. Sans ouvrir la bouche, l’adolescent hocha la tête en signe d’approbation avant de reprendre le trajet jusqu’à la grande tour de métal où ils reçurent un accueil chaleureux comme d’habitude…Non c’était une blague, tous les soldats et gardes les regardèrent de haut au moment où ils franchirent le seuil qui les séparait de l’extérieur. Le survivant du clan maudit d’Ame Gakure no Satô n’attendit pas son disciple pour s’engouffrer à l’intérieur de l’endroit lugubre éclairé par l’unique lumière produite par quelques vieilles bougies. Les lieux étaient comme à l’accoutumée miteux et sales, peut-être qu’un Genin devrait passer pas ici histoire de nettoyer la tonne de crasse qui s’était accumulée depuis les années. Lorsqu’il arriva devant le bureau des missions, il toqua trois fois avant de rentrer lui-même dans la pièce. À l’intérieur, il y trouva un Ninja de niveau supérieur, ce dernier se tenait debout mais à l’œil nu, on pouvait distinguer plusieurs blessures qui l’empêchaient d’effectuer le travail d’un Shinobi normal, de ce fait, il devait s’être lancé dans la torture et la criminologie dans le but de servir au mieux sa patrie.

Face à lui se trouvait un homme dont les balafres étaient encore ensanglantés, sur ses bras, les cicatrices ne se comptaient même plus sur les doigts de la main, son torse étaient manifestement brûlé, ses yeux étaient ternes, fatigués et dénués de toute émotion. Toute cette souffrance pour au final, délivrer son secret avant de mourir, quel gâchis songeait le jeune homme en s’approchant de la victime ainsi que de son supérieur. Ce dernier se tourna vers le duo avant de déclarer d’un ton las :

« Ah, vous êtes la relève, j’espère que vous arriverez à lui faire cracher le morceau car nous savons pertinemment qu’il nous cache quelque chose. Aucune pitié avec lui, les instruments de torture se trouvent à ma droite. »

D’un revers de main, il leur montra les objets avec lesquels il avait torturé le captif, d’un seul coup d’œil, notre protagoniste put facilement apercevoir un kunaï tâché de sang, ses pupilles se tournèrent vers la victime, ses mains étaient en effet trouées. Réprimant une expression de dégoût, l’Hôtobi tentait de paraître naturel et indifférent devant le Jônin cependant, il se demandait quelle avait été la réaction de Naetle vis-à-vis de cette boucherie, en vue de ce qu’il avait fait avant avec l’enfant, il n’avait pas l’air d’être quelqu’un qui arrivait à facilement se contenir. Tandis que le balafré expert en torture quittait la salle d’un pas traînant, l’adolescent se retrouva face à cet homme…Cet être humain qu’il ne connaissait pas…Cette chose qui le regardait d’un air suppliant avant de murmurer de ses dernières forces :

« S’il vous plaît, tuez moi, faites ce que vous voulez mais ne me faites plus souffrir, cela fait deux jours que l’on me…. »
« Silence ! »

L’avait férocement interrompu le garçon en lui saisissant d’une seule main, une poignée de cheveux qu’il tira alors que le Chûnin des nuages hurla de douleur. Attaché à sa chaise, il ne pouvait pas bouger et encore moins riposter, c’était un peu lâche puisque de toute manière, comme il était amoché maintenant, il était impossible qu’il tienne debout. Bien qu’il ne voulu pas en arriver là, le Ninja de moyenne classe colla son front à celui de son interlocuteur, lui faisant bien ressentir que lui non plus ne plaisantait pas et qu’il n’était pas un Shinobi de la pluie pour rien. Il voulait que tout se finisse le plus rapidement possible, Shintô n’aimait guère faire languir les gens et encore moins les faire souffrir. Il savait que ça faisait mal physiquement mais au fond de son cœur complètement sec, il savait également que lui-même avait enduré plus que sa victime car les douleurs psychologiques sont et resteront à jamais, celles impossibles à guérir. Alors qu’il était entrain de réfléchir à un plan pour que le torturé ouvre enfin sa bouche, il aboya à son équipier :

« Fais lui mal pendant que je pose les questions, lacère lui les bras, le dos et le torse jusqu’à ce qu’il dise ce à quoi nos généraux s’attendent. »

Prenant en compte que son élève avait certainement suivi ses instructions, il se retourna vers son interlocuteur, le regard vide, un visage complètement inexpressif avant de lui demander froidement pour la première fois depuis son arrivée dans la salle :

« Dites moi, tout ce que vous savez sur le Raïkage… »
« Je ne dirais rien, je ne trahirais jamais Onizuka-sama ! »
« C’est ce que l’on va voir…Aikaze, passe aux grands moyens… »

La pluie battait fort sur les carreaux de la salle de torture et chaque goutte qui s'écrasait sur les vitres faisaient penser à Shintô que chacune était une larme, celle qui symbolise rêves et espoirs brisés...

Une coquille vide. Voilà ce qu'était devenu l'Amejin. Il lui sembla qu'il ne ressentait plus rien et se laissait guider par le Maître jusqu'à la grande tour de métal. Il ne prêta aucune attention au garde, ni à ce qu'il dit. Après tout, qui s'en soucie ? Ils n'étaient là que pour une chose, rien d'autre. Les ordres sont les ordres. Point, à la ligne. Cependant, lorsqu'il daigna lever les yeux, ce fût une toute autre histoire. Pour le jeune adolescent, la pièce entière semblait couverte d'hémoglobine, à tel point que c'en semblait écoeurant. Un homme, la 'cible' de leur mission, gisait sur sa chaise, suppliant Shintô de le tuer. Monde cruel. Le Maître refusa, lui tirant une poignée de cheveux et donnant ses ordres au Genin.

« Fais lui mal pendant que je pose les questions, lacère lui les bras, le dos et le torse jusqu’à ce qu’il dise ce à quoi nos généraux s’attendent. »

L'idée de torturer lui-même le Chûnin de Kumo le répugna au plus haut point, lui pensait que ce serait Shishou qui ferait tout le travail ... A croire qu'il s'était trompé. Avec un haut-le-coeur, il se dirigea vers la table où reposaient les instruments de torture et en saisit un au hasard, tout en déviant son regard. Il pointa son kunaï à trois lames d'une main tremblotante en direction du dos du shinobi, tout en priant pour qu'un évènement quelconque vienne troubler la séance de torture. Quelques secondes plus tard, il dût se résigner à abattre son arme sur l'homme, ne se risquant pas à paraître encore plus réticent et faible qu'il ne l'était déjà aux yeux du Hôtobi. Le sang gicla deux, trois fois avant que le torturé ne lâche une phrase.

« Je ne dirais rien, je ne trahirais jamais Onizuka-sama ! »

Et, bien évidemment, le maître, en tant que parfait sadique, lui ordonna d'employer les grands moyens. Et lui, à part poser des questions, il faisait quoi, hein ? Naetle trouvait cela parfaitement injuste, après tout c'était lui qui se coltinait le sale boulot. Enfin ... ça aurait pu être pire, soyons franc. Il prit son courage à deux mains — s'apercevant par la même occasion que c'était un vrai bisounours qui pensait que tout le monde il est gentil — et empoigna une machine assez imposante qui traînait dans un coin. C'était une sorte de boîte en métal avec un mécanisme assez complexe. Au centre se trouvaient un emplacement pour une main et une grosse plaque de métal. Le tout était lourd, et l'albinos dut utiliser la force de ses deux bras pour le hisser sur une pile de bouquins qu'il avait été cherché auprès des gardes - à croire qu'ils n'avaient que ça à faire, franchement cela faisait très professionnel. Le dernier des Hôtobi devait se demander ce qu'il fabriquait, mais peu importe. Une fois à la bonne hauteur, Nae saisit le bras du prisonnier et l'engouffra dans la machine infernale. Un très léger et perceptible 'désolé' lui échappa, alors qu'il savait pertinemment qu'il n'aurait pas dû, et expliqua son fonctionnement aux deux hommes.

« Si votre langue se ne délie pas, j'actionnerais le mécanisme qui vous broiera la main petit à petit. Ce sera une agonie horrible et affreusement longue. »

Il avait parlé mécaniquement, plus vite ce serait dit et plus vite ce serait fini. Afin de confirmer ses dires, il bascula un levier et le Chûnin pouvait dès à présent sentir une pression sur le dos de sa main. Histoire de continuer sur sa lancée, le jeune garçon plaça le même genre de dispositif au niveau du pied du prisonnier. S'il ne parlait pas, ce ne serait pas une pied ou une main qu'il perdrait, mais un bras ou même une jambe ... Après tout, une fois qu'on a commencé, autant terminer. Le Genin pointa un doigt en direction d'une hache reposant contre le mur, ainsi il était prévenu.

Une fois que Shintô eût fini de poser ses questions, le blandinet finit d'achever les deux membres du Kumojin (avec un certain dégoût, il faut dire) et se saisit de l'outil précédemment montré. Après tout, Shintô-senseï avait bien dit de passer aux grands moyens.

On pourrait presque se demander si l'albinos n'avait pas fini par ressentir du plaisir à torturer le jeune Ninja qui se trouvait sur le siège d'ores et déjà tâché de sang. Au final, il avait vraiment usé des grands moyens, il y était allé bien plus fort que notre protagoniste ne l'avait imaginé. Au moment où le garçon aux cheveux blancs comme la neige charcutait leur interlocuteur, l'adolescent détourna un peu les yeux avant de retourner à la réalité, il lui faisait réellement pitié, cet homme qui protégeait les secrets de sa patrie, il éprouvait à la fois de la compassion, de la pitié mais également de l'admiration. En effet, lui-même ne savait pas s'il en aurait fait autant pour Ame Gakure, après tout, ce village ne l'avait jamais considéré comme étant un habitant à part entière du pays de la pluie, du moins, c'était ce que les villageois lui faisait ressentir. Jamais dans sa vie, il n'avait éprouvé d'affection pour quelqu'un émergeant de ces lieux maudits, pire même, il ne s'était jamais véritablement lié à quelqu'un de ce trou maudit si ce n'était que rapidement sur le champ de bataille, alors qu'il risquait une fois parmi tant d'autres sa vie...

Ce n'était qu'une simple journée banale mais qui a presque changé sa vie, sa vision des choses, jamais il ne pourra assez les remercier, ces deux garçons légèrement plus âgés que lui...Ils se nommaient Kid et Keisho. Au début, il s'était de suite mis sur ses gardes, il avait préféré rester distant vis à vis d'eux, il ne voulait pas s'introduire dans leur vie privée. Et pourtant, à la toute fin, alors qu'ils rentraient d'un pas lent vers le village caché de la pluie, ensanglantés et totalement épuisés, ils ne pouvaient s'empêcher de sourire, de plus, notre protagoniste dû reconnaître pour la première fois de sa courte vie qu'il s'était fourvoyé, en aucun cas, les deux guerriers qui l'avaient accompagné n'étaient ces boulets qu'il s'était imaginé. Depuis ce temps, le dernier des Hôtobi avait adopté une attitude plus calme et posée. Il n'était plus l'arrogant jeune homme qui dévalait à grande vitesse les escaliers rouillés de la grande tour de métal, il n'était plus cet enfant en quête de reconnaissance, d'amour. Cette l'expérience l'avait véritablement changé, il s'était rendu à quel point il était minable, médiocre et il avait pris connaissance de ses points faibles.

Depuis, il avait versé de nombreuses larmes sans en ressentir la moindre honte et bien que maintenant, plus dur qu'il ne l'a jamais été, le liquide salé ne puisse plus couler de ses yeux humides. Voilà pourquoi désormais, il regarda son interlocuteur droit dans les yeux sans ciller, alors que ce dernier implorait sa clémence en hurlant de douleur. Fronçant quelque peu les sourcils, Shintô tenta de lui faire comprendre qu'il n'avait guère le choix, à cet instant là, le Shinobi baissa la tête et marmonna quelques paroles à peine audibles pour une oreille humaine cependant, il se mit à le répéter plusieurs fois et ce, de plus en plus fort. Alors qu'il avait entreprit l'interrogatoire, l'adolescent fut surpris par une puissance étrangère...un chakra terrifiant qui émanait du corps du soumis. C'est alors qu'il releva la tête, le Chûnin put alors apercevoir un visage déformé par la haine, des traits durcis, des marques étranges avançant rapidement sur sa face. Alors c'était ça la fameuse marque sous-entendue par l'ordre de mission...Bien, il allait falloir se battre maintenant, comme si l'on avait pas assez de problèmes comme ça.

Les blessures du captif se refermèrent progressivement tandis que ce dernier laissa libre court à sa rage, il dégagea une aura tellement puissante que même les protections autour du prisonniers ne suffirent pas à le contenir. Dans ses yeux, on lisait de la douleur mais également de la fureur, il était perdu entre les deux. Le Ninja de moyenne classe du pays de la pluie savait à quel point cette étape était douloureuse, il était lui-même passé à travers ce genre de chemins sinueux et ce devait être encore plus monstrueux si le mal était prodigué par une source étrangère à notre propre corps. Se serait-il réduit à éprouver de la compassion envers un adversaire ? Ce n'était vraiment pas le moment songea t-il en se mordant la lèvre inférieure ! Il fallait qu'il résiste à cette tentation de redevenir un humain...De redevenir faible...Et pour se prouver à lui même qu'il ne devait pas céder aux caprices de son coeur presque totalement brisé, il se résolut à montrer à Naetle que contrairement à lui, il n'hésitait pas à faire mal. D'un geste vif, il sortit un kunaï de son étui et s'élança à grande vitesse sur le corps comateux du captif, le véritable combat allait commencer ! Avant d'asséner un premier coup à son opposant, le guerrier de la pluie lança froidement à son interlocuteur :

« Je te le répète une dernière fois avant de véritablement lancer l’offensive…Pourquoi as-tu tenté de d’échapper et pourquoi en es-tu arrivé à te retrouver face à moi ? »

Au même moment, on ne put s'empêcher de penser que "la bête" avait compris, il s'arrêta un instant avant de foncer à son tour vers Shintô qui n'hésita pas à le repousser d'un violent coup de pied dans le crâne. Tandis que le dernier des Hôtobi haletait, un genou à terre, son adversaire avait atterrit de l'autre côté de la salle de torture, on ne pouvait pas encore distinguer son ombre dans le nuage de fumée que sa chute avait crée cependant, il savait que désormais, il n'allait plus retenir ses coups. Le poing droit fermé, notre protagoniste attendait son ennemi de pied ferme, il fallait qu'il ne laisse aucune marque de faiblesse ni de peur traverser ses yeux...Tel était le destin d'un Shinobi d'Ame !

Alors que l'albinos venait tout juste de saisir la hache par son manche, il ressentit quelque chose de nouveau pour lui, si l'on pouvait qualifier cette 'chose' de nouvelle bien entendu. Un chakra très étrange émanait de l'individu auparavant attaché sur sa pauvre chaise, c'était une sensation que jamais il n'avait connu, Naetle pouvait presque sentir le chakra du torturé sur sa peau tellement il inspirait la colère et le désespoir. Etait-il seulement possible de ressentir toutes ses émotions de cette façon si intense ? Il se mit à douter, jamais il n'avait été dans un état tel que celui-là, certes il avait déjà été mis en colère à de nombreuses reprises mais ... Cela dépassait son imagination, vraiment. C'est là qu'il s'en rendit vraiment compte : il ne serait pas facile d'arracher des informations à cet homme des Nuages.

Lorsqu'il pût enfin apercevoir son visage, il fût pris de pitié pour lui. Des stigmates noires lui barraient la figure, et l'on ressentait vraiment la colère qui l'animait. Il ne pût distinguer ses yeux car il était trop loin, mais il était sûr et certain que l'on devait y déceler une once de tristesse dans cet océan de fureur. Pendant un très bref instant, il ferma les yeux et apposa son poing libre contre son coeur, comme s'il priait pour le Chûnin de Kumo. Il était tout simplement hors de question de le laisser souffrir plus longtemps, même si le soulager de ses souffrances revenaient à mettre fin à sa vie. Jamais Naetle n'aurait pu penser une chose pareille, mais désormais c'était différent. Il se souvînt de sa dernière (et première) mission d'assassinat, mais surtout de ce que lui avait dit Shintô :

« Pleurer n’arrangera rien tu sais, ce ne sera pas ton dernier meurtre, cependant garde l’idée en tête de ne jamais faire plus de victimes que nécessaire. »

Pouvait-on dire que l'homme en face de lui était une victime ? Après tout, s'il leur faisait du mal sous la forme qu'il venait de prendre, ce n'était pas sa faute. Lui ne cherchait qu'à défendre une cause, son village et plus précisément leur Kage. Mais qu'avait-il à défendre, lui ? On pouvait dire qu'il s'était souvent posé la question, sans pour autant jamais trouver une réponse. Quel était son objectif dans la vie ? Il n'avait rien à défendre, si ce n'est sa petite soeur avec qui il a perdu tout contact depuis maintenant presque un an. Bien entendu, en tant que shinobi de la Pluie il se devait de risquer sa vie pour son village, mais on ne pouvait franchement pas dire qu'il le faisait par pur plaisir. Les seules missions qu'on avait daigné lui donner n'avaient provoqué que de la souffrance, à vrai dire son village campagnard lui manquait cruellement à certains moments.

Il n'eût pas plus le temps de se perdre dans ses pensées, le combat venait d'être engagé entre les deux shinobis de moyenne classe. Le premier coup fût porté par son maître, ce qui était normal après tout il ne fallait pas se laisser dominer dès le début du combat. Cependant, l'Amejin l'entendit clairement tenter de lui soutirer des informations avant de le taillader avec un kunaï. L'instant d'après, il ne comprit pas ce qui lui arrivait. Il vit quelque chose fondre vers lui, instinctivement il leva l'arme qu'il avait en main pour le renvoyer d'où il venait ... Mais tout ce qu'il ressentit fût une intense douleur au niveau de la poitrine et de l'épaule droite, puis quelque chose de chaud couler le long de son corps. Etait-ce ... Du sang ? Probablement. Puis Naetle vit le Kumojin retirer la hache de son corps à lui, l'Amejin, avant de s'écarter pour lui asséner le coup final, destiné à le tuer.

— Tsume no Hagane ... Activation.

Il n'eût aucune idée de ce que fit son maître par la suite, la seule chose dont le jeune adolescent se souvînt était qu'il avait activé la première technique de son Kekkei Genkaï instinctivement, juste avant qu'il ne sente l'hémoglobine s'échapper de son corps. Ainsi, il avait évité une mort certaine, la blessure n'était pas si profonde que ça, heureusement que l'acier de son bras avait su affaiblir le coup en l'amortissant. Réagissant peut-être à la colère, lui aussi, ou bien à la douleur, il combina le Kumotaï, technique provenant du répertoire Raïton, avec son bras d'acier pour ensuite abattre le tout sur le Chûnin des Nuages, le projetant ainsi vers le côté du Hôtobi. La hache glissa de ses mains et sa lame ébréchée vînt se planter sur le sol poussiéreux. Le shinobi ennemi avait-il enfin décidé de parler ? Pour en être sûr, le Genin s'élança à travers la pièce, saisissant l'arme blanche plantée à mi-chemin des deux ninjas de la Pluie. Peu importait s'il s'était enfin décidé à parler ou pas, l'albinos le plaqua au sol avec son Kekkei Genkai et menaça de trancher son cou en pointant la hache sur ce dernier. Même s'il savait qu'il ne pouvait pas le tuer avant d'avoir obtenu toutes les informations qu'ils désiraient.

— Ne m'oblige pas à faire ça ... Dis-nous tout ce que tu sais sur ton Kage, et nous te laisserons peut-être la vie sauve ...

Bien évidemment, ils ne pourraient pas lui laisser la vie sauve ... Mais ça, il ne le sait peut-être pas. Le sang goutta à plusieurs reprises sur le corps du Kumojin et on pouvait facilement croire qu'il décomptait le temps qui restait au monstre de KumoGakure ... Exactement comme le sable à l'intérieur d'un sablier.

La mission commençait à prendre une tournure différente, le jeune homme se demandait si c'était réellement dans son contrat de devoir gérer ce fou furieux, après tout, il devait l'interroger mais au final, peut-être qu'il était décidé à ne rien dire même sous la torture et peut-être même mourra t-il sous les coups des instruments plus barbares les uns que des autres alors à quoi bon le laisser gémir et pire encore : le laisser causer des dégâts au sein de la Grande Tour de Métal. Le Dieu serait certainement furieux s'il en venait à détruire une partie de la tour dominante du village caché de la pluie, après tout, ce lieu sinistre était le symbole de la puissance technologique du village mais également celui de la crainte, beaucoup de Shinobis avaient peur à l'évocation de son nom et cela était tout à fait naturel, après tout, une sinistre rumeur circulait au sujet de la grande tour de métal.

Certains Shinobis racontaient que dans cette dernière, plusieurs cadavres étaient entreposés au sommet, était-ce vrai ? Personne n'en savait rien à moins d'être très proche du Kage et en l'occurrence, la seule personne qui côtoyait régulièrement le dirigeant du village était une jeune femme aux cheveux bleus, elle prenait rarement le contact avec les villageois et tout comme le Dieu, on la voyait rarement. Cependant Shintô l'avait déjà aperçue, alors qu'il rentrait de mission, il était venu déposer le médaillon perdu dans une salle lugubre et il avait pu distinguer partiellement son visage. Du peu qu'il avait pu apercevoir, il ne pu s'empêcher de penser qu'elle ressemblait réellement à un ange, son visage blanc tel un nuage ainsi que des ailes...Et lorsqu'elle fut partie, il n'eut guère le temps de s'en rendre compte, tout était arrivé si rapidement.

Mais revenons plutôt à l'action présente, alors qu'il venait de repousser son opposant pour la première fois, il vit que son disciple prit le relais, il s'était avancé vers l'aire de combat et avait activé son Kekkaï Genkaï. Ce n'était guère la première fois qu'il le faisait devant lui, sa technique devenait habituelle aux yeux de notre protagoniste qui profita de la couverture de son allié pour se relever et essuyer la poussière qui était venue salir ses vêtements. Il décida tout d'abord de se mêler au combat puis, alors qu'il avait fait un pas vers l'avant, il commença à reculer, il voulait d'abord voir comment Naetle allait se débrouiller tout seul bien qu'il connaissait d'ores et déjà ses capacités étant donné qu'ils étaient partis ensemble assassiner les parents du Hokage. Tout se déroula très vite, les coups s'enchaînaient jusqu'à ce que l'albinos parvint à agripper son adversaire et le coincer. Mais à cet instant, l'adolescent se rendit compte qu'il avait manqué une partie du combat.

En effet, du sang coulait le long de la poitrine de son élève, quand avait-il eu le temps de faire ça ? Puis, non loin de lui, il trouva une hache ensanglantée...D'où la sortait-il ? Shintô fronça les sourcils avant de s'avancer vers le guerriers des nuages et l'Aikaze qui commença à lui parler ou plutôt à lui hurler dans les oreilles. Le Chûnin de la pluie soupira et posa sa main gantée sur l'épaule de son élève, il en avait assez fait et il ne savait pas s'y prendre en plus de cela. Il ne faisait que lui mentir, il allait de toute manière mourir...Jamais Ame Gakure ne permettra qu'un Ninja ennemi inutile reste en vie. Prenant un air grave, le dernier des Hôtobi posa un pied sur la cage thoracique du captif et mit de plus en plus de pression jusqu'à ce que le prisonnier hurle de douleur, tous ses os devaient d'ores et déjà être brisés, il était inutile d'insister. Le Ninja de moyenne classe fit alors mine de se retourner pour aller chercher un instrument de torture, laissant naître de l'espoir dans les yeux du martyr cependant le garçon aux cheveux noirs ébènes recula au dernier moment et lui asséna un violent coup de poing dans le nez.

Un petit craquement se fit entendre dans la pièce et à cet instant là, alors que les marques du sceau maudit commençaient à se dissiper, notre protagoniste se rendit compte de l'ampleur des coups qu'il lui avait porté. Il aurait voulu alors s'agenouiller et lui demander pardon cependant il ne devait pas faillir à son devoir...Pas devant son élève, pas devant un représentant du pays de la pluie. D'un air désolé, le soldat de la pluie saisit une arme blanche et la lui planta violemment dans l'épaule droite. Le Ninja de Kumo laissa échapper quelques larmes, laissant libre court à ses émotions, il n'avait pas pu se retenir plus longtemps et il s'en excusa en adressant une prière à ses défunts ancêtres avant de tourner son visage amoché vers le Chûnin, il sourit tant bien que mal et lui dit :

« Très bien, cela suffit…Je vais tout vous raconter… »
« Pourquoi me souris-tu ? Tu devrais avoir honte de faire ça… »
« Je souris parce que je sais que je vais bientôt mourir, je vais bientôt rejoindre les miens, ceux qui ont quitté ce monde chaotique avant moi et je suis heureux…parce que tu m’as ouvert les yeux gamins et malheureusement j’ai compris trop tard que j’aurais dû renoncer à la voie du Shinobi il y a bien longtemps, je ne suis pas digne… »

Notre homme se mit à tousser puis à cracher abondamment du sang, avant de rendre l’âme, il regarda le plafond avec toujours ce même sourire affiché sur ses lèvres et commença à narrer son histoire :

« Tout ce que je sais en fait, c’est que j’ai entendu que le Raïkage avait envoyé un homme à Konoha, j’ignore qui c’est mais…Je pense qu’il existe un pacte secret entre les deux villages. Je ne suis sûr de rien, ne m’en veux pas si je me suis fourvoyé…Maintenant achève moi tel un Shinobi, je suis content de t’avoir eu comme dernier adversaire. »

Sans attendre une seconde de plus, l’héritier du clan maudit d’Ame saisit un couteau et le planta dans le cœur du captif, il inspira une dernière bouffée d’air puis après, plus rien, c’était fini…Pour de bon. Celui qui avait porté le fardeau d’une lourde souffrance se redressa et laissa le cadavre au sol avant de regarde tout autour de lui, c’était une vraie boucherie, il y avait du sang partout…Une véritable horreur. Mais il n’eut guère le temps de s’attarder sur ces détails, il se retourna vers l’aspirant et lui lança :

« Je veux que tu me fasses un rapport pour demain et que tu le rapportes à la Grande Tour de Métal pour moi, cette mission est achevée avec succès ! »

Requiem ~

« Je veux que tu me fasses un rapport pour demain et que tu le rapportes à la Grande Tour de Métal pour moi, cette mission est achevée avec succès ! »

Ce fût avec ces derniers mots prononcés par son Maître que Naetle su que c'était terminé. Après avoir infligé quelques autres blessures au Kumojin, celui-ci avait repris le contrôle de lui-même et avait craché le morceau avant que Shishou ne l'achève d'un coup de couteau en plein coeur. L'adolescent avait détourné les yeux, ce shinobi n'était finalement qu'une victime de plus à déplorer pour son village car pour AmeGakure, il n'avait été rien de plus qu'un ennemi à abattre et c'était ce qu'ils avaient fait après lui avoir fait endurer tant de souffrances inutiles. Le Genin regarda le visage du défunt Chûunin, celui-ci souriait toujours et ce même dans la mort, lui aussi rêvait d'être comme ce Shinobi : un protecteur de sa patrie qui meurt un sourire aux lèvres, heureux d'avoir rendu son dernier soupir contre un digne adversaire. Il se tourna vers son maître, prêt à lui donner sa réponse afin qu'il ne quitte les lieux :

« Compris, Shishou ... »

Sur ces mots, il tourna les talons et sortit probablement de l'imposant édifice, laissant son disciple seul dans la salle de torture, un triste sourire sur le visage. L'albinos se laissa aller un instant, tombant lourdement sur ses genoux. Le sang coulait toujours de sa blessure à l'épaule, mais il s'en fichait. Il resta de longues minutes dans cette position, contemplant le sang qui couvrait le sol et les murs. Si quelqu'un était entré à ce moment-là, il aurait pu aisément penser qu'il priait un Dieu quelconque, probablement ce soi-disant Dieu qui veillait sur AmeGakure, ce Pain. Pourquoi les gens devaient-ils croire en quelque chose ? Ceci était une question à laquelle Aikaze Naetle était incapable de répondre.

Il finit enfin par se relever, l'odeur de l'hémoglobine commençant à lui monter à la tête. Il quitta à son tour la Tour de Métal, songeant d'abord à retourner à son appartement miteux avant de commencer à tituber. Il avait probablement perdu trop de sang, c'est donc avec amertume qu'il rebroussa chemin et prit la direction de l'hôpital. L'albinos n'avait vraiment pas de chance, c'était la deuxième fois en quelques jours qu'il s'y rendait. La première fois qu'il y avait mis les pieds, c'était à cause d'une de ces innombrables inondations dans les quartiers inférieurs. Vraiment, on pouvait le considérer comme un malheureux malchanceux. De plus, il était sûr qu'il allait tomber dans les pommes une fois qu'il serait à quelques mètres du bâtiment. Et, bien évidemment, c'est ce qu'il se passa.

Lorsqu'il se réveilla, sa poitrine et son épaule étaient bandés et il était couché dans un lit, à moitié endormi. On l'avait probablement porté jusqu'ici, après tout il n'avait aucun souvenir être arrivé à l'hôpital par lui-même. Enfin, au moins il allait pouvoir rédiger son rapport de mission en paix, car dans son appartement il aurait dû d'abord traquer la moindre fuite d'eau qui menaçait de l'inonder à chaque fois. C'est donc sans aucune fuite qu'il écrivit son rapport à l'hôpital. Le lendemain, lorsqu'il fût autorisé à sortir du lit, il alla le porter au Jûunin chargé des rapports de mission puis retourna chez lui, le coeur léger. Mission accomplie - encore une fois - !

[HRP : Petit post nul pour clore la mission.]