Si un jour on m'avait dit que j'oserais tenir tête à mon maître je l'aurais sans doute éliminé de ce monde car je n'aurais pas crû en ces paroles et pourtant aujourd'hui, ça avait été le cas. Je m'étais laissé frapper par Madara jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il pourrait me tuer mais que je ne changerai pas d'avis, j'avais mal mais je ne regrettais rien. Après m'avoir complètement achevé physiquement - je ne sais pas si un seul de mes os est encore à la bonne place dans mon corps - il avait fini par me laisser une seconde chance, je ne voulais pas de sa pitié, mais une de mes côtes avait dû perforer l'un de mes poumons, provoquant ainsi des suffocations incessantes et une hémorragie interne assez importante, je ne pu donc pas répondre et il prit mon silence comme une acceptation, sale type...

Il m'avait ensuite aspiré comme d'habitude à travers son trou dans son masque et m'avait déposé là où il m'avait trouvé, c'est-à-dire dans un endroit reculé de la forêt de Konoha. Je ne sais pas si mon visage parvint à esquisser le sourire que je voulais faire mais une chose est sûre, la situation était presque "comique" - humour Madaresque - il ne m'avait tué à l'arme blanche mais me laissais crever en prétextant me laissant une deuxième opportunité de me rattraper sur mon comportement, qu'est-ce qu'il voulait que je fasse seul dans cette forêt de merde, les membres en miette et sans voix...Que je le supplie intérieurement de venir me chercher, qu'il me soigne et que je sois de nouveau son toutou...C'est tout simplement....

Hors de question, j'étais un homme maintenant, je n'avais pas besoin de lui, je devais lui prouver maintenant après deux ans, que c'était moi qui me suis joué de lui et non l'inverse, quitte à devoir fuir le restant de mes jours pour le narguer encore et encore, jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il n'est pas le Dieu qu'il souhaite devenir en contrôlant le monde dans son Genjutsu. Mais en attendant, je devais trouver un moyen de sortir d'ici...Aaah, si seulement la fille pourrait me trouver ici, ce serait trop beau. Midi devait être largement passé maintenant, m'avait-elle une seule fois attendu ? Non, elle avait dû m'oublier une fois parti, comme tous les gens qui m'entourent, je ne suis que toléré, pas apprécié.

Qu'est-ce que je pourrais faire pour améliorer ça ? De toute façon, sur mon lit de mort, je n'avais que ça à penser, autant mourir en ayant donné un sens à ma vie non ? Ma vision commençait à se troubler, mon ouïe devenait de plus en plus médiocre et mon corps répondait de moins en moins à mes appels, et si j'arrêtais de réfléchir ? J'économiserai peut-être un peu d'énergie, qui sait. Je fermai les yeux pour ne pas voir le décor devenir difforme, je déteste être si faible et avoir si mal...Ah si seulement je pouvais de nouveau éprouver cette sensation, comme au moment où j'étais tombé de la montagne des singes, je m'étais senti si bien et si serein.

Et puis soudain, alors que je recherchais vainement un moyen de me plonger dans une espèce de rêve éveillé, je sentis comme un mouvement de préhension sur mon bras, je voulus voir qui c'est mais mon cerveau n'envoyait plus aucun signal à mes nerfs, c'était foutu. Une nouvelle fois cette lumière blanche vint me guider tandis que mon enveloppe charnelle se perdait je ne savais où - et j'y prêtais peu d'importance pour être honnête - je me sentais bien, toute douleur m'avait abandonné, j'avais envie de sourire et de dire que je l'avais vaincu ce sentiment, que j'avais triomphé sur celle qui m'avait rendu aveugle durant tant d'année. J'en étais presque euphorique, j'étais heureux, sans personne j'avais eu raison de ma haine.

Je me retournai soudainement, j'avais entendu quelque chose provenir de derrière moi, étrange...Je pensais que personne ne pouvais se rendre dans ma tête, même pas Madara avait réussi à forcer les barrières de ma conscience. Mais je n'avais pas peur, rien ne pouvais m'arrêter dans mon monde, j'étais le plus fort ici car tout allait selon ma volonté ou du moins, c'est ce que je pensais avant que je puisse faire face à la chose qui avait interrompu ma séance de méditation. C'était la première fois que je voyais une telle chose, au sol jonchait une sorte de miroir brisé et devant moi il y avait...mon double ? On aurait dit mon jumeau mais...Impossible, mes parents n'avaient jamais eu d'enfants après ou en même temps que moi, je l'aurais su sinon, et puis même si cela avait été le cas, il n'aurait pas pu se rendre à l'intérieur de mon esprit.

Mes sourcils se froncèrent naturellement, il pleurait et moi je ne comprenais pas ce qui était entrain de m'arriver, est-ce que je devenais fou ? Non, je n'étais pas victime d'hallucinations d'ordinaire, je m'approchai donc de la mystérieuse entité qui n'avait pas bougé d'un poil depuis mon arrivée et je m'apprêtai à lui parler quand je croisai son regard. Je compris alors qui il était et pourquoi il semblait si malheureux, ses yeux noirs perçants et toute cette douleur présente sur son expression faciale, ça ne pouvait qu'être...Moi. Je posai ma main sur mon épaule mais il me repoussa violemment, je voulais l'aider dans un instant de désespoir alors que moi-même, j'avais refusé toute aide provenant d'autre que Madara. Je me demandai alors s'il pouvait parler, j'engageai donc une conversation.

« Est-ce que tu sais dire quelque chose ? »

Il hocha négativement la tête, il était visiblement faible, il n'était qu'une partie de moi après tout, il ne pouvait m'égaler sur le plan des capacités. Sans le regarder - car je ne voulais pas recroiser ses yeux - je lui posai une autre question qui me trottait dans la tête depuis un peu plus deux minutes, je voulais connaître la raison de sa venue...ça va être dur de communiquer s'il ne peut pas me répondre par le biais de la parole :

« Pourquoi es-tu venu ici alors ? »

Sans que je ne m'y attende, son poing avait fusé vers moi et avait atteint mon estomac. Surpris, je fus repoussé à quelques mètres de lui mais je n'avais pas mal, j'étais comme immunisé contre ses coups. Cependant, j'avais eu réponse à ma question, il n'était pas venu négocier quoique ce soit, au dessus de sa tête planait un message dont j'étais le destinataire. « Je te hais ». J'étais à la fois choqué et compréhensif, il était la raison de mon mal-être et moi la raison du sien...Car tous les deux, on ne fait qu'un et moi, je me suis toujours haï pour une quelconque raison. Les Kanjis placés au dessus de sa tête changèrent pour former une nouvelle phrase
« Je vais te montrer »

J'avais à peine lu le contenu du message qui m'étais destiné qu'il me saisit brutalement la main et m'emmena dans un vortex invisible, que voulait-il me montrer sur moi ? Je me connaissais par coeur, il n'avait pas besoin de me dire quoique ce soit au sujet de ma vie, j'étais conscient de mes erreurs et de mes réussites, alors que voulait-il exactement ? Quand nous arrivâmes à destination, j'eus l'impression d'être dans une sorte de cinéma VIP où seuls quelques élus avaient la permission d'entrer, nous étions seul face à une image floue que je reconnu tout de suite, c'était moi alors que j'avais à peine sept ans. Qu'est-ce qu'il cherchait à faire en me montrant ça ? C'était le jour de la mort d'Atewashi...Pourquoi est-ce qu'il voulait remuer le couteau dans la plaie ? Ne souffrait-il pas autant voire plus que moi du décès du seul ami que je n'ai jamais eu, il était ma tristesse, ma colère et toute la part négative de moi-même, pourquoi me faisait-il ça ?

Il n'avait visiblement pas l'intention de s'arrêter là, je le vis fermer les yeux et une autre image apparu, j'étais seul dans ma chambre après avoir découvert la vérité sur mes géniteurs, ils m'avaient abandonné et avaient refait leur vie après la troisième grande guerre Ninja. Au fil du temps j'avais appris que seul mon père avait été le fautif dans cette histoire, ma mère aurait voulu me garder mais...Lorsque je lui avait enfoncé le scalpel déjà ensanglanté dans le ventre, il était trop tard pour revenir en arrière. Ce fut d'ailleurs l'objet de la troisième image que me présenta l'autre moi...C'était le souvenir que j'avais de l'assassinat de mes parents, je ne sais pas si c'est parce que j'étais bouleversé par les évènements à cet instant là, mais j'avais juré que mère avait prononcé mon nom avant de s'éteindre et prendre son envol vers la paix.

Tout ce qui défila après n'était que des bribes de souvenirs de tous les meurtres que j'avais pu commettre, de toutes les injustices que j'avais créé, est-ce que je devais me sentir coupable pour tous les actes que j'avais commis ? Je tournai mon regard vers l'aspect sombre de ma personnalité qui avait recommencé à pleurer à chaudes larmes, cette fois je ne lui avais pas laissé le choix et je l'avais pris contre moi. Les yeux baissés vers le vide qui se tenait sous nos pieds, je lui adressai quelques paroles de compassion afin de lui prouver que j'étais de tout coeur avec lui, avec moi.

« Seuls toi et moi connaissons ces secrets, préservons-les jusqu'à la mort...Kanashimi Atotsugi, faisons mine de ne rien savoir et recommençons tout à zéro, je te promets qu'un jour, tous les jours seront meilleurs ! »

Je crois avoir compris le concept, je fermai les yeux à mon tour et fis défiler des flash backs où j'étais avec Atewashi ou encore, le jour où j'ai été promu en tant que Chûnin, des souvenirs aussi chaleureux que possible. Quand je rouvris les paupières pour en rire avec lui, je me rendis compte qu'en souriant, la moitié de son corps s'était désintégrée, c'était triste mais...Le meilleur moyen de vaincre mon passé douloureux avait été de le tuer. J'étais peut-être mort dans la vie réelle, je n'en savais rien et j'étais sur le point de consumer définitivement la seule chose qui aurait pu me tenir compagnie durant la longue route de la mort. Je n'avais jamais été bon mais je n'étais pas foncièrement ignoble non plus, est-ce que j'allais rejoindre tous ceux à qui j'ai ôté la vie, ou étais-je condamné à rôtir en Enfer ? Ma route me le dira...

Tout le monde que ma conscience avait créé pour moi, pour que je me sente bien avant de souffler une dernière fois s'effondra, est-ce que j'étais mort ? La lumière m'aveugla, c'était blanc mais j'avais mal, si ce n'était pas le Paradis ni l'Enfer qu'est-ce que..La vie ? Je sentis comme un éclair parcourir ma poitrine et une lueur aussi faible puisse-t-elle paraître pour un être humain normal, me brûla les yeux. Ma vue se stabilisa et un visage apparu, c'était cette fille qui m'avait déjà sauvé une fois, elle me regardait bizarrement, mais pourquoi est-ce qu'elle faisait autant de choses pour moi ? Je n'eus pas le temps de lui poser la question, j'étais à bout physiquement et, comme un enfant, je m'évanoui en lui laissant la lourde tache de me porter.

J'ignore combien de temps je suis resté en transe mais je ne me souviens de presque plus rien, tout s'était soudainement assombri autour de moi au moment où mes paupières s'étaient fermées, c'était comme une longue nuit de sommeil bien méritée que je rattrapais sur les années où je n'avais pas dormi chaque soir afin de veiller sur le campement. Mais tôt ou tard, il faut se réveiller, même si mon cerveau ne le désire pas forcément, mon corps ne pouvait pas rester éternellement allongé, accroché à une perfusion me servant de repas. D'après la position du soleil, il devait être environ six heures, je devrais peut-être fuir avant que la jeune femme ne vienne me rendre visite, elle m'oubliera de toute façon tôt ou tard, autant qu'elle garde un mauvais souvenir de moi, comme ça la prochaine fois qu'elle me verra à l'agonie elle me laissera crever comme je le mérite. Je me grattai soucieusement l'arrière du crâne lorsqu'une croûte s'arracha de mon cuir chevelu ce qui me fit étouffer un gémissement de douleur en mordant le bras - non je ne suis pas maso je vous assure - mais c'était trop tard, la porte s'ouvrit.

Et comme je l'avais prévu, la fille pénétra dans la pièce avec son sourire rayonnant tandis que moi, je ne lui adressai pas un mot, j'étais malpoli...Et alors ? Elle me regarda et m'examina sous tous les angles avant de conclure que j'avais plutôt bien récupéré. Je n'avais pas besoin d'elle pour le savoir, j'étais un Eisenin et je savais pertinemment que je pétais la forme, allait-elle me laisser partir maintenant que j'étais en bon état ? Je lui adressai un regard éloquent mais elle me répondit en fronçant les sourcils, pourquoi me garder ici ? Je n'avais rien à lui apporter, elle vivait en harmonie avec la nature, les animaux et vivait de ses récoltes ou de je ne sais quoi en fait. Je voulu me lever mais elle me repoussa dans mon lit et s'assit à mes côtés.

Je me laissai faire, j'avais beau être un fier Shinobi, j'admettais qu'elle avait du caractère et n'était pas décidée à me laisser rentrer chez moi, j'allais donc exaucer son souhait et rester ici jusqu'à ce qu'elle m'autorise à partir. Un silence désagréable s'était installé entre nous, si elle ne voulait rien me dire et rien m'infliger comme punition, je ne voyais pas pourquoi j'étais censé moisir dans un lit alors que je pourrais m'entraîner pour battre Madara et exercer mon Nindô. Je m'étais juré de rester patient avec elle mais son attitude m'énervait - et puis, je suis quelqu'un qui s'emporte vite avouons le - et dans un geste d'impatience, j'agrippai mon drap avec frustration et lui demanda sur un ton irrespectueux qui se voulait autoritaire.

« Pourquoi tu me fais perdre mon temps ici ? »

Son sourire s'effaça soudainement pour laisser place à une expression plus triste, quelques secondes après en effet, elle était au bord des larmes. Quant à moi, en bon égoïste, je continuais à la fixer, avide de réponses, ignorant sa douleur. Je baissai ensuite les yeux, j'avais de nouveau blessé quelqu'un moralement, j'avais une nouvelle fois évacué ma haine sur une personne qui n'y était pour rien. Pour essayer de me faire pardonner, je saisis sa main gauche et commençant une phrase d'excuse mais elle me repoussa.

« Désolé, je ne pensais pas que tu étais aussi sensible... »

Elle essuya ensuite ses larmes et hocha la tête sans dire un mot, je me sentais toujours aussi coupable mais elle avait l'air d'être déjà moins affectée par mes dures paroles. Quand j'y repensais, je n'avais même pas pris la peine de lui demander son nom ni même pourquoi elle faisait tout ça pour moi alors qu'elle ne me connaissais pas. Je me décidai à rattraper "le temps perdu" et à lui poser les questions qui me tourmentaient quelque peu.

« Dis...Pourquoi tu fais tout ça pour moi ? On ne se connait pas enfin...Je ne crois pas... »

Oui bon d'accord j'étais très inspiré pour ma réplique mais j'espérais au moins qu'elle soit de nouveau plus joviale ou au pire des cas, qu'elle ne me mette pas de vent comme précédemment. Ses yeux rougis par les pleurs se posèrent sur moi, j'ignore encore si c'est la température ambiante qui m'a donné des frissons ou si c'est son regard. Brr...En tout cas, je la vis ouvrir la bouche - en espérant que ce ne soit pas pour bâiller mais pour me répondre - c'était un bon signe.

« C'est une longue histoire, souviens-toi Kanashimi-kun...De la petite fille à qui tu as brisé le rêve de devenir Hokage. »

De tous les gens à qui j'avais brisé un rêve je ne savais vraiment pas où la mettre jusqu'à ce que je me souvienne d'une certaine épreuve de survie à l'académie Ninja à Konoha. Oui, ça faisait longtemps mais il semblerait que ce soit bien elle, la fille qui avait dû abandonner sa formation par ma faute. La main de mon interlocutrice se posa sur mon menton pour le relever, nos regards se croisâmes et nous nous plongions dans ce souvenir qui ma foi, ressemble à un cauchemar éveillé...

Temps pluvieux, terrain presque impraticable, les examinateurs de l'académie avaient vraiment un pet au casque pour nous faire passer une épreuve de survie en équipe dans des conditions pareilles. Je savais qu'être un Shinobi imposait de nombreuses contraintes cependant...Moi j'aime pas me mouiller, je ne suis pas un gosse comme les autres, moi j'ai pas de parents pour laver mon linge ou nettoyer ma chambre, j'ai dix ans ouais mais je m'assume tout seul parce que j'avais pas le choix. Après avoir fait mon sac et rejoint mon équipe - trop naze au passage - nous établîmes une stratégie d'attaque qui consistait à éliminer le plus rapidement nos adversaires avant de laisser nos traces dans la boue. Ce n'était pas mince affaire, l'apprentissage du "vol" d'arbre en arbre était au programme de fin d'année et beaucoup d'entre nous n'avions pas le niveau pour grimper aux arbres avec assez d'aisance pour ne pas nous faire repérer.

Nous avions donc conclu qu'une partie de notre groupe combattra directement l'équipe adverse tandis que les autres ne seront qu'éclaireurs. Vint le moment de l'attribution des rôles, je n'étais vraiment pas aimé de ma classe voire carrément détesté par la plupart des gens...Je fus donc relégué au second rôle, éclaireur avec l'un des boulets de notre groupe, j'étais gâté...Putain. Ce mec puait la mort, franchement c'est pas discret de traîner avec lui dans cette forêt. Enfin, de toute façon j'étais l'un des premiers élèves de la classe sans franchement me fouler et dans l'équipe adverse, il n'y avait pas forcément de bons étudiants alors même seul, je pensais pouvoir me débrouiller. Cela faisait plus ou moins une heure que nous courrions sous la pluie à la recherche d'un abri pour espionner les autres gamins.

Et voilà, une petite planque dans la forêt à moitié sous terre, je rentrai sans trop problèmes mais mon gros porc d'équipier semblait avoir plus de mal que moi. Blasé, je le regardais se ridiculiser en se contorsionnant pour rentrer à l'intérieur de la cachette. J'aurais pu le laisser se débattre contre le vent encore longtemps si ses cris de goret n'avaient pas alerté un groupe de la TEAM adverse. Je n'eus pas le choix, s'il était repéré et bah je l'étais certainement aussi et combattre dans un endroit aussi étroit ce n'était point à mon avantage. Je le repoussai d'une manière violente pour exprimer ma colère et sorti de ma planque, par chance...Ils étaient deux, comme nous. Il y avait une fille et un garçon, le type semblait hargneux mais la gonzesse n'avait pas vraiment envie de se battre, je pouvais le lire dans ses yeux.

« Haha ! C'est le gros et le saule pleureur, viens Miya-chan on va vite en finir avec eux. Ils ne valent rien face à m... »

Ni une ni deux, je ne lui avais pas laissé le temps de terminer sa phrase, j'étais déjà derrière lui, prêt à lui briser la colonne vertébrale. J'étais un vengeur, je ne pouvais pas me permettre de me laisser battre par des bouffons de ma classe sachant que j'avais plus fort à affronter. Mes yeux noirs remplis de haine avaient fait trembler tous mes "camarades", mon équipier s'était même enfui tant je lui avais foutu la frousse, quelle mauviette franchement. Je lâchai les bras du gros naze qui avait essayé de me dénigrer et il parti rejoindre le gros sac qui m'avait abandonné dans la forêt. Il ne restait plus qu'elle, la petite fille frêle que je n'avais jamais vu auparavant. Je fis un pas vers elle, pourquoi ne s'était-elle pas enfuie pendant que je m'occupais de son salaud de binôme.

Je fronçai les sourcils, elle poussa un petit cri et fit un pas en arrière, elle tomba car elle s'était pris les pieds dans quelques racines. J'éclatai d'un rire presque démoniaque tandis qu'elle tremblait de plus en plus, quelle conne...Je sortis un kunaï de ma poche et m'approchai d'elle lentement, doucereusement, je ne savais pas quelle mouche m'avait piquée mais une chose était sûre, si personne ne me retenait, j'allais la tuer. Qu'est-ce qu'elle m'avait fait ? Je n'sais pas, je la connais même pas...A priori je n'aurais aucune raison de la tuer et de la laisser dans cette forêt mais elle m'inspirait un sentiment si fort qu'il fallait que je l'élimine pour répondre à mon besoin, ma pulsion, ma folie.

« Barre-toi ! Casse-toi putain, avant que je te tue ! Fais quelque chose merde...
- Je...Kanashimi-kun... »

Mon corps ne m'obéissait presque plus, je m'étais laissé aller et je me retrouvais sur elle, ma main qui tenait l'arme blanche contre son dos. Un liquide chaud coula sur mes doigts déjà longs pour mon âge, un hurlement de douleur retentit, je venais de lui sectionner la moelle épinière. Je m'écartai alors de son corps, les yeux exorbités...Je ne pouvais pas réaliser le geste que je venais de commettre. Je parti loin d'elle pour me rendre près d'un ruisseau où je nettoyai mes mains salies pour la première fois par le sang d'un être humain.

Bizarrement les jours suivants, personne ne vint me parler de cette affaire qui pourtant, avait fait jaser pas mal d'habitants à Konoha. Pourquoi elle ne m'avait pas dénoncé ? Je l'ignorais encore et je ne voulais pas le savoir. Ma vie continua et j'oubliai chaque jour un peu plus, cette petite fille à qui j'avais enlevé tout espoir de devenir kunoïchi. J'enchaînai les missions de haut rangs qui me permirent de devenir rapidement un Jônin renommé au village mais en même temps, je menais ma double vie auprès de Madara, j'étais devenu un Shinobi puissant mais presque aveugle de mes actes.

Elle me l'avait rappelé, maintenant tout était clair dans mon esprit, c'était elle alors, la fille à qui j'avais fait du mal juste à cause d'une envie passagère. Mais alors, ce n'était pas vraiment une inconnue, c'était pire que ça...je venais de me faire soigner par quelqu'un que j'avais presque tué, quelqu'un à qui j'avais brisé les aspirations, c'était confus. Pourquoi sauver la vie à une personne qui vous a fait tant de mal ? Je commençais à ne plus rien comprendre, c'était tellement flou cette histoire ! Mais en même temps, j'avais beaucoup de questions à lui poser à ce sujet, la première étant pourquoi elle ne m'avait pas dénoncé, la seconde...Pourquoi est-ce qu'elle ne m'avait pas haï durant toutes ces années ? J'étais soudainement intéressé par elle, sa vie et ce qu'elle était devenue par la suite. Je me redressai pour la dominer du regard et commençai mon interrogatoire.

« Pourquoi alors ? Si je t'ai fait si mal, pourquoi m'avoir sauvé la vie ? »

Son regard se dirigea vers le sol, ses cheveux masquaient son visage halé du fait qu'elle travaillait en plein air. J'aperçu sa bouche s'entrouvrir, quelle excuse allait-elle me donner cette fois ci ?

« J'ai souvent pensé à toi tu sais, comme je t'ai détesté quand j'était à l'hôpital...Mais un jour je me suis promis que je te retrouverai et que je te prouverai que contrairement à toi, je sais pardonner. »

Ces paroles eurent l'effet d'une douche glacée ou d'un réveil brutal, je ne savais pas quoi lui répondre, je me sentais si honteux vis-à-vis de la situation, je ne pourrai jamais la regarder encore une fois en face ! J'ai été si stupide, j'ai toujours causé du tort et vécu pour me venger de tous ceux qui m'ont un jour blessé, jamais je n'aurais pensé à passer l'éponge...C'était bien dommage, mais au moins aujourd'hui, j'avais appris quelque chose et cette fille que je n'avais même pas reconnu venait de m'attribuer un nouveau Nindô. Oui c'est ça, à partir de maintenant Kanashimi Atotsugi ne vivra plus pour porter le fardeau de la tristesse et de la haine des autres, c'est un tout autre homme que vous trouverez désormais. Je le jure, sur toutes les injustices que j'ai pu connaître ces dix-sept dernières années, je vivrai pour que les hommes puissent s'entendre et se pardonner mutuellement.

Un brave discours, des promesses, arriverai-je à les tenir ? J'en avais l'impression en tout cas, pour la première fois dans toute ma vie je me sentais serein et en sécurité. Je me rendis alors compte qu'elle avait de nouveau fondu en larmes...Ah, je commençais décidément bien mal, étais-je donc incapable de me retrouver aux côtés d'une personne sans lui apporter son lot de malheurs ? Un sentiment de culpabilité m'envahit, je me m'approchai d'elle mais elle recula soudainement en essuyant les traces de ses larmes sur ses joues. Elle rit ensuite malgré ses yeux rougies par les pleurs avant de m'adresser la parole d'une voix brisée.

« Haha, mais ce n'est pas le moment de se chagriner pour n'importe quoi, allons donc manger un morceau dans la cuisine, je suis sûre que tu meurs de faim ! »

Je hochai affirmativement la tête et attendit qu'elle s'enlève du lit pour en faire de même, et puis zut...J'irai manger en caleçon pour une fois, au diable les bonnes manières ou plutôt...Chez Madara ! Ce type était pire qu'un démon, ce monde avait juste encore de la chance qu'il soit "en cage" mais lorsque sa rage explorera, Kami-sama seul saura ce qu'il adviendra de nous tous. Je n'étais pas assez fort pour l'arrêter, je ne le serai jamais malgré tous les efforts que je pourrais faire, je devais trouver le messie, celui qui nous sauvera de l'ère du chaos et de la destruction. Encore affaibli par les coups que m'avait affligé mon ancien maître, je me relevai douloureusement non sans pousser un petit glapissement qui passa dans l'oreille d'un sourd.

Elle avait quitté la pièce depuis deux bonnes minutes, quant à moi j'étais toujours debout au milieu de la pièce, mettre un pied devant l'autre était comme une rude épreuve pour mon corps couvert de blessures. Quand ma réserve de chakra sera bien remplie, il faudra que je soigne les dommages internes que le leader de l'Akatsuki m'avait causé mais en attendant, je m'estimais déjà heureux d'être en vie. Je posai ma main sur la clenche de la porte et l'abaissa de manière brutale, si bien que je sentis comme un choc électrique me parcourir l'épaule, ça faisait un mal de chien. Je tombai nez-à-nez avec elle, c'est à ce moment là que je me rappelai que je ne connaissais toujours pas son nom...

Non, en fait je n'avais pas faim, mon estomac s'était habitué à recevoir peu de ration de nourriture sur une longue durée du fait de mes interminables missions que je menais à la solde de la lune rouge. La seule raison qui m'avait poussé à la rejoindre dans son lieu de travail c'était qu'en réalité, j'avais envie d'en savoir plus sur elle et son calvaire, je voulais en quelque sorte lui demander de pardonner l'impardonnable. Si j'avais été à sa place, je ne pense pas que j'aurais réagi comme elle, j'aurais haï et maudit de tout mon être celui qui aurait brisé mon rêve encore que...Je n'ai jamais vraiment eu de rêve à moi, encore une chose qu'il fallait que j'apprenne peut-être. Je la suivi donc pour m'asseoir à table où elle avait déjà posé mon couvert.

Je regardai autour de moi, les meubles n'étaient pas d'un très grand luxe, je me demandais pourquoi elle avait aménagé en dehors du village, tout aurait été plus facile pour elle dont les blessures pouvaient se rouvrir au moindre moment. Avant que je ne m'en rende compte, elle était déjà de retour avec des casseroles sur les bras, n'avait-elle pas peur de prendre autant de risques après ses multiples opérations ? Vraiment cette fille, je ne me souviens plus de comment elle était vraiment à l'académie mais aujourd'hui, je crois que c'est la personne la plus courageuse que je n'ai jamais vu de toute ma vie. Elle m'ordonna de me servir, je souri, quand elle prenait ses grands airs ça me faisait rire, n'allez pas me demander pourquoi, c'est comme ça. Mon rire étouffé lui fit prendre une expression interloquée avant de commencer à faire comme moi. Nous passâmes un bon moment ensemble, mais maintenant que mes cicatrices étaient presque totalement refermées, j'allais devoir partir et décliner son offre d'hospitalité.

Une fois que le repas pris fin, je me levai donc et l'aidai à faire la vaisselle avant de prendre place sur le sofa comme elle m'avait dit de le faire. J'attendis son retour en me frottant nerveusement les mains, je ne savais pas comment elle allait prendre ma demande de départ, sera-t-elle vexée ? Je pensais que même si elle ne me dira pas, ça l'affectera quand même. Quoi ? Mais à quoi pouvais-je bien penser à cet instant là ? Etais-je entrain de me dire que cette fille allait être triste de laisser partir celui qui avait brisé ses rêves ? Mon pauvre Kanashimi, tu débloques ! Elle arriva enfin, un grand sourire affiché sur les lèvres tandis que moi, j'avais mon habituel air morose. Elle prit place à mes côtés quand ma voix s'éleva d'elle même, je n'eus pas besoin de réfléchir...C'était sorti tout seul, mais était-ce vraiment que je désirais ?

« Comment te dire...Merci pour tout mais, maintenant je dois partir...Euh...Salut ! »

C'est à se demander comment les autres filles ont pu m'apprécier au village, peut-être parce qu'avec elles j'avais plus confiance en moi. J'ignorais pourquoi mais quand elle était là, j'avais presque peur de prendre la parole et de la contrarier, était-ce parce que je l'avais déjà blessée par le passé et que j'avais peur de le refaire une seconde fois, alors que j'avais pris de bonnes résolutions ? Elle ne broncha pas, je poussai un long soupir et me levai du sofa pour me diriger vers cette chambre qui fut mienne le temps de mon coma, j'avais l'intention de prendre mes affaires et de partir le plus vite possible vers le village, avant que les remords ne viennent me ronger. Je saisi tout ce qui était à moi et me ruai vers la sortie en jetant un dernier regard derrière moi, elle n'était plus sur le canapé. Je fronçai les sourcils mais continuai ma route, il ne fallait pas que je m'attarde ici, j'avais encore beaucoup à faire ailleurs. J'étais sur le point de partir complètement quand quelque chose m'agrippa fermement la main gauche. Je me retournai à vive allure, ce n'était pas Madara ni un de ses partisans mais...Elle. Pourquoi s'était-elle attachée à moi ?

« Au revoir Kanashimi-kun...Reviens quand tu veux
- A un de ces quatre euh...
- Miya...Je m'appelle Miya Shitsuko. »

Elle me relâcha ensuite la main et me regarda partir, j'avais le sentiment que ce ne serait pas exactement la dernière fois qu'on se verrait elle et moi et visiblement, cette impression était réciproque. Je fermai les yeux et traversai la forêt rapidement pour ne pas me faire repérer par les sbires de mon ancien mentor, il fallait que je rentre vite, les dirigeants de Konoha devaient sûrement m'attendre pour que je fasse mon rapport de mission.