« Ceux qui ne respectent pas les règles sont considérés comme des moins que rien mais ceux qui abandonnent leurs amis sont encore pires. »
 
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 Kazuko le vagabond

Konoha no Shinobi
Kensuke Kuro
Konoha no Shinobi



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Kensuke Kuro
MessageSujet: Kazuko le vagabond    Kazuko le vagabond  EmptySam 1 Déc - 9:28
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Un ciel bleu pâle parsemé de nuages rougeâtres me fait face alors que je m'apprête à quitter la zone de l'entrepôt que j'ai dû - à la force de mes bras - nettoyer pour exécuter ma mission de rang D. Il est à peu près dix-sept heures au moment où j'embarque dans un petit navire, je suis seul sur le pont à chercher dans les horizons ce qui a longtemps été effacé par la réalité : le monde des rêves. Mes cheveux blancs devenus mi-longs avec le temps virevoltent au gré du vent glacial qui fouette mon visage blafard. J'entreprends de rentrer directement chez moi lorsque mon regard croise quelques lueurs scintillantes au fond de l'eau, je relève la tête. Tout a changé, ce n'est plus le ciel de fin de journée que je retrouve mais bel et bien le firmament rempli d'étoiles qui brillent encore faiblement, cet univers que j'aurais tant voulu partager avec ma petite soeur, Izue.

Je sers le poing, finalement je ne rentrerai pas chez moi une fois de plus ce soir. Dois-je encore considérer cet endroit comme étant tel ? Depuis plusieurs semaines je vis tel un vagabond, je marche à la recherche d'un but quelconque, un objectif qui pourrait combler ma vie future et je sais que je marcherai jusqu'à l'avoir trouvé. J'enchaîne, jour après jours, les missions qui me rapportent peu, juste assez pour me payer un hébergement pour la nuit. Mais c'est devenu une routine désormais et je me plais plutôt bien dans ma quête d'idéologie. D'archipel en archipel, je me familiarise de plus en plus avec une vie simple, bien loin des complications que l'on rencontre lorsqu'on naît malencontreusement dans une famille d'aristocrates aux règles bien strictes pour des enfants...Pour l'enfant que j'étais lorsque j'ai nourri cette haine envers tous ceux qui m'ont relégué au rang de déchet du clan.

Si tout pouvait être à refaire...Je sauverais certainement Izue de cet Enfer qui a mené à sa perte ou plutôt à notre perte. Physiquement je suis toujours là, en "parfaite" santé mais mentalement, je suis instable, entre la vie et la mort. J'ai perdu une partie de mon humanité pour obtenir mes pouvoirs, c'était le prix à payer et je regrette mon choix. Pourquoi suis-je devenu un Shinobi ? Pour plaire à l'homme qui m'a torturé durant des années pour que je devienne celui que je n'ai jamais été et que je ne deviendrai jamais ? Un sourire amer s'installe sur les lèvres alors que je quitte l'embarcation en remerciant le navigateur qui m'a ramené au pays des vagues. Il paraît qu'ici on peut bien voir les étoiles, j'aimerais vérifier si cet endroit est digne de sa réputation. Je gravis rapidement la colline qui me semble être la plus en hauteur, une fois arrivé au sommet j'hume l'air pur et frais qui parviens jusqu'à mes narines.

Changer le passé et par conséquent le futur, quel Homme n'a jamais rêvé de le faire ? Pour ses rêves ou pour d'autres raisons, chaque être humain renferme en lui une immense part de regrets qu'il ne peut renier, il doit juste les accepter et mourir avec. Nous sommes insignifiants et condamnés, ce n'est pas une personne qui changera le monde, tout est sans doute régit par des règles établies il y a bien longtemps, au fond on pourrait presque penser que personne n'est indispensable. En quittant le domaine des Ryuuseigun, j'ai pris le soin d'emmener avec moi un certain nombre d'affaires dont mon téléscope que je déploie au moment même où je vous narre mes pensées. Attention Invité, je vous préviens...Ce que je vais dire va sans doute vous paraître stupide mais c'est important pour moi.

« Hé...Est-ce que tu peux les voir aussi, Izue-chan ? »

Je vis dans un monde un peu à part, avec des croyances sans doute bien différentes de l'ordinaire mais il paraît qu'elle vit en moi. Ma soeur, celle que j'ai dû faire partir de ce monde par pulsion égoïste. Est-ce que le fait d'éprouver des remords aujourd'hui permet de dire que je retrouve un peu de sentiments ? Je ne peux encore le dire, au fond je me sens comme une coquille vide, tout ce que je fais n'a pas de sens à proprement parler. Je ferme les yeux et sens la douce lumière de la lune se poser sur moi, elle représente pour moi une présence, comme si les doigts fins de ma jeune soeur pouvaient toucher mon visage pour me dire "Je te pardonne". Lorsque je rouvre mes paupières, je sens un liquide salé couler le long de mes joues, mes larmes se mêlent aux pics de ma barbe naissante après avoir passé cinq jours sans me raser. J'ouvre les bras et resserre l'étreinte sur quelque chose qui semble invisible avant de m'allonger dans l'herbe humide.

Doucement, l'atmosphère qui m'entoure devient plus supportable voire agréable, je cesse de pleurer et contemple les étoiles. Je sais qu'à cause de moi elle n'est plus, elle a sans doute rejoint nos ancêtres dans ce ciel, d'après la légende elle se trouverait...Juste ici, à l'endroit où mon souffle chaud entre en contact avec l'air froid. La vapeur se dissipe, je pose mes mains sur mes épaules, la température ambiante a refroidit mes muscles, c'est mauvais signe. Je décide finalement de ne pas passer la nuit à la belle étoile et de descendre vers la ville, tant pis si je dois m'endormir dans une barque avec une bâche en guise de couverture. Je saisis mon sabre, l'accroche à ma ceinture et commence à marcher. Sans regarder où je vais - puisque je n'ai qu'à descendre sans me soucier de ma destination - j'entends mes pas crisser sur la glace fraîche.

Au moment où j'atteins enfin la ville, je me rends compte qu'il est près d'une heure du matin, je pousse un soupir avant de me résoudre à me diriger vers le port, je trouverai sûrement de quoi me nourrir là-bas, qu'importe si c'est du vol, un Shinobi est un criminel de toute façon, s'il est capable d'ôter un nombre incalculable de vies au cours de sa carrière, voler un poisson cru n'est qu'un acte secondaire pour lui. J'avance doucement et avec discrétion, malgré cela je repère quelques sans-abris qui guettent aux alentours, mon visage est à découvert, c'est inutile de me cacher maintenant. Quelques caisses sont à ma disposition près du quai, je sors un kunaï de ma poche et tranche les cordes qui la maintiennent fermée, tous m'observent mais aucun ne crie au scandale, je suis rassuré...Mais peut-être ne devrais-je pas.

En effet, j'ai à peine la main posée sur le caisson que je sens une forte poigne m'agripper et me repousser soudainement. Par chance, j'arrive à tenir debout malgré l'épuisement et le choc, je me retourne pour voir à qui j'ai à faire lorsque je pare de justesse un nouveau coup de poing. Surpris, je fais un bond en arrière pour prendre du recul et voir mon opposant. C'est un jeune adolescent, quelques années de moins que moi mais la volonté n'en reste pas moins impressionnante pour qu'il s'attaque à quelque de ma stature. Je dégaine mon sabre, tous les clochards déguerpissent, il ne reste plus que lui et moi...Le combat s'apprête à commencer alors que la lune atteint le point culminant de sa trajectoire, et puis sans qu'aucun de nous ne s'y attende, un type vient s'interposer, c'est un civil, un vieux avec un drôle de chapeau. Mon adversaire semble le reconnaître, il s'exclame alors :

« Grand-père ! Mais que..qu'est-ce que tu fais ici ?!
- Inari ! Combien de fois t'ai-je dit de ne pas sortir après vingt-trois heures ? Ta mère se fait un sang d'encre à la maison !
- Je ne suis plus un enfant ! Je dois moi aussi protéger le village ! Et cet étranger s'apprêtait à voler notre marchandise, comment aurions-nous pu continuer la reconstruction de notre toit sans nos outils ?
»

Le vieillard se retourne alors vers moi, l'air assez surpris. Je dois avouer que je suis assez gêné par le spectacle qu'ils m'offrent tous les deux, vu le bruit qu'ils ont fait, cela ne m'étonnerait pas que tout le village soit au courant que j'ai tenté de les cambrioler.

« C'est un malentendu ! Je ne voulais pas voler vos outils, je cherchais juste de quoi manger... »

Ils viennent à moi, je lâche mon arme, je suis épuisé et je n'ai plus envie de me battre de toute façon, s'ils veulent me crucifier sur la place publique comme lors de l'époque où un certain Gatô faisait régner la terreur sur le territoire, qu'ils le fassent, je n'ai rien à perdre à part l'abandon de ma quête mais bon...Une fois de plus, la vie m'aura facilité les choses, je n'aurais pas à me soucier de mon futur en mourant.

« Il fallait le dire tout de suite ! Viens donc avec nous. Inari ! Va prévenir ta mère que nous avons un invité ce soir !
- Je-Je ne veux pas vous encombrer...
- De toute façon, on a toujours de la place à la maison, j'attends quelqu'un de très spécial et j'espère qu'un jour il viendra me rendre visite.
»

Je suis pris au dépourvu, je finis par accepter de les accompagner chez eux et de passer une journée en leur compagnie avant de reprendre la route. Durant le trajet, j'ai fait connaissance avec le vieillard qui a pour nom Tazuna si mes souvenirs sont exacts, il m'a fait promettre d'arrêter ma vie de vagabond et de rentrer chez moi, m'excuser avant qu'il ne soit trop tard. Je crains que de toute façon personne ne se soucie vraiment de ma présence, Mère n'est plus crédible aux yeux du clan de toute façon, et c'est de ma faute une fois de plus. Je soupire alors que je rentre dans l'humble habitation de la petite famille, c'est loin de ressembler à mon domaine...C'est petit mais étrangement chaleureux. Alors que je m'assois sur l'un des tatamis, je rencontre la mère du garçon qui m'a sauvagement attaqué précédemment, elle me sert un bol de riz que je mange rapidement malgré moi, sous le regard hilare des autres personnes présentes dans la pièce.

Tsunami - maintenant que j'ai retenu son nom, autant l'utiliser - me convainc de changer de vêtements après dix bonnes minutes de négociations. Après m'être changé, je me rends compte qu'il est tard et pourtant, je n'ai pas envie de dormir...J'ai toujours été mal à l'aise chez les étrangers et surtout, chez des gens appartenant à une classe sociale inférieure à la mienne. Ce n'est pas tant faute de vanité ou de supériorité, c'est plutôt parce que j'ai du mal à m'intégrer dans un groupe de personnes ne partageant pas les valeurs qui m'ont été inculquées.

Parfois je les envie d'être libres comme ça, de ne pas être obligés d'obéir sans arrêt aux règles. Je finis ma tasse de thé sans dire un mot, remercie mes hôtes et m'excuse avant de sortir sur le pont pour contempler une dernière fois les étoiles avant qu'elles ne disparaissent. Il n'a pas fait de bruit mais je sens sa présence dans mon dos, l'adolescent est venu me rejoindre alors que je suis assis sur le pont, mes yeux bleus azurs tournés vers le lointain et l'inaccessible. Il prend place à mes côtés et se tortille les doigts, je sais qu'il a envie de me parler mais ne sait pas comment engager la conversation. Je ne l'aide pas, aucun son n'arrive à sortir de ma bouche de toute façon, je n'ai jamais été très sociable.

« Kazuko-san ? Est-ce que je peux te poser une question ?
- N'est-ce pas ce que tu viens de faire ? Mais soit, je t'écoute.
- Y a-t-il quelqu'un que tu aimerais revoir ? Avant, quand j'ai dit qu'il y avait toujours de la place chez nous pour accueillir une personne très spéciale je t'ai vu troublé. Alors je me demandais si toi aussi...
»

J'ignore si je peux lui confier le secret que je porte en moi depuis cette fameuse nuit, je crains qu'il ne soit pas assez mûr pour comprendre. De toute façon, de ce que j'ai compris qu'il parle de quelqu'un de vivant, ce n'est pas mon cas.

« Avant, je faisais surtout allusion à Naruto nii-chan mais en y réfléchissant, j'aimerais beaucoup qu'une personne que j'ai perdu il y a longtemps vienne me voir...
- Moi aussi...Enfin, il y a aussi une personne que j'ai perdu que j'aimerais revoir...Mais c'est impossible.
»

Mon interlocuteur baisse la tête avant de la relever, les yeux illuminés d'espoir tel un enfant devant son cadeau de Noël. J'esquisse un faible sourire, c'est encore un gamin visiblement malgré sa taille, il ne peut sans doute pas comprendre ma douleur. Pourtant, je le vois pleurer quand même, je tourne la tête, regarder un homme exprimer sa souffrance le rabaisse.

« Kaiza me manque. C'était comme un père pour moi...Mais dis-moi maintenant ! Qui est cette personne que tu veux revoir ? »

Je ne réponds pas malgré ses regards insistants, mon sang s'est soudainement glacé dans mes veines, je ne veux pas lui en parler...Il ne comprendrait pas. Je me lève et rendre à l'intérieur, laissant Inari en plant, je n'ai pas de temps à perdre ici. Demain dès que tout le monde aura quitté la maison, je partirai, je ne compte pas encombrer cette famille difficilement ressoudée avec mes problèmes. Je pars dans le coin que m'a réservé Tsunami pour le reste de la nuit. Je ferme les yeux mais je ne trouve pas le sommeil, sans le vouloir cet enfant a rouvert en moi des plaies que je pensais fermées depuis longtemps surtout pour quelqu'un qui n'a pas d'émotions...En apparence seulement. Au fond je sais que j'ai conservé un peu d'humanité, pour elle, ma soeur, je finis par sombrer dans les bras de Morphée mais il n'y a pas une seconde dans mon rêve sans qu'Izue y soit, j'y vois un avenir radieux en sa compagnie, tous deux devenus Shinobis, une guerre loin de notre univers...
 

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