Aujourd'hui c'est le grand repas de famille, j'aurais bien aimé me décliner mais en tant que candidat potentiel pour reprendre les rennes du clan - bien que ce dernier ne m'apprécie guère depuis les récents évènements - Mère a demandé à l'administration du village de ne pas me confier de mission pour l'occasion. Je suis donc contraint de rester dans ma chambre jusqu'à neuf heures pour trouver une tenue décente qui plaira aux doyens. Je pousse un long soupir, qu'est-ce que j'aimerais être ailleurs, les repas de famille sont souvent synonyme de règlement(s) de compte en vue des tensions qui règnent actuellement. Mère tient à ce que je sois parfait en ce jour, que ce soit au niveau de la tenue vestimentaire ou de mon comportement, même si elle reste assez froide envers moi lorsque les anciens sont à ses côtés, elle a déjà sous-entendu plusieurs fois que Jin ne devrait pas devenir le chef du clan. Dans son regard, je vois qu'elle le méprise, je sens qu'elle pense la même chose que moi : si toutes les accusations de meurtres sont posées sur mes épaules, le véritable assassin de Saitou et son géniteur ne peut qu'être Jin.

Le problème persiste cependant, même si Mère tient à repousser au plus loin la date de la désignation du chef en prétendant assumer pleinement les responsabilités qui pesaient sur son défunt mari, elle ne reste qu'une femme pour les doyens...Et pour eux, un individu de sexe féminin ne peut être apte à diriger un clan composé exclusivement de Shinobis. C'est parce que je ne veux pas décevoir la dernière personne vivante qui a toujours crû en moi que je fais tous ces efforts, sans elle je serais déjà parti de cet endroit. J'endosse un lourd kimono blanc avec une ceinture bleue azur avant de me rendre dans les cuisines, il paraît que je dois superviser les Hommes du secteur Ouest alors qu'ils s'occupent du repas. Lorsque j'entre dans la pièce, je lance un regard à gauche puis à droite, rien d'anormal...Je vais décidément me faire bien chi*r jusqu'à ce que tout soit fini. En passant près d'un comptoir en inox, je remarque la présence d'un plat de sushi, je souris, je ne peux m'empêcher de repenser à une certaine mission.


C'est un rude matin d'hiver qui s'annonce sur Kiri Gakure No Satô et ses environs et pourtant ça n'empêche pas les gens de sortir. J'attends mon cousin, Saitou qui est censé m'accompagner au sushi bar où j'ai été engagé pour la journée, lui part en mission de reconnaissance, il y a des jours où je l'envie sérieusement. On m'a conseillé de ne pas prendre mon katana, il paraît que j'en aurais pas besoin, personnellement j'aurais bien aimé l'avoir sur moi au cas où un client se montrerait trop désagréable avec moi mais bon, je me dois de respecter les décisions de Mère pour l'instant. C'est donc après dix minutes à attendre sous la neige qui tombe drue que je me rends avec mon cousin sur la barque qui nous permettra de quitter les lieux. Par chance, la glace n'a pas eu le temps de s'installer sur le lac qui borde le village et nous pouvons donc rejoindre les quais sans trop de difficultés.

Au moment où je sors, je ressemble plus ou moins à un bonhomme de neige mais pas grave, après avoir secoué mon kimono l'épaisse couche blanche finit par tomber et rejoindre l'autre masse au sol. Saitou me quitte en me laissant seul devant le sushi bar pas encore ouvert, si le gérant arrive à l'heure je devrais pouvoir rentrer me réchauffer d'ici dix minutes. Que le temps passe lentement quand on est seul à observer les passants qui marchent à rythme soutenu, croyant ainsi éviter le froid. J'aperçois alors un homme assez mince se diriger vers moi, des cheveux noirs et courts, des traits fins, le stéréotype du Japonais de base. Dans sa main droite, il tient une petite mallette marron, elle contient sûrement des ustensiles de cuisine.

Je décide de le saluer respectueusement, il me renvoie la pareille sans dire un mot et ouvre le restaurant. Il me fait visiter rapidement les lieux, je repère facilement les différents endroits où je dois travailler aujourd'hui mais je n'ai pas encore idée de tous les travaux qui m'attendent. La plonge déjà, je manque de grimacer, je déteste faire la vaisselle puis il m'emmène dans l'entrepôt où se trouve le riz et pour finir la salle de service. Après avoir enfilé le tablier qui porte le nom de l'enseigne, il me donne une grande carte, je tombe des nues...Il veut vraiment que j'apprenne ça en dix minutes ? Bon, on va essayer de s'y mettre. J'ai beau être des plus cérébraux de ma famille, je dois avouer qu'apprendre une cinquantaine de formules ainsi que les prix en dix minutes, je trouve ça relativement exagéré.

« Bon allez, tu vas pas te laisser abattre pour une mission de rang D, courage Kazuko ! »

Et voilà que je commence à me parler à moi-même, parfois je me demande si j'ai pas quelques soucis mentaux. Le bar ouvre officiellement ses portes quelques minutes plus tard, je prends directement ma place dans la cuisine où mon rôle est d'attendre que le riz soit cuit avant de transmettre le tout au boss'. Au début, ça paraît long mais ensuite tout s'enchaîne, non seulement je suis assigné à la place d'intermédiaire mais bientôt je dois endosser le rôle de serveur, décidément le patron est vraiment un sale radin. Enfin bref, dès l'arrivée des premiers clients j'attends une dizaine de minutes avant de les aborder pour savoir s'ils ont déjà choisi. La dame est assez indécise et finit par commander trois sortes de plats, c'est alors que je me rends compte que j'ai oublié d'éteindre le feu dans la cuisine. Merde ! Le riz doit être trop cuit maintenant, le patron va me tuer. Je fais mine de rien et retourne rapidement mais discrètement dans la cuisine, je constate qu'heureusement le cuisinier s'est chargé lui-même de venir chercher son riz. Je pousse un soupir de soulagement, je ne peux vraiment pas faire deux choses en même temps.

Par la suite je commence à prendre mes marques, je deviens plus rapide et mes méthodes de travail s'améliorent nettement, tout aurait pu être parfait mais bien évidemment deux heures après le début de mon service, une coupure d'électricité survient. Personne ne sait comment faire pour résoudre le problème assez rapidement pour que les clients ne s'impatientent pas, je prends alors mon courage à deux mains et me rends dans la cave. C'est assez poussiéreux, on dirait que personne n'y est venu depuis une dizaine d'années au moins, je marche à tâtons dans l'obscurité et cherche la boîte à fusible. Une fois que je l'ai trouvée, je l'ouvre et ne fait pas attention à l'endroit où je place ma main, j'y fais circuler mon chakra de nature foudre et j'entends un "Aaaah" venant d'en haut, j'en déduis que tout est de nouveau en ordre. Par malchance seulement, mon bras s'est assez violemment engourdi, on dirait bien qu'en plus de m'être pris une sale décharge en ne contrôlant pas assez bien mon chakra, je ressens les effets secondaires de l'utilisation de mon énergie plus tôt que prévu.

J'ai du mal à marcher, ma tête tourne et je ne capte plus rien de ce qu'il se passe, je finis par vaciller dans un coin de la pièce, ma main gauche va chercher une fiole de sang sous la doublure de tissu de mon kimono, il faut que j'agisse vite car je ne connais pas le contrecoup du Fuinjutsu que j'ai utilisé il y a quelques années et je ne préfère pas m'y risquer ici. Je retire habilement le capuchon et fait sortir la seringue avant de me piquer dans une veine...ou une artère finalement. Je retiens un grognement de douleur, j'ai juré que ça a craqué à l'intérieur, ça fait un mal de chien. Alors que je récupère à peine mes esprits, je vois la porte s'ouvrir et je me lève le plus vite possible alors que la tête du propriétaire fait son apparition, je retiens mon souffle...M'a-t-il vu ou simplement entendu ? J'espère bien que non.

« Bon allez ! Maintenant que t'en as fini là-dedans t'as le droit de reprendre ton poste, les clients attendant ! T'as aucun sens du commerce mon garçon, si je paye la Mizukage ce n'est pas pour que tu fasses je ne sais quoi dans la cave !
- Ou-oui, j'arrive tout de suite ! »

Sans perdre une seconde je remonte dans la cuisine où les odeurs me donnent désormais faim, il doit être environ treize heures maintenant, c'est l'heure à laquelle je mange actuellement. Je donnerais n'importe quoi pour avaler ne serait-ce qu'un seul sushi du chef mais pourtant je ne peux pas me permettre d'en voler un dans l'assiette d'un quelconque client. Le boss' est de retour pour me dire d'arrêter de rêvasser et d'aller servir les clients, qu'est-ce que c'est stressant dans un restaurant. Mon bras me fait encore mal, j'ai failli par plusieurs fois déjà laisser tomber les assiettes que je tenais en main cependant j'essaie de faire bonne figure pour que le patron soit satisfait de mon travail. Je suis presque sur les rotules, la transpiration coule de partout et pourtant ma journée de travail est loin d'être terminée, il faudra que j'écrive à un syndicat pour raconter mon horrible expérience.

Bref, je me dis que finalement ça pourrait être pire et puis au bout du compte, ça devient pire. Car oui, après une trentaine de commandes accomplies, on me retire brutalement ma veste de serveur et on me pousse dans une salle pas très accueillante ne serait-ce que par l'odeur, je comprends bien vite que je dois m'atteler à la dure tache de la plonge. Laver ça n'a jamais été mon travail ni celui de n'importe quel homme au sein du clan Ryuuseigun, même...Nous avons les moyens pour faire venir un entretien de ménage, je suis visiblement tombé bien bas. Quand j'ai terminé de tout nettoyer, je sors de la pièce où je dois de nouveau enfiler ma veste, le service recommence et mon estomac grogne de plus en plus fort, la tentation est trop forte...Quand personne ne regarde je m'empare rapidement d'un sushi dans l'assiette que je suis censé servir à une vieille dame qui me paraît plus ou moins sénile. Comble de misère, pour me punir de mon acte regrettable je manque de trébucher sur le sac d'une cliente et rattrape de justesse le plat, fort heureusement personne ne s'est rendu compte que l'absence d'un sushi.

Environ quinze heures désormais, j'ai toujours autant faim mais on m'annonce que tout se termine pour moi dans deux heures à peine, franchement c'est pas trop tôt j'ai envie de dire. La salle se vide, je pensais avoir un peu de tranquillité jusqu'à l'arrivée du prochain client mais dès que je compte rejoindre la cuisine pour éteindre la plaque de cuisson on me retire de nouveau ma veste et le patron me donne des tracts. Je le regarde une vingtaine de secondes de travers comme si je ne comprenais pas, il est pas sérieux là ?! Eh bien en fait si, trois minutes plus tard je me retrouve dans les ruelles du village ou sur les quais enneigés, à distribuer des publicités. Il fait froid et l'attitude des passants va avec le temps, glaciale, le contact a du mal à passer mais je parviens tout de même à me débarrasser les cinquante tracts qu'on m'a donné, une heure à dû passer maintenant, il est temps de revenir au restaurant même si j'hésite à m'asseoir quelque part et manger mais j'ai trop peur que quelqu'un me balance.


Rien de nouveau à mon retour dans le bar à sushi, j'ai dû reprendre mon poste et le nouveau service a commencé, une heure après j'ai pu partir et j'ai encore souvenir du bon repas chaud que j'ai absorbé à la fin de ma mission, franchement il y a des jours comme ça où je me dis qu'être Ninja ce n'est pas si mal, on voit différentes choses sous différents angles pas comme ceux qui travaillent sans arrêt au même endroit.

Beau RP, Kazuko ! Tu peux t'octroyer 5 + 1 (Qualité du RP) + 1 (Longueur) = 7 XP !