Une semaine s'écoula après l'entraînement de Tenjin. Yozo avait enfin retrouvé toutes ses forces. Mieux, il avait retrouvé du poil de la bête. Le fait d'avoir appris une technique aux effets ravageurs lui avait donné l'envie de faire des missions et d'essayer cette technique sur des adversaires qui en valaient la peine. Le soleil venait à peine de se lever que notre protagoniste était déjà à son bureau. Encore plus matinal que les jours précédents, il recherchait dans les archives quelques documents confidentiels qu'il se devait de cacher au Conseil. En effet, il vallait mieux pour lui de cacher tout ce qui concernait l'ANBU Racine de Danzô, membre du Conseil de Konoha. Le Rokudaïme connaissait bien la Racine. Certains collègues de travail ayant fait parti de l'ANBU avait failli être intégré à cette section illégale. D'autres avaient réussi à la quitter. Ils parlaient de méthode d'entraînement douteuses, à base d'électrochocs, d'illusions ravageant le cerveau, dans le but de soi-disant stimuler l'effort de celui qui s'entraîne. On tentait aussi via des sceaux de laver le cerveau des ninjas, afin de mieux les manipuler à sa guise. Rares étaient ceux qui quittaient vivants la Racine et encore plus ceux qui avaient encore leur cervelle à la sortie. En effet, les déchets, comme pourrait les appeler Danzô de l'organisation sont sujets à des expériences sur les réactions psychologiques avant d'être virés dehors, laissé exposé à la société, alors qu'ils n'ont plus rien d'humain. Déchiré mentalement, mutilé spirituellement, ils n'avaient plus de raison de vivre. En regardant le rapport expliquant le violent suicide d'un Jônin à Konoha durant une mission, Yozo repensa à tout cela dans un unique frisson qui parcourut son corps intégralement.

Tentant d'oublier tout ceci au plus vite, il parvint finalement à rassembler tous les papiers compromettants dans un seul dossier, document qu'il se chargea immédiatement de ranger dans un tiroir qui lui était réservé de telle sorte à ce que seul lui soit capable d'accèder au contenu. On toqua par la suite à la porte et rapidement Yozo referma le tiroir de son bureau en bois massif. S'installa péniblement sur sa chaise, il déclara à la personne ayant frappé à l'entrée de rentrer. La personne se présenta avec son nom de code. Il ne s'agissait ni plus ni moins que d'un ninja de l'ANBU, reconnaissable grâce à son masque à la morphologie animale. Malgré le fait que son visage soit caché par son masque, Yozo parvint à lire en l'ANBU un certain trouble, de par sa gesticule anarchique, ses mouvements trop inertes. Et rapidement, les soupçons du Hoshikuma se confirmèrent suite à ce que lui annonça le ninja masqué. Il déposa au préalable un rouleau contenant un rapport de mission, de haut rang à en juger par le grade du ninja qui venait s'adresser à notre protagoniste.

« Je reviens du pays des rivières pour vous annoncer mon rapport. Au Sud-Est du pays, dans une forêt près du littoral, nous avons découvert le corps d'une demi-dizaine de nos Chûnins. Lorsque nous avons vu mon camarade et moi l'état des corps, nous avons tenté d'abord de localiser une forte source de chakra dans les environs mais en vain. Les six Chûnins gisaient tous empalés au bout d'imposants piques de glace, le corps ensanglanté. En regardant de plus près, nous avons pu observé de multiples marques de lacérations très importantes, à telles points qu'elles ont mutilés de toutes parts les victimes. Certains d'entre eux étaient enfin brûlés sur des parties du corps, brûlant au passage leurs protections. Le Conseil en a profité au passage pour m'envoyer vous demander un service. Ou plutôt vous ordonner une tâche. Le Conseil de Konoha vous tâche en tant que mission de rang S de rechercher ces individus et une fois localisés, de découvrir leurs intentions avant de les supprimer. Le Conseil a estimé que ces ninjas sont une grande menace pour le village, car leur méthode opératoire est dangereuse dans la mesure où la plupart de nos déplacements ne peuvent plus être assurés, même avec les meilleurs de nos ninjas. Raison pour laquelle ils ont décidé de vous envoyer, Hokage-sama accomplir cette mission. »
« Merci pour ton rapport, tu peux disposer. »

Très discrètement le ninja de l'ANBU tenta d'apaiser ses tensions en serrant son poing et d'un geste militaire, il salua son supérieur en disparaissant dans un léger nuage de fumée.

« Hmpf... à ce que je vois, le Conseil veut me finir plus vite que par la torture de la paperasse ... et bien qu'il en soit ainsi ! Ca me fera la main comme ça. »

Se levant de son fauteuil, le Hokage s'étira un coup dans un geste presque habituel pour lui. Une nouvelle mission s'annonçait pour le fils de paysans. Il devait désormais se préparer avant de partir. Kawa no kuni était un petit pays certes limitrophe avec celui du feu, mais il n'empêchait pas néanmoins que Hi no kuni était un vaste territoire et que le voyage risquait de durer. Paradoxalement, cela permettrait peut-être au Rokudaïme de trouver des informations sur les meurtriers de l'escadron de Chûnins. Pour l'instant, les seules informations dont disposait notre protagoniste était que le groupuscule à l'origine du massacre maîtrisait le Hyôton. Yozo avait émis rapidement cette hypothèse dans la mesure où un individu de grande puissance maniant le Hyôton au point de créer d'énormes piques de glace n'irait pas s'amuser à jouer au spadassin par la suite. Le groupe devait travailler en équipe avec une synchronisation leur permettant de prendre en embuscade avec aisance le plus puissant des Chûnins. Organisés, certes, mais ils devaient forcement avoir un repère, un endroit où se reposer pour par ailleurs organiser un plan pour l'assaut d'une future cible. Tout ça donnait envie à Yozo de donner une sévère correction à la bande de par le fait qu'ils paraissaient forts et rusés. Cela rendrait ainsi la mission que plus palpitante. Mais pour l'heure, l'ancien Jônin devait auparavant se préparer en vue d'un long voyage et pour faire il rentra en premier chez lui.

Il sortit de son bureau et croisa quelques ninjas habitués des lieux. Certains rentraient de mission afin de faire comme l'ANBU de tout à l'heure un rapport de leur mission, d'autres, au contraire, venaient en chercher une. Les ninjas de Konoha ne cessaient de faire des missions, travaillant d'arrache-pied afin de satisfaire les besoins des plus grands. Yozo descendit ensuite plusieurs étages, dévalant à son rythme les marches des quelques escaliers avant de sortir du palais. Après une dizaine de minutes de marche, il arrivait au pied de la falaise des Hokages, où le palais paraissait déjà moins massif. Montant cette fois-ci des escaliers, il frôla de près la roche, la caressa par moment afin de s'aider à monter plus rapidement et se retrouva en vitesse au sommet. Comme toujours, la vue sur Konoha était toujours aussi saisissante. On parvenait à distinguer les différents quartiers du village d'un coup d'œil sur ce magnifique panorama où était situé l'Eiseinin. Mais Yozo n'avait que faire du paysage que lui offrait sa position sur la falaise des Hokages et continua sa route pour arriver chez lui cinq minutes plus tard.

Comme à son habitude, le domicile du Hoshikuma était soigné: propre, aucun vêtement ne trainait par terre, aucune bouteille de saké dont le contenu à terre avec à côté le liquide tâchant le parquet. Tout paraissait nickel, sauf à un endroit de la maison, c'est-à-dire le bureau. Depuis son retour à Konoha le Rokudaïme Hokage ne cessait de bucher sur ses bouquins. Malgré ses grandes connaissances en médecine, il n'arrêtait pas chaque soir, voir même chaque minute de la journée où il en avait l'occasion d'étudier avec acharnement l'anatomie humaine ainsi que les fonctions des différents organes. Parfois, on pouvait le voir lever les yeux au ciel, arrêtant sa lecture afin de visualiser mentalement l'intérieur du corps humain pour s'aider à la compréhension de l'objet de ses études. Arrivant enfin dans son bureau, Yozo esquissa un sourire qui lui donnait un air fier. La raison de cet enjouement fut ce pourquoi il était justement venu dans sa salle d'étude. Fouillant dans l'humus de parchemins, il trouva finalement une fiole en verre, à peine plus grosse qu'un pouce, dont le contenu était un liquide trouble; ce fut avec délicatesse que Yozo rangea l'éprouvette miniature dans l'intérieur de son kimono. Le Hoshikuma semblait accorder un intérêt particulier à la substance. Cela se voyait à son regard qui une fois sur deux, virait en direction de la poche intérieure de son kimono; le produit contenu dans le verre était donc important aux yeux du ninja.

Une heure s'écoula depuis l'arrivée du fils d'agriculteurs dans son pavillon. Entre temps, le shinobi de Konoha eut le temps de rassembler le nécessaire à son voyage de durée indéterminé: kunaïs, shurikens, provisions, carte détaillé du monde et de Kawa no kuni, tout semblait indiquer que Yozo était prévoyant. Il ne prenait pas sa mission S à la légère. Il connaissait les risques et les difficultés qu'occasionnait une mission d'un tel rang. Souvent le ninja médecin avait déjà pensé à l'éventualité de la mort au cours de ce genre de mission. Il l'avait frôlé tant de fois que désormais, il avait aquis une certaine prudence lui permettant une connaissance d'un minimum de précautions au cours d'une mission à risque. Attachant correctement son étui d'armes autour de sa jambe, ainsi qu'une sacoche autour de sa taille, Yozo était paré à partir. Il quitta sa chambre, la regardant une dernière fois puis se dirigea vers la pièce principale. Il prit son naginata, l'attacha à son dos et quitta enfin sa maison. Le shinobi referma correctement sa porte et une fois arrivé au bout de la falaise des Hokages, il regarda au loin la grande porte du village, ces deux immenses murs de bois séparant Konoha du monde extérieur.

Yozo était devant la sortie du village. Aujourd'hui, comme il n'y avait pas grand monde qui faisait des va-et-vient à l'entrée de la ville, le Hokage resta au milieu de l'ancien édifice, l'air nostalgique. Étrangement, il faisait un blocage. Un sentiment enfoui au plus profond de lui, au plus profond de son âme, lui donnait un mauvais pressentiment. Mais il n'avait pas le choix. Il ne pouvait pas fuir ses responsabilités de ninja. On lui avait confié une mission à haut risque dans la mesure où l'on comptait non seulement sur les capacités physiques du Hoshikuma, mais également sur son moral. Yozo avait cotoyé la mort durant un bon moment au cours de la guerre ninja. Ses capacités de ninja médecin furent mises à l'épreuve pour soigner les blessés de guerre. Chaque jour, il approchait de près les corps ensanglantés, la peau virant au noir, les plaies béantes, presque sans fond tels des gouffres. Et puis au de-là des blessures raisonnaient les cris de douleur. Pour les plus amochés d'entre eux, leurs râles s'étouffaient dans leur gorge transpercé ou bondé de sang. Les autres, dont les membres n'étaient plus que de simples extensions de leur corps meurtri par les coups, n'avaient que leur voix cassé pour couvrir la douleur avec les hurlements. L'ancien Chûnin avait donc après cette guerre, et surtout après la mort de son camarade, un moral et des nerfs d'acier. Pourtant, de toutes les blessures qu'il avait pu voir, une seule restait encore, malgré le temps qui ne pouvait la résorber ou la mort ne pouvant la couvrir. Cette plaie ouverte, c'était bien évidemment la perte de son équipier et ami Shojirô. Perdu dans ses méandres, les souvenirs du Hokage émergeaient une dernière fois, peut-être pour se donner d'une certaine manière ironique le courage de faire cette mission assez suicidaire. Soudain, la voix d'un vieil ami le fit se retourner presque immédiatement, tant il fut surpris de l'entendre à cet instant-ci.

« Hé Yozo-kun, qu'est-ce que tu fais ici ? Tu n'as pas du travail à faire dans ton bureau, maintenant que tu es Hokage ? »

C'était Ichigo. Lui aussi était un ami d'enfance, avec qui il avait fait connaissance dans son équipe numéro quatre, aux côtés du défunt Akayuki. Le membre du clan Akimichi, de par son embonpoint, paraissait en bonne forme, mais au final, il connaissait trop bien son camarade désormais supérieur à lui pour connaître ce qui tracassait ce dernier.

« Ah tiens, Ichigo-kun. En fait, je m'apprêtais à partir en mission, mais les souvenirs me sont remontés à la tête et comme à chaque fois, ça me tracasse de partir du village comme ça. »
« Je comprend, mais tu ne dois pas t'en faire. Tu as été choisi pour être le Rokudaïme Hokage, ce n'est pas pour rien. Les gens du village croient en toi Yozo-kun et moi aussi. Tout le monde a confiance en tes capacités et sait que malgré ton passé, tu as la capacité d'accomplir ton devoir de Hokage. »

Yozo n'avait pas besoin de l'entendre de la bouche du Jônin de son ancienne équipe pour comprendre que dans l'expression « tout le monde » Ichigo incluait bien entendu Shojirô. Et la raison pour laquelle l'Akimichi avait mis en flou cette désignation, c'est car il savait pertinemment que malgré les années, son ami n'avait toujours pas admis la mort de Shojirô et la rejetait parfois même assez violemment. Ainsi, parler de Shojirô veillant depuis le ciel sur Yozo aurait par conséquence équivaut à une sévère droite pour le Jônin. Ichigo posa sa main sur l'épaule de Yozo, en guise de tape amicale.

« Pars la conscience tranquille, Hokage-kun. J'irais sur la tombe de Shojirô-san pendant ton voyage et je prierais pour deux à lui. Si tu veux, je brûlerais même un encens, tant que ça te redonne la motivation de partir. »
« Merci, ça ira. Dans ce cas je n'ai pas qu'à partir l'esprit libéré. A bientôt Ichigo, et encore merci. »
« Les amis sont faits pour ça. »

Les deux hommes esquissèrent un large sourire pour se saluer. Le Hoshikuma paraissait une fois retourné en route vers son objectif plus serein. Peut-être était-ce parce que les paroles d'Ichigo étaient pleine d'affection, capables de réchauffer un corps même éteint depuis longtemps, trait commun des Akimichis. Maintenant qu'il avait l'esprit dénudé de toute forme de troubles, de souvenirs douloureux du passé, le ninja pouvait débuter sa mission en toute tranquillité. Vérifiant que sa fiole était encore présente dans la manche de son kimono, le Hokage se dirigeait désormais en direction du pays des rivières...

Après un long départ, où la nostalgie se mêla à la douleur morale, Yozo put enfin partir en mission. Dans sa discussion avec Ichigo, il trouva que son camarade du clan Akimichi avait changé en quelque chose qu'il n'arrivait pas encore à déterminer. Qu'importe, se disait-il, car après tout, il souhaitait que son ami et ancien équipier poursuivre sa mission sans prise de tête. Afin d'oublier ce qu'il venait de se passer devant la sortie du village, notre protagoniste exposa la situation de sa mission dans sa tête. Au Sud du pays des rivières, pays limitrophe avec Hi no kuni, une escouade de six Chûnins qui avaient pour but de rencontrer le Daimyô de Kawa no kuni pour des raisons diplomatiques, furent victimes d'une attaque. Le groupe qui lança l'attaque semblait très organisé, car il devait avoir une parfaite connaissance du lieu, ainsi que de la position des ninjas du village caché des feuilles. Par ailleurs, ils possédaient tous une particularité commune à la bande: la maîtrise de l'élément ninja de la glace, le Hyôton. Les corps furent retrouvés en effet empalés sur des piques de glace. Concernant cette affinité, Yozo savait qu'il allait devoir faire preuve de discrétion afin de pouvoir éliminer dans un assassinat les membres du groupuscule ayant lancé l'attaque. Son Suiton était inutile face au Hyôton, qui gèlerait sur place ses attaques d'eau. Alors qu'il avançait de branche en branche, sautant avec agilité et se contorsionnant de temps en temps afin que son grand corps évite de percuter une branche, le fils de paysans eut une illumination. Il savait que les meilleurs ninjas contrôlant le Hyôton étaient natifs du pays du gel, un pays dont le nom évoquait évidemment un puissant contrôle de la glace des ninjas composant ce pays. Un petit sourire se dessina sur les lèvres du Hokage; sa trouvaille limiterait grandement le nombre d'organisations ayant attaqué ses confrères Chûnins. Par ailleurs, rares étaient ceux qui désertaient ce pays, car l'obéissance des shinobis au chef du village caché du froid, le village rassemblant les forces armées ninjas du pays du gel, était presque sans faille.

De plus, la bande de truands comportait un ou éventuellement un sabreur, comme pouvait en juger les marques de lacérations brutales sur les corps des Chûnins. Cependant, Yozo tenait à aller sur les lieux de l'affrontement afin de pouvoir voir de ses propres yeux la situation qu'il avait à charge. Voilà pourquoi il se dirigea vers Kawa no kuni. Pour le moment, le jeune Hokage était encore au pays du feu, même si sa vitesse de course lui permettait d'avoir de l'avance. La route risquait d'être longue et il fallait du coup s'armer de patience avant de s'armer tout court contre une éventuelle menace. Heureusement, il avait pensé à prendre des provisions le temps d'une semaine. Aucune inquiétude de sa part quant à la disparition des piques de glace qui, avec le temps, risqueraient de fondre. Des ninjas d'un tel niveau ne pouvaient que créer des piques dont la température serait suffisante pour tenir le temps que Yozo arrive. Au rythme des branches, le Hokage avançait bientôt sur la frontière entre les deux pays. Le vent passait au travers de ses cheveux, une odeur boisée traversait ses narines, tandis qu'un air frais conservé par l'ombre des feuillages épais conservait à l'aise le corps du ninja de Konoha. Tout à coup, une perturbation se fit sentir dans la forêt, une présence humaine certainement. Notre protagoniste stoppa sa course et s'arrêta net sur une branche solide où il se stabilisa en posa sa main sur le tronc de l'immense arbre.

Un kunaï tenta de toucher le torse du Rokudaïme Hokage, qui immédiatement sortit son naginata afin de dévier la trajectoire du projectile. Le kunaï vint ainsi se planter à côté du Hoshikuma, en plein dans l'écorce de l'arbre. Suite à ceci, le shinobi de Konoha reprit le projectile et le relança à son tour, visant l'endroit d'où l'arme métallique avait été envoyé avec puissance. La pointe d'acier traversa quelques buissons avant qu'un bruit étouffé ne montre que l'arme s'était planté au sol. Une ombre bougea et les buissons refirent du bruit. Yozo sauta de sa branche et stoppa la course de son assaillant, qui n'eut d'autre choix que de s'arrêter également, la pointe aiguisée du naginata visant sa tête. L'homme ayant osé attaquer le Hoshikuma fut dévisagé par ce dernier: plus petit que le Hokage, bien évidemment, il avait préféré cacher son visage derrière une espèce de cagoule aux couleurs foncées. Tout comme son tissu lui couvrant le visage sauf les yeux, cachant par ailleurs son bandeau frontal, assez pour empêcher d'identifier son origine, ses vêtements étaient faits de couleurs foncées, idéal pour attaquer de nuit une cible où dans des coins sombres, comme ici dans la grande forêt du pays du feu. Indigo, noir, il n'avait pas spécialement envie de ressemblé à un clown bariolé de couleurs. Juste de tuer Yozo.

« Qu'est-ce que tu fais bonhomme ? Tu sais, tu risques de te blesser ici, avec toutes ces branches qui traînent n'importe où. »
« Ne me sous-estime pas, je suis venu te tuer, car une fois ton corps inerte, je toucherai une belle somme d'argent ! »

Ses intentions dévoilés, le shinobi sortit en un éclair un kunaï de son étui et donna un coup dans le trident de sa cible et prit du recul, son adversaire déstabilisé par le coup.

« Ne rêve pas trop, avec moi tu auras plus de chance de te faire du fric en gagnant à la loterie que de m'abattre ! »

Yozo distingua à travers quelques feuillages une silhouette sournoise et il vit également son adversaire bouger ses bras, certainement pour composer une série de mûdras, annonçant ainsi le lancement d'une technique. Et le ninja attaqua justement, bondissant de la végétation pour lancer une attaque aérienne.

« Mange toi-ça ! Katon, Housenka no jutsu ! » ( Element de feu, technique de la balsamine ! )

De la bouche du ninja sortit une bonne dizaine de boules de feu, aussi grosse qu'un ballon, filant toutes vers le Hokage. Grâce à son expérience, le ninja de Konoha en question connaissait cette technique. Malgré sa faible force de frappe, un ninja suffisament expérimenté pouvait profiter des projectiles contenus à l'intérieur des boules de feu pour surprendre son adversaire. Utilisant son naginata pour détruire une boule de feu, Yozo roula presque immédiatement sur le côté afin d'en éviter une autre. A toute allure, il se releva et fit un salto arrière afin d'esquiver une salve de trois pétales de feu. Malgré son agilité débordante d'énergie, il n'en empêcha pas moins que le Hoshikuma prenne un projectile ardent dans l'épaule. Il sentit une vive douleur lui dévorer la chair, lui créant une large plaie béante parcourant sa peau désormais ardente. N'ayant pas le choix, le Rokudaïme composa à son tour une série de mûdras et rangeant son trident derrière lui, il lança son Mizu Rappa. Ouvrant la bouche, il en sortit un jet d'eau hautement pressurisé qui en plus d'éteindre les boules de feu, stoppa la course des shurikens contenus dans ces dernières. Au passage, le jet d'eau parvint à toucher l'adversaire de Yozo qui, voyant que sa tentative d'attaque à distance venait d'échouer, se jeta sur le Hoshikuma, kunaï en main, pour tenter de l'attaquer au corps à corps.

Un fin rictus caché par le bruit des pas bruyants du shinobi au kunaï sortit de la bouche de Yozo, qui voyait que son assaillant faisait peine à voir. Ce dernier sous-estimait trop son adversaire, pensant qu'il devait changer de mode d'attaque en se basant sur l'esquive presque totale de l'Housenka no jutsu. Le mercenaire avide d'argent donna un coup de kunaï en diagonale en visant le bras droit de Yozo. Ce fut sans soucis que le Rokudaïme évita la lame, certes avec justesse, mais avec précision tout de même. Le personnage avide d'argent sembla alors rentrer dans une rage folle et continua le combat dans une furie de coups de kunaïs, tous en vain. Tandis que le truand avançait sur Yozo tout en s'essoufflant sur plusieurs mètres, son adversaire reculait en gardant le contrôle de son corps, évitant successivement chacun des coups le visant. Dans un énième élan de colère, le shinobi donna un grand coup de kunaï, en estoc, visant le bras droit de Yozo. Le Hokage, avec ses réflexes améliorés par ses techniques médicales, n'eut aucun mal à stopper le coup en bloquant avec une poigne d'acier le poignet du shinobi hostile. De son autre main, il badigeonna sa dextre dans sa blessure encore ouverte et pleine de sang, puis une fois qu'elle était pleine de sang encore chaud, il balança le liquide vital dans la face de l'homme au kunaï.

Aveuglé par une tâche de sang, il recula pour essayer de se défaire de cette situation assez ennuyante pour lui. Yozo lâcha prise sur le poignet du combattant qui jeta son kunaï à terre pour s'aider de son autre main. Reculant de quelques pas, le shinobi de Konoha courut avec violence sur l'homme cagoulé pour lui porter un coup d'une brutalité sans précédent dans l'affrontement qui les opposait. Un puissant coup de poing percuta en effet de plein fouet l'adversaire de Yozo, qui avait visé au niveau du nombril afin de faire perdre l'équilibre à son ennemi. Ayant utilisé son autre main afin d'empêcher le bonhomme de reculer suite à la violence du coup, les effets dévastateurs de l'attaque n'en furent que plus décuplés.

La balle était au centre, enfin, en quelque sorte. Après que Yozo soit touché à l'épaule, au point de saigner, ce fut son adversaire, venu le traquer pour toucher une prime, qui fut touché avec sauvagerie au ventre. Toussant puis crachant du sang dans une gerbe d'un rouge foncé, il n'eut même pas le temps d'affirmer sa douleur par un bruit. Pendant plusieurs secondes, il tenta de reprendre ses esprits, tellement le coup l'avait sonné. Il crachota encore un peu de sang, mais perdu trop de temps pour continuer le combat qu'il avait lancé pour tenter de s'enrichir. Dans sa vie, le ninja avait certainement du vivre d'assassinats de personnalités mises à prix. Les contrats durent s'enchaîner tout comme les bains de sang, ce qui fit naître une certaine fierté chez le personnage qui se sentait imbattable. Et aujourd'hui, il découvrait avec effroi que c'était le contrat de trop. Trouvant plus fort que lui, sa misérable existence s'arrêtait avec ses crimes et ses vices basé sur l'argent. Une fois ses yeux enfin exposé à l'air libre, il put voir une lance, un énorme javelot dont le bout était divisé en trois parties filer à toute vitesse sur lui. La vitesse et la puissance de l'arme lancé par Yozo fut comparable à une guillotine. Percutant la gorge du ninja, le trident propulsa ce dernier contre un arbre. Le naginata vint ainsi se planter dans l'écorce de l'arbre, ce qui maintenu l'homme maintenant embroché debout. Son sang l'étouffa bêtement, s'accumulant dans la partie supérieure de sa gorge, remontant ensuite à sa bouche. Le sang coula ensuite de ses lèvres qui tomba au sol par gouttelettes.

« Que c'est ironique. Toi qui faisait la grande gueule tout à l'heure, ton propre sang t'empêche désormais de parler, d'exprimer ta souffrance. Tu vas mourir ici même dans un silence des plus abominables. »

Et Yozo avait raison. Il s'approchait lentement de son adversaire qui n'allait pas tarder à mourir. Immobilisé sur place contre l'arbre, il n'avait pas d'autres choix que d'entendre les paroles de Yozo dont l'air amusé rendait le discours de son adversaire comparable à de grosses aiguilles s'enfonçant dans la chair. Le Hokage se mit ensuite à rire.

« Tu sais, c'est pas dans mes habitudes de lancer mon naginata comme on taperait quelqu'un avec un arc ou lancerait son épée. Mais bon, aujourd'hui, j'avais envie de m'amuser avec un branquignole dans ton genre qui pense m'abattre et se faire du fric grâce à ma mort. En plus, tu m'as fait saigner et mon kimono est déchiré maintenant, ce qui est assez regrettable. »

Attendant que le bonhomme s'éteigne, Yozo décrocha suite à la mort de son adversaire le naginata qui le maintenait cloué debout à l'arbre. Le choc lors de l'impact fut tel que le craquement des os et des nerfs désormais inutiles n'eut lieu que maintenant. La gangue de chair et de sang s'écroula alors au sol dans un léger fracas qui souleva l'espace d'un instant la poussière autour de lui. Une aura marron se leva ainsi autour du cadavre, dont la mort fut digne de son existence. Puis le ninja de Konoha se retourna et se remit en route vers Kawa no kuni, qui ne se trouvait plus très loin, ne se tournant même pas une dernière fois vers le cadavre dont la bouche déversait encore pendant quelques instants des flots de sang.

« En rentrant, va falloir que j'aille chez le tailleur, vu que ce bouffon m'a niqué mon kimono, en plus d'avoir souillé mon arme. »

Les jours passèrent. Depuis la mort du mercenaire qui avait choisi d'affronter à ses risques et périls le Hokage afin de se faire du fric, notre protagoniste avait traversé la frontière. Évidemment, il ne passa pas par des routes officielles, demandant un contrôle d'identité. Avec le retour de l'Akatsuki, ainsi que les tensions entre Ame et Konoha, le pays du feu avait décidé d'imposer une sécurité aux frontières afin d'éviter les invasions ou les attaques surprises. Mais cela ne pouvait empêcher un garde d'être corrompu par l'argent ou par d'autres moyens comme la pression. Un traître jouant dans deux camps et pouvant donner des informations en utilisant sa position stratégique dans le camp de l'ombre. Yozo redoutait cette éventualité, raison pour laquelle il empruntant un ancien sentier que la végétation avait envahi. Les arbres n'eurent pas mis longtemps avant de recouvrir totalement la colline où avançait le ninja. Désormais à l'intérieur de Kawa no kuni, le Hoshikuma n'avait plus beaucoup de route à faire. Le territoire était en effet parsemé de rivières et les transportations comme des barques étaient fréquentes. Certaines personnes avaient même profité de leur connaissance des lieux pour en faire leur métier. Ces derniers, une fois payés, guidaient les voyageurs à travers les rivières et marécages. Le Rokudaïme Hokage espérait justement trouver une de ces personnes afin qu'elle le mène vers sa destination.

Par chance, le ninja médecin parvint à trouver au bord d'un afflux d'eau une maison. Se dirigeant vers l'entrée, il remarqua que le terrain était boueux et que le bâtiment était en hauteur, ses fondations ressemblant à des racines rectangulaires, afin d'éviter que l'habitation ne s'enfonce dans le sol. L'ancien Jônin toqua par la suite à la porte et ce fut un vieil homme, dont la calvitie l'avait complétement rendu chauve, malgré sa longue barbe blanche. Le vieillard sénile proposa ensuite au voyageur qu'était Yozo de rentrer, à condition d'ôter ses sandales à l'entrée, en signe de respect et surtout pour éviter de salir le sol avec ses chaussures pleines de terre boueuse. Après avoir traversé un étroit couloir, notre protagoniste se retrouva dans une grande salle qui servait de salon mais aussi de salle à vivre. On pouvait remarquer que cette dernière était orné d'anciennes décorations, comme pouvait en témoigner par exemple les parchemins et les tapisseries au mur. Cela ne montrait nullement la richesse accumuler par le travail lucratif du vieil homme, mais plutôt l'héritage que lui avait laissé derrière ses ancêtres qui comme une photo pouvait en témoigner, exerçaient le même métier que lui. Le Hokage s'installa sur un coussin situé en face d'une table basse et s'assit en face de son hôte. Tandis que sa femme, qui paraissait aussi âgée que lui partait à la cuisine, certainement pour prendre à boire pour l'invité, son mari adressa la parole à Yozo.

« Je me nomme Shigekazu, de la famille Okato des marais. De génération en génération, notre famille guide les voyageurs dans les rivières et marais du pays des rivières, afin de vivre. Et vous, qui êtes-vous jeune étranger ? »
« Yozo Hoshikuma, Rokudaïme Hokage de Konoha. »
« Eh bien ! Je ne savais pas que les Hokages sortaient du village pour jouer aux aventuriers dans les marécages ! »

Les deux hommes rirent, même si Yozo riait moins fort que Shigekazu, son enthousiasme restait le même. Par la suite, au cours de la discussion, le Hoshikuma exposa la raison de sa venue dans un lieu si reculé.

« Il s'avère que notre village est confronté à une menace inconnue. Un escadron d'une demi-douzaine de Chûnins a été décimé dans ses terres. Afin de connaître plus précisément les circonstances de ce massacre, j'ai décidé de faire escale à Kawa no kuni. Le lieu de l'affrontement étant ma seule piste afin de découvrir qui a fait ça, j'ai conclu au passage qu'il s'agissait d'un groupuscule en provenance du pays du gel. »
« Hum ... je vois ... vous savez, si vous parlez de ceux aux quels je pense, alors ils n'en sont pas à leur coup d'essai. La région a été victime récemment d'une vingtaine d'attaques, la plus grande partie ayant abouti à un bain de sang dans la glace. »
« Vous êtes sérieux ?! »

Avec un meurtre en série sur le dos, Yozo ne pouvait pas tomber mieux. Les chances de retrouver le groupe ayant tués avec brutalité les Chûnins de son village augmentèrent. Comme Yozo l'avait déclaré précédemment, son unique indice restait le lieu du dernier meurtre. Mais Shigekazu et sa profession redonnait un coup de piston dans l'enquête de Yozo. Si les ninjas sévissaient dans la région de Kawa no kuni, cela signifiait par ailleurs que le champ de recherche ne serait que plus réduit. Le Rokudaïme Hokage était donc sur la bonne voie. Semblant plus réjoui, il sortit de son kimono une carte des environs et la présenta sur la table au sénile hôte qui l'avait accueilli sans soucis.

« Est-ce que vous seriez capable de me situer approximativement le lieu des massacres ? »
« On va dire que c'est votre jour de chance, vu que oui, car mon métier me donne lieu à un carnet d'adresse assez riche et même si ma famille et moi avons l'air coincé au milieu des marais, nous sommes au courant de tout grâce un vaste réseau d'informations qui circule de passeur des marais en passeur des marais. »
« Je vous remercie beaucoup Okato-san ! »

Quelques minutes plus tard, le passeur des marais, comme il aimait se surnommer de par sa profession assez peu connue du grand public rougit la carte de Yozo. De nombreux points furent petit à petit affichés sur le parchemin de papier, ce qui ravi à merveille le Hoshikuma. Une fois sa demande terminée, le Hokage regarda avec vigueur le plan et essaya de calculer, anticiper, déduire les mouvements de ses futurs adversaires. La femme de Shigekazu arriva et posa un plateau, composé de verres et d'un récipient en ivoire contenant du saké, sur la table. Son mari quant à lui, voyant que le voyageur était occupé, se leva et le laissa poursuivre sa démarche. Le passeur des marais entretenait également sa maison comme une auberge, afin de mener une meilleure existence.

Au fond de la salle, dans le cadre d'une porte, une petite silhouette se dessina dans la pénombre. Une masse de cheveux tombait sur la tête avec un corps aux silhouettes féminines mais encore juvéniles. Un petit regard comparable à celui d'un chaton, deux petits yeux bleus plein de vitalité et surtout de curiosité. Comparables à des saphirs luisant dans la nuit, ses yeux regardaient en direction du visiteur. Mais sa fine corpulence trahit ses intentions d'espionnage et emporté vers le sol, elle manqua de tomber. Après avoir trébuchée et évitée sa chute en s'agrippant avec ses mains fragiles au bord de la porte, elle se releva et voyant qu'elle avait attiré l'attention du Hoshikuma, elle s'excusa par quelques courbettes. Mettant sa main derrière ses longs cheveux, montrant un air gêné, elle prit l'initiative de se présenter, afin de se pardonner en quelque sorte.

« Excusez-moi ... je suis la petite-fille du monsieur qui vous a accueilli, je m'appelle Izumi ... »
« Hoshikuma Yozo, mais tu dois déjà me connaître, vu que je suis le Hokage d'Konoha. »

L'air désintéressé, il se retourna vers sa carte, tandis qu'Izumi continua de rougir. Elle se sentait gêné d'adresser la parole à un jeune voyageur, qui en plus était un bel homme. Yozo avait tout pour plaire: sa grande taille lui donnait de l'assurance, son air halé le rendait plus exotique, moins banal que le reste des hommes, tandis que son regard ténébreux accompagné de sa tignasse noire le rendait charmant. Izumi se retira, tandis que le Hoshikuma poursuivit ses calculs. Les minutes passèrent et le soleil se coucha, tombant du ciel aux teintes azurés, laissant sa place à l'astre lunaire d'un blanc livide, siégeant au cœur d'un monde de ténèbres. L'odeur du souper s'installait progressivement dans le salon tout comme la nuit. Le nez du Hoshikuma n'en fut que ravi et suite aux odeurs, le ventre de Yozo se manifesta par d'incessants gargouillements. L'appétit prenant le dessus sur la concentration, Yozo conclut à la va-vite mais ayant suffisamment travaillé, il avait réussi à localiser un périmètre d'action de l'unité et éventuellement quelques points leur servant de base de fortune.

Il plia alors la carte, rangea son stylo, le tout dans la manche de son kimono, et une fois son parchemin plié, il se leva et déclara à Shigekazu qu'il s'absentait quelques instants. Il prit son naginata qu'il avait laissé avec ses sandales et se dirigea dehors. Le vieil Okato lui répondit qu'il n'y avait aucun soucis, cependant Yozo devait rentrer à l'heure pour manger, autrement son repas serait froid. Se sentant comme chez ses grand-parents, il accepta sans broncher et bien au contraire, il dessina un léger sourire affectif sur ses lèvres. Quittant l'auberge, le Rokudaïme Hokage s'entraîna un bon quart d'heure avec son naginata, travaillant divers katas. Son style n'avait aucun nom particulier, comme il l'avait tant répondu à des intéressés. Donnant des coups d'estoc contre un tronc d'arbre solide, il se rappela du jour où il avait acquis cette arme. C'était au cours d'une mission S où sa coéquipière l'avait planté. Le Hokage avait affronté avec le soutien de son escouade de gardes du corps de l'ANBU un mercenaire armé de ce trident. Malgré sa bonne maîtrise de cette lance à trois lames, il fut battu par le Hokage qui après sa mort s'acquitta son arme, en guise de récompense.

Ce soir, afin d'entretenir en quelque sorte la mémoire du défunt, mais aussi pour s'entretenir tout court, notre protagoniste utilisait sa lance pour s'entraîner. Tapant comme un forcené avec une précision digne d'un ninja contre une cible qui fut par malheur le massif tronc d'un pauvre arbre, il donnait des coups à répétition, sans s'exténuer. Aucun signe de faiblesse ne le trahissait, pas même un surplus de sueur s'écoulant des pores de sa peau. Une fois son second souffle en place, pas une fois il s'essouffla, pas une fois il s'arrêta à cause d'un point de côté. Pourtant, en cette nuitée, Yozo n'avait pas mis en œuvre une partie de son chakra pour booster ses compétences. Plus les copeaux d'écorce volaient en éclat au milieu des mouvements du fer faisant des va-et-vient contre le bois, et plus le Hoshikuma se sentait motivé. Jamais il ne pensait avoir acquis une telle endurance. De temps en temps, il donnait des coups de lance retourné, effectuant une rotation semi-complète ou totale avant d'aller percuter violemment le bois qui cédait à peine. Parfois, il sautait également et dans sa chute, le coup porté à l'arbre n'avait semblait-il causé de dégâts qu'au cœur de l'âme de l'arbre dont la sève qui ruisselait faiblement prenait des aspects de larmes. Soudain son épaule lui lança et le Hokage se souvint du combat qu'il avait mené quelques jours auparavant contre un ninja effronté qui pensait que ses convictions le menant à la richesse lui permettraient de vaincre son adversaire. Même si sa défaite fut cuisante, il laissa une belle plaie dans l'épaule droite, dont le contour était légèrement brûlé, étant donné que la raison de cette blessure était un ninjutsu d'affinité Katon.

Le ninja médecin concentra alors son chakra dans sa main et une aura d'un vert de jade apparut. Sa dextre s'illumina d'une lueur et il s'en servit au passage pour s'éclairer dans l'obscurité. Le Shôsen no jutsu soulagea la douleur, détruisant les tissus morts ainsi que tout micro-organisme pathogène. Il semblait revivre, tandis que ses brûlures s'apaisèrent. Sans avoir recours à son jutsu médical, il se retira la croute de sang qui s'était formé et durci au fil des jours, afin de laisser respirer les pores de sa peau qui n'avaient depuis quelques temps apprécié la fraîcheur de l'air. Une demi-dizaine de minutes après, la source lumineuse verdâtre s'affaiblit dans la nuit et laissa son maître sombrer dans la pénombre une fois encore. Son épaule allait beaucoup mieux. Par ailleurs, le fait que son kimono soit déchiré à l'endroit de la blessure l'arrangeait un peu, car une légère brise relaxait la blessure du Hokage. Près à reprendre du poil de la bête, le Hoshikuma posa son autre main correctement sur le manche en bois de son naginata et reprit les enchaînements et son entraînement. Dans une danse frénétique, les coups se succédaient dans un rythme infernal, celui du naginata percutant vivement le bois, du pouls des tempes battant violemment sous l'impulsion de l'adrénaline, mais également de la dopamine. Yozo se plaisait à dépenser corps et âme dans un lieu serein où personne, même le Conseil de Konoha, ne viendrait l'ennuyer. Pourtant, une petite personne vint se permettre de déranger le Hoshikuma ...

« Yozo-san ! On vous attend pour aller manger ! Vous venez nous rejoindre ? »

C'était Izumi. Devant le seuil de la porte, elle surprit son invité, le front perlé de sueur. Elle rougit un peu, puis voyant que Yozo emboitait le pas pour rejoindre la petite famille et rentra presque immédiatement dans l'auberge. Portant la manche de son kimono à son front, notre protagoniste rentra souper et s'essuya son front humide. A table, un festin de roi attendait le Hokage, qui fut gêné de tant d'honneurs. Il n'était qu'un simple voyageur venu passer la nuit et se faire conduire auprès de ses défunts camarades, et on le considérait comme un grand seigneur. Du moins, il voulait négliger le fait qu'il était le chef d'un village caché et se contenter d'être un homme parmi tant d'autres. Malgré son grade, que l'on pouvait qualifier de suprême dans la hiérarchie ninja, Yozo se considérait encore loin du chemin qui lui permettrait d'accéder à la caste des grands héros du village. De toute façon, des obstacles invisibles lui empêchait pour l'instant d'arriver à cette condition. Perdu dans ses méandres, notre protagoniste fut rapidement rappelé à l'ordre par Osugi-san, épouse de Shigekazu-san. Elle servit alors à tout le monde le repas, composé de poulet et de riz, le tout assaisonné d'une succulente sauce au curry, dont le parfum relevé salivait d'envie le fils de paysans. Jamais il semblait n'avoir manger un tel plat aussi simple que délicieux.

Mangeant à sa faim, sans pour autant dévaliser la maison, le Hokage se rassasia en un rien de temps. On le resservit sans son accord de riz, chose qu'il ne refusa pas malgré le fait qu'il ralait un peu à chaque louche qu'on lui ajoutait dans son assiette. Au même moment, il discutait avec Shigekazu de tout et de rien. Yozo raconta les circonstances de son élection au titre de Hokage, comment il avait quitté la campagne et abandonner la faucille pour devenir un ninja ayant été formé aux arts ninjas médicaux, comment il avait vécu son examen de sélection des chûnins. Tous ceux présents autour de la table restait capté aux histoires du jeune homme. Même s'il n'était pas un éminent membre du clan Hyûga, ou bien un fils de seigneur ayant suivie une grande éducation, l'épopée du fils d'agriculteurs plaisait aux hôtes. Son périple dans la vie semblait semé d'embûches, et ne pouvant que compter que sur lui-même et sa puissante volonté de réussir, il avança et brava le destin que les gens lui avaient trop rapidement attribué.

Lorsque ce fut au tour du vieillard de raconter ses aventures, Yozo restait étonné. Il écoutait avec attention Shigekazu, qui raconta comment il avait changé de vie, abandonnant son poste de samuraï à simple passeur des marais. il lui expliqua les raisons de sa fugue de la maison familliale, qui comme il l'avait déclaré lors de l'arrivée du Rokudaïme, occupait la fonction de passeur des marais depuis des générations. Turbulent, il était également arrogant durant sa jeunesse. Au lieu de mener dans une vulgaire barque en bois des inconnus dont la tête ne lui revenait pas, il préféra quitter abandonner le destin qui lui était promis pour se diriger vers Tetsu no kuni. Là-bas, il parvint avec difficulté à devenir un samuraï, mais la ténacité dont il faisait preuve pour passer les épreuves de la vie était telle que le jeune homme qu'il était semblait n'en avoir pas eu assez. Armé d'un katana nommé Kuroyuki, sombre neige, il fut accepté dans le clan des Shimmens, grande famille de Tetsu no kuni, dont les batailles ne parvenaient plus à se compter sur les bouts des doigts. Shigekazu gagna ainsi la première partie de sa vie à faire justice aux opposants des Shimmens, faisant couler le sang pour faire régner la prospérité. Yozo fut surpris de voir pourquoi le pays du fer, nation neutre à tout conflit avec le reste du monde, composé uniquement de pays ninjas, puisque ces derniers n'avaient pas cessé les hostilités entre clans depuis la grande guerre des clans datant de la nuit des temps. Même si ces guerres de clan ne cessèrent qu'un peu plus d'une décennie avant l'ère actuelle, les tensions entre les clans se sentaient encore. Cependant, comme Shigekazu le souligna, l'unité du pays du fer était marqué par la puissance des samuraïs encore vivants qui le composait. Parmi eux, se trouvait le passeur des marais.

Il avait acquis en maturité, et ceux dans le plus grand paradoxe. En effet, il devint plus mature et grandit dans sa conscience dans les champs de bataille, semant la souffrance et la douleur dans le camp adverse. Au fil des affrontements, le jeune homme grandit et devint un adulte qui comprit le véritable sens de la vie et plus que tout, en faisant naître dans sa tête l'idée selon laquelle la guerre est inutile. Ce à quoi Yozo sourit le plus discrètement, cachant en réalité un petit rire sarcastique. Le Hokage savait très bien que la guerre ne pouvait définitivement s'arrêter, que même si la paix plongeait les gens dans un état de joie constante dont il était difficile de quitter, la guerre était un fléau qui revenait sans cesse. Pourtant, il laissa Shigekazu continuer comme le vieillard avait fait de même. Lorsque la sagesse du samuraï en question atteint son paroxysme, il prit donc la décision de retourner sur ses terres d'origine. Et en guise de contrainte, le samuraï renégat s'imposa de rentrer à pied, le trajet le menant à la maison familiale étant long. Puis à son retour il s'expliqua avec les siens et redécouvrit une parcelle de son âme qui était resté coincé à Kawa no kuni et devint le passeur des marais qu'il est aujourd'hui, abandonnant le sabre et l'omniprésence du sang pour le troquer avec une rame ainsi que la tranquillité des rivières.

Le repas terminé, le convive fut invité à prendre une douche. Ne refusant guère, il apprécia l'eau froide retendant sa peau et le décrassant des poussières accumulés au cours de son voyage depuis Konoha. Puis le jeune homme se coucha dans une chambre pour les voyageurs, où la fenêtre ouverte laissait s'échapper un filet d'air frais, ce qui conserva à température idéale le Hokage. Son sommeil ne fut que facilité. Fermant les paupières, il se plongea dans ses rêves les plus profonds. A son réveil, après une bonne nuit de sommeil, le Hoshikuma fut réveillé aux aurores par les rayons du soleil. Shigekazu était déjà réveillé lorsqu'il arriva à la salle à manger. Ce dernier semblait l'attendre. Yozo accepta avec joie le déjeuner qui lui était proposé. Mangeant de bon coeur comme la veille au soir, il vida rapidement le bol qui était en face de lui et Osugi-san s'occupa de le laver. On incita ensuite le Hokage à aller se débarbouiller le visage à la salle de bain, chose qu'il ne refusa guère. Après avoir fait un tour à la salle de bain, se sentant plus propre, Yozo était prêt à partir. Il rassembla tout d'abord le peu d'affaire qui lui appartenait dans l'auberge et salua tout le monde, remerciant plusieurs fois Osugi et Izumi de la qualité de leur auberge et des petits soins portés au Rokudaïme. Sortant de sa poche une petite bourse contenant la somme à payer, qui paraissait bien maigre comparé aux services rendus au payeur, Yozo déposa l'argent sur la table et partit sur la barque en compagnie de Shigekazu.

Tout à coup, alors que les deux hommes s'apprêtaient à monter dans l'embarcation de bois, Izumi sortit de la maison en trombe et arriva vers eux en courant. Elle souhaitait d'après ses dires amener Yozo à l'endroit où il se rendait à la place de son grand-père. Avec ses yeux de biche, elle donna parmi ses quelques arguments à Shigekazu qu'elle souhaitait dès maintenant poursuivre la voie des Okatos et s'exercer au métier de passeur de marais. Shigekazu céda alors à sa petite-fille, qui paraissait bien connaître le coin comme son grand-père. Les deux Okatos échangèrent leurs places et la barque ne tarda pas à quitter le quai de fortune. S'en suivirent les adieux, jusqu'à ce que la brume empêche de voir les gestes de la main de Yozo. Tandis que notre protagoniste restait assis sur la barque, Izumi elle restait debout, maniant la rame à la perfection, malgré son jeune âge. Dans le silence des marécages, ils avancèrent ainsi paisiblement jusqu'à l'endroit où furent massacrés les quelques Chûnins appartenant au village caché de la feuille.

Voilà maintenant un bon quart d'heure que Yozo ainsi qu'Izumi, petite-fille du passeur des marais Okato Shigekazu étaient sur un des nombreux cours d'eau de Kawa no kuni. La jeune fille, qui avait à peine atteint la majorité, fait difficile à accepter à cause de sa petite taille, comparé à la moyenne et non pas comparé à Yozo avait pris l'initiative d'amener le Hokage en personne vers l'endroit où un groupuscule de ninjas maniant le Hyôton en provenance du pays du gel avait massacré une demi-douzaine de Chûnins. Traversant les marais, gorgés d'eau par l'abondance de rivières, la barque avançait lentement. Au cours du trajet, Izumi expliqua à Yozo qu'il était impossible d'utiliser un moteur dans cette région, à cause des algues empêchant les pales de tourner. De ce fait, les passeurs de marais font avancer depuis toujours leur bateau à la rame, ainsi qu'à la seule force de leur bras. Par chance, il y avait aujourd'hui un peu de courant, et la jeune fille n'avait pas besoin de trop forcer pour que la barque bouge. Elle se contentait de donner quelques coups de rame ici et là, afin que la barque ne parte pas vers le bord ou pour lui donner un coup de peps. Les minutes passèrent et la barque s'arrêta net. Izumi donna encore quelques coups sur le côté pour amener l'embarcation sur la rive, puis elle sauta avec agilité sur le sol ferme pour accrocher son petit bateau à un arbre à l'aide d'une solide corde.

Le ninja médecin fit de même, bondissant d'un coup pour revenir à la terre ferme. Le lieu du massacre n'étant pas à proximité du cours d'eau, il fallait encore parcourir une bonne centaine de mètres à travers la dense végétation pour parvenir à destination. Alors que le Rokudaïme s'apprêtait à sauter sur une branche pour avancer d'arbres en arbres, évitant d'être freiné par un quelconque obstacle, une petite main blanche vint le stopper. C'était Izumi, et son regard indiquait qu'elle avait bien plus d'assurance que lors de leur première rencontre, où elle avait épié inconsciemment le Hokage. Cependant, elle n'avait pas encore assez de courage pour s'empêcher de rougir à la vue du charmant ninja qui se tenait devant elle. Elle n'avait pas encore la force d'avouer les sentiments qu'elle avait pour ce bel homme, dont le physique radieux n'apparaissait pas tout les jours devant chez elle pour sonner à la porte. Tandis qu'elle retira lentement sa main du dos du ninja de Konoha, ce dernier se retourna et demanda:

« Qu'est-ce que tu me veux encore ? »
« Rien Hoshikuma-san ... en fait, j'ai un peu peur de rester toute seule ici, dans la brume, à vous attendre. Alors je voudrais savoir s'il serait possible de vous accompagner, afin que je ne me retrouve pas toute seule ... »

Yozo soupira discrètement. Il n'avait pas l'habitude de voyager avec une femme, surtout s'il s'agissait plus d'un fardeau que d'une aide précieuse. Malgré sa connaissance quasi-parfaite des lieux, son anxiété était trop forte pour qu'elle soit utile au Hokage. De plus, il paraissait évident que pour une adolescente de son âge, qui n'avait connu que la tranquillité des marécages, la vue des corps sans vie et gisant le ventre percé par une énorme lance de glace ne pourrait que la rendre plus terrorisé qu'à l'heure actuelle. Mais qu'importe, elle voulait quelqu'un pour rester avec elle, tant pis si elle devait avoir peur, de toute façon, qu'elle reste seule ou accompagné en présence de cadavres, un soutien ne lui ferait pas de mal. C'est ainsi que notre protagoniste répliqua, dans un second soupir:

« Bon ... si tu veux, mais dans ce cas, pas un bruit, et pour pas me ralentir, tu monteras sur mon dos, je te porterais pour pas avoir à t'attendre derrière moi. C'est compris ? »
« C'est bien clair ! répondit-elle, dans un petit sourire, Je monte sur votre dos Yozo-san et pas un bruit ! »
« Voilà, c'est ça. »

Se sentant un peu gênée à l'idée de monter sur le dos d'un Hokage de Konoha, comme si la monture et le prince ne faisait qu'un, Izumi rougit légèrement et s'agrippa au kimono de Yozo. Ce dernier resserra son obi, ceinture qui maintenait son kimono puis se releva droit comme un piquet avant de sauter dans un arbre, un poids supplémentaire lui encombrant désormais le dos. Puis le tandem avança à toute allure, le vent leur passant à travers les cheveux, les feuilles leur caressant également la chevelure. Silencieuse, Izumi restait accrochée au Rokudaïme Hokage. Jamais elle ne se sentait aussi libre, mouvant au rythme des branches, au travers des arbres, suivant le vent à leur gré. Puis les arbres s'écartèrent, laissant plus de place pour qu'une petite plaine se forment devant les yeux de Yozo et d'Izumi. L'air était bien plus froid que précédemment, ce qui mis la puce à l'oreille du ninja. Ce dernier sauta sur une énième branche avant de retomber au sol, faisant descendre au passage la jeune fille de son dos. Elle posa donc ses pieds au sol et resta derrière le Hokage, observant avec effroi le spectacle qui se tenait devant elle;

Les meurtriers des Chûnins ici présents étaient de fin utilisateurs du Hyôton. En temps normal, il y aurait longtemps que les énormes piques de glace surgissant du sol pour empaler les cadavres auraient du fondre. Pourtant, grâce au puissant chakra utilisé par le groupe du pays du gel, ils étaient encore présents. Les corps sans vie étaient eux aussi présents. Par chance, le puissant froid de la glace les conservaient de la putréfaction. Ainsi, lorsque le Hokage se dirigea vers eux pour examiner les macchabées, il ne sentit pas encore l'odeur habituelle du mort. Tant mieux. Izumi se laissa en retrait, s'installant à l'abri du spectacle morbide. Pendant ce temps, le ninja médecin examina soigneusement chaque corps, regardant de près les blessures causés à l'arme blanche. Les plaies semblaient profondes et larges. Il était aisé pour un Eiseinin comme Yozo de conclure que l'arme du crime était un katana. Cependant, il ne fallait pas conclure trop rapidement. L'angle et l'inclinaison des coups semblait indiquer aussi la présence d'un second katana. Le spadassin de l'équipe possédait donc deux sabres. Avoir en sa possession deux katanas signifiait de plus que l'on était à l'aise au Kenjutsu. Car manier deux sabres en même temps, c'est un peu comme écrire de deux mains à la fois.

Izumi observait désormais Yozo. La jeune fille remarquait avec quelle finesse son prince faisait preuve pour ausculter les morts. Elle remarqua également à quel point il faisait preuve de sang-froid, du fait qu'il n'était pas effrayé par la présence de corps sans vie, tailladés de partout. En même temps, elle se rappela dans sa tête qu'elle avait affaire à un ninja, qui très certainement avait connu la mort, l'avait causé, l'avait côtoyé. Notre protagoniste, quant à lui, finissait ses observations. Il essayait de trouver une piste le menant aux meurtriers de ceux qu'il avait en face. Après avoir finit l'autopsie superficielle des cadavres, il tentait de chercher un indice, un objet appartenant à l'un des membres de l'organisation. Fouillant sur les corps, examinant chaque poche et creux susceptible d'accueillir un objet, il chercha ensuite autour des piques de glace. Izumi vit alors le Hoshikuma se courber, se baisser sur le terrain dénudé d'arbres. Dans un élan de bonté, elle se leva en s'aidant de ses mains et se dirigea vers le Hokage pour l'aider dans sa recherche. Elle ne savait pas vraiment ce qu'il cherchait, cependant elle souhaitait lui donner un coup de main. Elle rejoignit alors le shinobi de Konoha et se mit à la recherche d'un quelconque objet qui n'avait pas sa place dans cet endroit.

Finalement, la recherche fut un succès. Ni Izumi ni Yozo était capable de dire combien de temps cela avait pris mais pourtant, ils y étaient parvenus. Un peu en retrait du champ de bataille, Yozo trouva un objet fabriqué par la main de l'homme. Avec délicatesse, il leva l'objet afin d'éviter que la preuve du passage du groupe ne tombe au sol et explose en milles morceaux. Puis il fit tourner le récipient, fait semblait-il en céramique et l'examina de plus près. C'était une gourde. Le nez du Hokage fut mis à l'œuvre mais ce fut surtout le sens gustatif qui fut utile à cette analyse. Yozo passa son doigt à l'intérieur de la gourde, puis fit la moitié d'un tour pour récolter le liquide. Il porta enfin la substance à sa bouche et il gouta. Tout semblait concorder. Le ninja du village caché de la feuille se dirigea lentement vers Izumi et lui déclara:

« L'un d'eux a laissé une gourde de saké. Est-ce qu'il y a un endroit proche d'ici où on peut boire de l'alcool ? »
« Pas à ma connaissance. Ici, il n'y a pas grand monde qui traîne ici. A part notre auberge, il n'y a rien. »
« Mince ... ma seule chance de les coincer s'envole ... En même temps, ce serait trop beau qu'ils viennent s'arsouiller juste à côté avant de massacrer ce qui passe en face. Même s'ils ont commis l'erreur de laisser une trace de leur passage, autre que les piques de glace, ils restent assez organisés pour avoir un repère loin de leur point d'attaque, de telle sorte à éviter d'être débusqué dans leur base. »
« Par contre, il y a la Kiba no toshi. »
« La cité des crocs ? »
« Oui, la Kiba no toshi. C'est en quelque sorte l'équivalent d'un village caché. Il y a quelques années, il s'est construit des bases de Nukenins de rang S. Mais à leur mort, une terrible exécution du village de la Brume Sanglante, l'argent qu'ils avaient amassés au fil des contrats est restée dans leur repère. Des commerçants ont un jour trouvé cette colossale somme au cœur d'une grotte et ont décidé de bâtir cette ville. La cité fut construite au beau milieu d'une chaîne de montagnes pointues comme des crocs, d'où le nom de Kiba no toshi. Cependant, seuls de rares élus pouvaient accéder à cet endroit. Les familles des commerçants, leurs proches ainsi que leurs amis se sont donc bâtis un empire financier au cœur des montagnes. Comme il y avait des ninjas parmi eux, ils bâtirent leur cité au centre du lac situé au centre des pics. Aujourd'hui, il y a de nombreux ninjas chasseurs de prime ainsi que déserteurs repentis qui y vivent là-bas. »

La cité des crocs semblait être un axe idéal pour Yozo. De toute façon, Kawa no kuni était un pays assez petit et pommé dans ses rivières et marécages. A part le village caché des artisans et des sources chaudes, qui étaient plus loin que la Kiba no toshi du lieu des meurtres. Par ailleurs, la façon dont parlait Izumi de cette vaste ville caché dans les roches pointues soulignait le fait qu'il était aisé de récupérer des informations sur n'importe qui dans cette cité. Il paraissait même logique que le groupuscule recherché par le Hokage ait installé sa base dans un appartement de la Kiba no toshi. Essayant de creuser cette piste, Yozo interrogea une fois encore Izumi:

« Est-ce qu'il est probable que cette cité accueille également des ninjas indépendants de leur pays, des extrémistes ? »
« Oui. Je vais souvent à la Kiba no toshi afin de faire les provisions pour l'auberge. J'ai vu de nombreux Nukenins, de grande renommée mondiale. Mais étrangement, ils ne m'ont rien fait. J'avais le sentiment d'être en sécurité. Un commerçant qui commençait à s'installer dans la ville m'a déclaré qu'il existait une loi aussi simple qu'efficace. Là-bas, aucune hiérarchie particulière, les commerçants sont rois. Ils ont décrété que s'il venait à y avoir un conflit, le responsable serait châtié par les ninjas de la Kiba no toshi. Et étrangement personne n'a jamais contredit cette règle étrange. Les déserteurs se tuent entre eux pour respecter la loi. Mais ça, c'était il y a quelques années. Maintenant, les extrémistes se font petits, car là-bas, de puissants ninjas se sont faits un nom en tuant les malfrats. On les appelle les Heinin. »
« Intéressant, ça ne sera que plus facile pour la collecte d'informations sur le groupuscule ... pourtant, il va falloir que je sois discret dans le coin. Sinon, même si Kiba no toshi est leur repère, ils doivent avoir dans le coin des planques de secours, au cas où ils sont débusqués. Est-ce qu'il y a un moment donné de la journée, ou bien de l'année, carrément, où les portes de la ville sont fermés ? »
« Si je me souviens bien, une grande fête sera organisé dans neuf jours. Elle célébrera l'anniversaire de la création de la cité des crocs et à l'occasion, il sera impossible de rentrer ni de sortir de la ville au coucher du soleil. »

« Yoshimitsu-san ... j'ai localisé une grosse source de chakra aux alentours de l'endroit où nous avons tendu l'embuscade aux ninjas de Konoha. »
« Apparemment, Konoha n'en a pas eu assez ... ils n'ont pas compris que dans la guerre, il faut savoir choisir le moment idéal pour frapper, afin que le choc soit suffisamment puissant pour ... »
« Ça suffit, Gonkurou, on a pas le temps pour les leçons de morale. En plus, si on commence dans une dispute comme d'habitude, Hayato va devenir dangereux et ça ne fera qu'empirer la chose. N'oublie pas la dernière fois, il a failli tuer Matahachi... »
« Pourquoi n'y va-t-on pas Yoshimitsu-kun ? On a envie de s'amuser nous tu sais ! »
« Tout simplement car ça n'en vaut pas la peine. Avec la distance, Hayato ne sait pas combien de personnes il y a exactement. Il s'agit surement d'Oinins ou bien des ninjas de Konoha chargés de ramener les corps à leur pitoyable village. En plus, si cette source de chakra correspond à un seul ninja, c'est trop tard, nous sommes trop loin désormais pour relancer une embuscade. Rentrons à la Kiba no toshi. »

Notre protagoniste sourit. Il lui restait suffisamment de temps désormais pour se préparer et découvrir plus précisément qui devait-il botter le derrière. En une semaine, il serait capable de faire suffisamment de progrès. Faisant signe à Izumi d'y aller, il se tourna dos à elle afin qu'elle puisse justement monter une fois encore. Il se retourna encore une fois et regarda le spectacle désastreux. Les piques de glace, les cadavres jonchant au pic de ces lances de gel ... Yozo souhaitait éviter ce carnage au cours de son affrontement qui se déroulerait prochainement au cœur de la Kiba no toshi. Pour cela, il décida de s'imposer à la Kiba no toshi, où il passerait les huit autres jours, un entraînement lui permettant de contrer sa faiblesse du Suiton face au Hyôton. Tout en continuant le trajet sur la route du retour à la barque, il se disait que le développement de son Suiton était essentiel pour pouvoir affronter les manieurs de glace. Attaquer au corps à corps face à des gens capable d'immobiliser par le froid serait suicidaire et riposter avec un Suiton encore plus. Ce serait comme éteindre un incendie avec de l'alcool. Quelques instants plus tard, les deux personnes étaient arriver à destination. Une légère brume se posa dans le décor, réduisant la visibilité environnante.

Suite aux examens sur les corps, Yozo n'avait plus rien à faire ici. Il fait alors ses adieux à Izumi, lui demandant bien entendu auparavant vers quelle direction allait pour la Kiba no toshi. Triste de son départ, la jeune fille tenta de garder avec elle le prince de Konoha avec son air attendrissant. Pourtant, cela ne marcha pas comme avec Shigekazu et Izumi déçue, se redirigea en silence vers sa barque. Soudain, alors qu'elle se retourna une dernière fois pour tenter de convaincre une énième fois le Hokage de rester avec elle, cette dernière ne s'attendit pas à ce que le Rokudaïme la prenne dans ses bras. En signe de reconnaissance, il décida d'enlacer celle grâce à qui il avait une piste sérieuse et de quoi faire de nouvelles rencontres. Izumi rougit une fois de plus encore et savait ne plus quoi dire. Yozo se contenta d'un doux murmure pour dire " merci " à Izumi avant de mettre les voiles. Laissant derrière lui une jeune demoiselle dont le cœur voyage en barque depuis des années à la recherche d'un beau port où s'amarrer, le Hoshikuma accéléra le rythme de sa course pour arriver au plus vite à la Kiba no toshi. Dès à présent, le temps lui était compté, neuf jours avant la rencontre fatale ...