Le lendemain de ma mission B, je fus convoqué en fin de matinée par les autorités d'Ame. Ce fut mon père, Masamori, qui vint en personne me lever pour m'informer de cette nouvelle. Appréciant le bruit de la pluie tapant sur la vitre, je me disais qu'avec le retour de l'averse perpétuelle, et donc de Pain, les choses reviendraient en ordre. Je m'étais levé paisiblement, ignorant les remarques de ma mère qui discutait au loin avec ma sœur; cette dernière revenait d'une mission de rang A, consistant à éliminer un Nukenin du village qui fuyait en direction de Kaze no kuni. Le déserteur était de rang A, et elle était pourtant parvenue à l'éliminer avec facilité. A vrai dire, cela ne m'étonnais guère, car Honami était une guerrière très puissante. Elle était même mon opposée, même si tout deux manions avec le Raïton l'affinité des eaux, le Suiton. Alors que je jouais dans la discrétion et l'efficacité, ma grande sœur attaquait l'ennemi à coup de jutsus dévastateurs. Avec son Suiton, elle lançait des trombes d'eau, d'immenses vagues rasant le paysage pour frapper à coup sûr son adversaire. Quitte à arracher des arbres entiers pour pouvoir atteindre sa cible, Honami était du genre bourrin. Et lorsqu'elle n'utilisait pas son affinité secondaire, le Raïton lui servait également à attaquer dans une large zone sa cible. A coup d'éclairs s'abattant sur terre avec fracas, elle se plaisait à manier la foudre et parfois à l'ingurgiter. Autant dire que cette folle qui me servait de cadette était le stéréotype parfait du Heiden.
Fuyant le regard de ma mère et de ma sœur, je me fis petit, histoire de ne pas m'attirer les foudres de ma génitrice. Moi qui avait perdu pas mal de chakra face à un simple Genin traître et faible pour le tuer, j'aurais fait mauvaise impression aux côtés de Honami qui avait fière allure en ayant massacré le Nukenin avec ses techniques barbares. J'accélérai donc le pas pour arriver dans la grande salle à manger, qui n'était remplie que d'anciens du clan. Je m'installai à une table, isolé dans un coin de la pièce, puis dévorai mon petit-déjeuner. Un silence presque religieux régnait dans la salle, et au contraire, je ne m'en plaignais pas. Les histoires entre vieux séniles étaient pesantes, surtout lorsqu'il s’agissait de vantards de la branche des Heidens. Je me dépêchai donc de manger, puis de repartir dans ma chambre pour me mettre mes habits blancs qui me donnaient ma réputation de Fantôme d'Ame. Je fis un passage éclair dans une autre pièce afin de me débarbouiller, puis quittai la demeure familiale pour me diriger vers la Grande Tour.
Sur place, personne ne m'attendait. Je devais me rendre dans une salle plus appropriée à la situation. Mon paternel m'avait parlé d'une pièce situé au fond du rez-de-chaussée. Mes souvenirs émergeant de ma conscience, j'exécutai les instructions qui m'avaient été donné auparavant et trouvai finalement la salle. Ce fut une dame, d'âge mûr, qui m'accueillit, avec comme d'habitude, un parchemin à proximité. Posé sur la table, le bout de papier enroulé contenait les indications d'une mission de rang D. La femme m'expliqua les circonstances de la mission, qui ne m'étaient d'aucune utilité, si ce n'est me faire perdre mon temps précieux. Puis vint l'objectif de la mission. Je devais me diriger dans un campement de base des troupes de notre patrie. Ou du moins, un terrain qui servirait à un campement d'Ame. C'était l'état de cette zone qui était la raison de ma venue. Des branchages, arbres morts et autres traces d'encombrements végétaux gênaient nos forces pour la construction d'un camp.
Mon objectif était donc de devoir rendre accessible cette zone, qui était géographiquement parlant, un point stratégique. Sans plus tarder, je tirai ma révérence à la femme en lui prenant sur le bureau le rouleau contenant la position du lieu de ma mission. Aussitôt, je me retournai et me mis en route. Je ne connaissais pas la durée du trajet, il fallait donc que je parte au plus vite. Le plus tôt possible serait le mieux. Même si la fonctionnaire de la Grande Tour m'ayant expliqué les modalités de cette mission D avait déclaré que le chemin ne serait pas très long, je préférai m'assurer de ne manquer de rien. Après avoir fait un détour chez moi pour prendre des vivres, je me dirigeai vers la sortie du village. Par la suite, je ne vis pas le temps passer; enfin, si, au niveau climatique.
En effet, sur place, la pluie m'avait abandonné. A la place, un vaste voile grisâtre de nuages. Aucun d'eux ne se daignait à vouloir faire s'abattre une averse. Pas la moindre goutte d'eau ne parvenait à s'échapper de ces colosses célestes. Lorsque j'arrivai dans le lieu de ma mission, une dizaine de shinobis d'Ame m'attendaient. Ils étaient là, à contempler inutilement le ciel couvert. Devant moi, un tas d'arbres abattus, de feuillages divers... bref, tout ce qui m'avait forcé à venir jusqu'ici. La zone était relativement grande, et je n'avais rien apporté pour parvenir à la réussite de ma mission. Au lieu de devoir m’encombrer d'outils, j'avais réfléchi longuement au moyen d'y parvenir avec facilité. A mes côtés, un Chûnin fumant une clope. Sa fumée me passa à côté, et le bout incandescent de sa cigarette me suscita un intérêt autre que celui de la consommation de tabac. Je me décalai sur le côté pour me retrouver face au fumeur et l'interpellai:
— Oui, mais pour quoi faire ? Tu veux une clope aussi avec ?
— Laisse moi faire mon boulot en me donnant ton briquet, et tu verras bien. Qui plus est, je ne fume pas.
— Très bien, prend-le. Mais tu ne serais pas par hasard le ninja que le village envoie pour ...
— Pour exécuter une mission de rang D, exactement. Maintenant, prépare tes équipiers, j'en aurais pour quelques minutes.
Le ninja de classe moyenne me confia donc son briquet. Je le remerciai, puis me dirigeai vers le centre de la zone. Je m'étais embêté à sauter à travers les branchages morts, les buissons épineux, au risque d'abîmer mes vêtements. Mais peu importe, puisque désormais j'étais au beau milieu d'un tas de plantes et de bois en décomposition. Briquet en main, la droite plus exactement, j'allumai ce dernier et une légère flamme jaillit de l'instrument. J'abaissai ma main vers un tas de hautes herbes, avant que le feu ne vienne envahir la végétation. L'intensité de la flamme grandit, tout comme la taille du feu. Rapidement, je dus m'écarter, car les flammes dévoraient voracement les bois et feuilles qu'elles trouvaient sur leur passage. Je rejoignis donc au plus vite les autres, et tout en rendant le briquet au Chûnin qui me l'avait prêté, je m'exclamai devant ce qui semblait être leur chef:
— Et dire que le village m'envoie pour désherber et déraciner une zone pour construire une base... très franchement, une simple flamme, ou même une technique Katon ne suffisait-elle pas ?
On ne me répondit pas, et le silence s'installa dans l'assemblée. On entendant au loin le feu crépiter, et la lueur rougeâtre s'approcher. Un léger panache de fumée noire s'échappait de l'épicentre de cette combustion, qui au fur et à mesure, s'effaçait dans l'infinité du plafond céleste. En quelques minutes, la zone à déboiser était envahie par un incendie que j'avais provoqué. Néanmoins, comme le terme incendie le laissait paraître, mon acte n'avait rien de criminel. Au contraire, il rendait service à ma patrie. Ma mission fut de courte durée, puisque le feu que j'avais provoqué fit le travail à ma place. Le vent facilitait la tâche, tout comme l'absence de pluie qui finalement m'arrangeait bien. Lorsqu'après une demi heure, la zone fut entièrement calcinée, je m'avançai vers un petit tas de cendres, composai plusieurs mûdras avec mes mains, et lançai une technique visant à éteindre les dernières braises désormais inutiles:
— Suiton: Suiryūben no jutsu.
Presque immédiatement, une masse d'eau survola ma tête, et s'agglutina sous une forme sphérique. Je dépliai ensuite mes deux bras sur chaque côté, et une demi-dizaine de tentacules aqueux jaillirent en vitesse de la droite, et de la gauche de la boule d'eau. En utilisant habilement la vitesse de ces extensions Suiton de mon corps, j'avais éteint un à un de nombreux feux. En trente secondes, l'affaire était réglée; la température avait baissé d'un cran suite à mon fidèle ninjutsu de l'eau. Quelques dernières vagues de fumée sortaient des décombres encore "frais" et s'évaporaient aussi vite. Je saluai mes camarades Amejins, puis rentrai au village.
De retour à la cité de la Pluie, j'avais fait mon rapport de mission, que je m'étais empressé de rendre à la Grande Tour. Je n'avais pas spécialement envie de m'y attarder plus longtemps. Avec un peu de chance, je risquai d'être contraint à collaborer dans une mission sans intérêt. Je filai donc en direction du domaine familial, peu satisfait de la prime de la D que j'avais effectué. Encore une mission de plus à mon compteur, mais comment peut-on appeler mission un problème qui peut se résoudre en un mouvement ? 
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