Depuis combien de temps ai-je troqué mon petit appartement dans les quartiers supérieurs du village de la pluie contre cette petite maison ? Depuis quand ai-je abandonné le prétendu amour paternel de Gen pour rejoindre une personne qui m’est chère ? Allongé sur mon lit situé à côté de ma fenêtre, l’heure est à la réflexion alors que les premiers rayons du soleil font irruption dans ma chambre terne. Posé entre mes draps, je peux voir d’ici le bandeau frontal que je portais autrefois, la plaque métallique qui y est apposée brille encore, cela me fait sourire tristement. En partant, j’ai tout laissé derrière moi, tant ma vie que mon identité : Moi, Shintô du clan Hôtobi, disparu depuis…je ne compte même plus les années à vrai dire, ce drame ancré dans ma mémoire fait partie du passé, il n’y a plus besoin de revenir dessus. Parfois, lorsque je salue les passants ou artisans, je ne peux m’empêcher de penser à mes camarades d’Ame, sont-ils encore vivant ? Est-ce qu’ils vont bien ?

Tant de questions auxquelles je n’aurai probablement jamais de réponse, faute de pouvoir y retourner à cause des soupçons qui maintiennent le pays de la pluie à l’écart des autres nations. Je décide de me lever et entamer ma toilette, j’ai beau être nostalgique ces derniers temps, ce n’est pas pour autant que je dois me laisser aller, je suis un Shinobi après tout. Une fois ma douche prise, je m’assieds sur une chaise de ma cuisine, constatant une nouvelle fois que je suis horriblement seul. J’ai beau prétendre que ça ne m’affecte pas, il y a des moments où j’aimerais retrouver mes compagnons d’armes, ceux avec qui j’ai grandi, appris et évolué. Les mois passent et cette solitude est toujours présente, surtout depuis la mort de Kid, un ancien ami à moi.

« Hôtobi-san ? On vous appelle aux portes du village. Vous êtes là, Hôtobi-san ?
- Dites-leur que je m’habille et j’arrive. »

Tiens, c’est surprenant, d’habitude personne ne réclame ma présence ici, je me demande quel genre d’incident il y a pu se produire pour qu’on fasse appel à mes services. Encore en sous-vêtements, j’enfile rapidement un short, un T-shirt noir et pour finir mes sandales une fois en dehors de la pièce. J’ouvre la porte et affronte la chaleur estivale ainsi que le soleil pour me rendre aux portes comme on me l’a précisé. Comme rien ne presse, je prends mon temps et en profite pour acheter de quoi manger sur la route, une pomme fera l’affaire je suppose.

[…]

Une fois sur place, j’essaie de me frayer un chemin entre les gardes et les Ninjas déjà sur le terrain, eh bien quoi ? C’est l’arrivée du seigneur du pays qui perturbe tout le monde ou… ? Je me faufile entre quelques uns de mes pairs, puis arrive sur le devant de la scène où un homme à la carrure impressionnante nous fait face. Qu’est-ce qu’il vient faire ici ? S’il voulait se battre, il y a longtemps que le combat aurait déjà commencé et s’il voulait entrer…ce n’est pas à moi que l’on aurait fait appel. Je hausse un sourcil, décidément l’être humain est rempli de mystère. Au même moment, je sens une main se poser sur mon épaule, c’est un de mes collègues de ma dernière mission, je lui lance un regard interrogatif pour savoir ce qu’il attend de moi par ce geste.

« Tu peux lui demander ce qu’il veut ? C’est pas qu’on a peur…mais on n’ose pas vraiment quoi. »

Personnellement, je ne vois pas où est le problème avec cette histoire. Après la guerre vécue du côté d’Ame gakure no satô, il n’y a vraiment rien qui puisse m’effrayer. C’est vrai, je pense qu’il n’y a rien de pire que récupérer les cadavres d’enfants tout juste promus aspirants sur le champ de bataille, rien de pire que de ramener les corps aux parents en pleurs.

« Hé…Qu’est-ce que tu veux ? »

Cependant, à l’instant même où les mots sortent de ma bouche, je me rends compte que le chakra qui émane du corps de l’homme me semble familier…néanmoins je n’arrive pas à me souvenir de son propriétaire. Je marque une courte pause et fais un pas en arrière, je ne pense pas l’avoir déjà senti durant la dernière guerre…alors, quand ? Je l’examine de la tête aux pieds, un blond baraqué portant le bandeau du village d’Iwa, une cicatrice…Bien entendu, je n’avais jamais vu un tel molosse, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il ne m’est pas inconnu.

« …On se connait ? »