Les journées passent et défilent. La guerre est proche, mais pourtant, elle semble comme le reflet de la lune sur l'onde d'un lac. Insaisissable, mais visible, elle reste présente, mais impossible de l'influer. Les hommes sont forcés d'attendre le moment fatidique, pour que sang, sueur et effroi s'étalent dans une contrée à souiller de malheur. Pour l'heure, Yozo, étalé dans toute la superficie de son matelas, n'avait que faire de toutes ces pensées. Il dormait paisiblement, bien que des ronflements disgracieux venaient contraster avec sa petite bouille agréable. Le sommeil était sacré chez le Hoshikuma, et dès que son poste de Hokage pouvait être mis de côté pendant quelques jours, il profitait de ces rares instants de tranquillité pour roupiller un maximum. Mais alors qu'il était plongé dans un rêve plutôt tranquille, l'image floue d'une lettre vint faire réveiller le chef de Konoha. La réalité reprit le dessus sur le shinobi qui se leva torse nu de son lit. Une dure journée l'attendait.

Aujourd'hui, notre protagoniste allait faire la rencontre de la troisième personne qui composerait l'équipe Rei. La veille, il lui avait envoyé un courrier qui s'adressait à elle au nom de membre de l'équipe Rei, et qui devait confirmer sa présence dans le trio via un entretien. Cette personne, Yozo la connaissait très bien, car qui plus est, elle en devait beaucoup au Rokudaïme Hokage. Il s'agissait de Yûna Hatsu, une demoiselle d'une vingtaine d'années. Autrefois prisonnière en fuite, elle revint au village, et mise sous la surveillance directe du Hokage, majeure raison de son intégration à l'équipe sous le joug de notre héros. Bien entendu, de par sa fuite, elle ne put échapper à quelques mois de prison, au cours desquels elle purgea sa peine en connaissance de cause. Autrefois, il s'agissait d'un malentendu, une erreur que Yozo se voulait de réparer à sa manière. La seconde incarcération de sa protégée n'était là que pour servir de temps de "méditation" à la future ninja.

Le fils de paysans enfila un kimono noir, changea de hakama assorti à sa veste, serra son obi blanc et déjeuna rapidement. Comme à son habitude, il savait qu'il serait en retard. Dans la foulée, il embarqua son fameux naginata, qu'il accrocha à son dos, et fila de chez lui. Sa maison n'était pas loin du lieu de rendez-vous certes, mais il devait tout de même emboîter le pas s'il ne voulait pas faire trop mauvaise impression. La nuit dernière, il avait pourtant travaillé sur ses bouquins de médecine. Il liait le Ninjutsu aux techniques médicales, et louchait par moment sur des katas de divers arts martiaux. Avec un tel argument, Yozo se sentait assuré d'avoir un bon motif pour défendre sa cause. Justement, le voici arrivant vers la fameuse kunoïchi.

Elle écoutait de la musique, qu'elle créait en faisant tourner une manivelle relié à un boîtier. De cette petite caisse cubique, une douce mélodie s'échappait et répandait un rythme paisible. Yozo, en retard, croisa le regard avec Yûna. Quelques secondes de silence entre les deux habitants de Konoha les séparèrent, avant que la musique ne prenne fin. Le dialogue pouvait s'instaurer. Avant toute chose, la kunoïchi et son senseï se saluèrent mutuellement. Un salut simple, solennel, qui témoignait du respect de chacun envers l'autre. La demoiselle laissa par la suite la parole à son supérieur, histoire qu'elle puisse comprendre la raison exacte de sa venue.

« Bien, tout d'abord, avant de parler des modalités de ton insertion dans mon équipe, j'aimerai que l'on mette au clair les choses. Si je comprend bien, tu ne sais qu'utiliser le Taïjutsu... bien que cela te rendre moins polyvalente, ce domaine de techniques est particulièrement efficace si l'on sait comment s'en servir. Se concentrer dessus peut rendre les coups dévastateurs, et la vitesse des coups empêcherait l'ennemi d'anticiper une quelconque attaque. Pour commencer, je voudrais que tu m'affrontes, afin que je puisse voir de quoi tu es capable. Inutile que tu utilises des projectiles, prend un kunaï si besoin est. De mon côté, je me battrai avec mon naginata seulement, afin de te donner un maximum de chances.
Ne retient pas tes coups Yûna-san ! Je veux voir le potentiel qui sommeille en toi ! »

Il plaça son arme à ses côtés, le bout du bâton touchant le sol. Quelques mètres séparaient les deux ninjas, et le vent soufflait dans cet espace. Yozo, un regard perçant et déterminé, attendait une réaction offensive de son nouvel élève.

Lorsque Yozo planta son trident, il savait que désormais, il s'exposait à recevoir avec rapidité une attaque. Sa garde n'avait rien de très complexe à percer, puisqu'il n'avait adopté ni une position offensive et encore moins une posture défensive. Au contraire, il avait dirait-on laissé un maximum de chances à son élève pour que cette dernière parvienne à assener un coup à son maître. Mieux encore, il donnait une impression digne d'un grand ninja: air sérieux, motivé et déterminé. Tous ces détails ne pouvaient que forcer Yûna à donner le meilleur d'elle-même. La kunoïchi en question chargea suite à l'annonce du Hoshikuma, les poings bien fermés, signe de détermination. Le Rokudaïme se mouva dès lors, et observa attentivement chaque fait et geste de sa disciple. D'une part pour analyser les compétences de la Hatsu, mais bien entendu, pour pouvoir éviter les coups de cette dernière.

La nette différence de taille avantageait de près Yozo. Chaque coup porté par Yûna demandait de la vitesse et de la puissance, puisque l'allonge n'était pas la force de la fille. Sa taille, en-dessous de la moyenne, ne l'aidait pas, et au contraire, la forçait à s'exposer au géant qu'était le Hokage. Pourtant, elle osa avec audace, et même si chacun de ses coups étaient évités, elle poursuivit son enchaînement, convaincue de pouvoir toucher son senseï. A la place, elle n'eut que l'occasion de frapper dans le vide, et de voir une à une ses attaques échouer dans le vent. L'agilité ainsi que la vitesse de Yozo, couplé à son temps de réaction, lui permettait aisément de parer les assauts répétés de Yûna.

La ninja en question prit alors du recul, voyant qu'il était inutile de poursuivre ainsi de tels attaques. Cela ne lui servirait qu'à s'exposer devant une lourde contre-attaque, et à l'épuiser pour peu. A une distance raisonnable, elle s'arrêta et se figea dans le terrain vague. Yozo recula également de quelques pas, et trident en main, le prit carrément avec ses deux mains, se repartissant équitablement sur le manche en bois. Exécutant ce geste par précaution, le Hokage eut bien fait de renforcer sa défense, puisque Yûna revint une seconde fois à la charge. Utilisant son naginata comme un bô - un bâton de combat - il déviait les coups de son adversaire avec une facilité déconcertante, bien que tout cela se jouait à une vitesse assez impressionnante. Au même moment, ils reculaient, avançaient, comme deux gladiateurs qui s'échangeaient des coups de glaive. Tantôt leurs jambes prenaient naturellement l'initiative de bouger pour éviter ou au contraire donner un coup, tantôt la puissance de l'un forçaient le corps de l'autre à reculer.

Bien que Yozo avait l'avantage sur sa disciple, la kunoïchi ne perdait pas espoir. Au contraire, chacun de ses coups gagnaient au fur et à mesure en fluidité et efficacité, même si cette amélioration avortait à chaque fois. Dans un énième assaut, elle choisit de jouer la carte de la diversion. Plusieurs mètres séparaient le Hokage de la Genin, et elle dévala une fois encore sur son adversaire. La main dans sa sacoche ninja, elle en sortit un simple kunaï qu'elle lança sur le flanc gauche. En réaction, le fils de paysans se déplaça sur la droite en conséquence. Mais évidemment, le principe d'une diversion étant de feindre une attaque pour en lancer une seconde à la suite pour éviter les chances d'échec, le lancer de kunaï suivit par un coup de pied qui partait encore une fois sur le côté gauche de Yozo. Cette fois-ci, pour notre protagoniste, il ne suffirait pas d'une simple esquive pour s'en sortir. Prit dans son élan, deux options s'offraient au Hoshikuma: poursuivre à droite et prendre le coup, ou bien trouver une alternative, puisque prit de vitesse, il ne pouvait pas freiner sa course pour repartir dans la direction opposé, le temps consacré à cette tâche étant trop grand.

Il saisit alors la jambe de son élève et l'envoya valdinguer au loin, sans trop forcer. Tout se joua avec une précision chirurgicale, où le Hokage ne devait pas perdre de temps s'il voulait éviter que le coup soit porté à temps. Yûna avait visé l'estomac, et empoignant donc ses deux mains juste au niveau du bas du genou, il pivota sur le côté, soulevant la demoiselle et la lâcha par la suite. La vitesse d'exécution de cette action fit que la kunoïchi voltigea sur plusieurs mètres dans les airs, avant de retomber au sol. Autour de Yûna, un léger voile de poussière se dressa suite à sa chute. Le naginata de Yozo était tombé au sol, et d'un coup de pied, il l'envoya sur le côté, afin qu'il se pose contre un rocher. Durant le contre du Hoshikuma, il avait du lâcher prise sur son arme, afin de se concentrer manuellement sur la jambe de son adversaire. La suite du combat se déroulerait donc à mains nues pour notre héros, qui devait lui aussi se donner un peu de difficulté. Car bien qu'il donnait une épreuve à son élève, il se devait lui-même de voir quelles erreurs pourraient mener à sa perte, même face à une simple Genin.