Erya No Niji avait toujours haï et aimé sa différence. Mais cela n'avait pas toujours été facile.

Depuis toute petite, au lieu de jouer à la corde à sauter ou même à la marelle, elle préférait s'isoler dans un coin, à étudier les fourmis. Quels intelligents petits insectes . . . Des siècles et des siècles ont suffit pour que ses petites créatures de l'âge primaire se mettent à construire un système galérien des plus complexes. Au début, les écrasés l'amusait, mais, au bout du compte, observer les fourmilières devenait, avec le temps, une occupation des plus . . . non, disons, beaucoup moins attrayante dans la durée.
Erya No Niji naquit en cette douce fin de septembre, vers 1994, près d'une bourgade à l'extrémité de la capitale du Pays de la Neige. Un beau bébé de deux kilos cinq.

Sa mère, anbu de profession, avait rencontré son père lors d'un voyage "touristique" dans le désert de Suna. Elle était blonde, il était brun. Elle, froide comme la glace, lui, chaud comme le feu. Deux extrêmes qui ne présageaient rien de bon au premier abord ! Mais, malheureusement, après cette mission (qui fut d'ailleurs couronnée par de brillants résultats) ils durent se séparer. Ils ne tardèrent pas à s'envoyer des lettres, de plus en plus passionnées.
Comprenant quelle était enceinte depuis de longs mois ( le résultat d'un coup d'un soir . . . d'ailleurs elle n'avait jamais voulu le mentionner . . . ), il parcourut plus de la moitié du globe, afin de la retrouver. Une histoire mièvre qui frôlait le bonheur. Mais s'était sans compter ce qui se tramait dans l'ombre, le regard suspicieux, emplit d'une folle envie de meurtre.

Quatre ans après sa venue au monde, sa petite soeur naquit. Une vraie perle. On aurait sa réplique exacte, mais en plus douce, et sans doute un peu plus fragile.
Dès leur plus jeune âge, les deux soeurs eurent des pré - dispositions pour le Hyoton. L'art de la glace. Elles s'entraînaient chaque jour, et parfois même la nuit, quand la campagne dormait, figée dans le silence des labours.

Coup de théâtre, le drame se produisit la veille de Noël, tandis que la fratrie dormait tranquillement. Tandis que tout le Pays de la Neige dormait tranquillement. Erya avait toujours eu le sommeil léger, et, d'une nature plus qu'anxieuse, elle avait parfois du mal à dormir. A onze ans, l'ont faisait encore des cauchemars.
Réveillée par un besoin pressant, elle glissa ses tout petits petons dans ses tout petits chaussons (elle avait toujours eu de minuscules plantes) puis s'engouffra dans le couloir, direction toilettes.
Erya ne mourut pas cette nuit là, non. Mais sa mère, si. En ouvrant la minuscule porte des sanitaires, elle l'avait trouvée là, en sang.

Bien vite, on retrouva l'auteur du crime, le coéquipier de la victime, qui jaloux, attendait depuis des années pour lui déclarer sa flamme.
Jalousie. Sa mère était morte pour une putain de jalousie. Et même quand elle le vu, pendant au bout d'une corde, elle ne s'en trouva pas satisfaite. Mais le pire, dans tout ça, c'était la cadette, qui chaque soir lui demandait :

<< - Elle est heureuse au ciel, maman?
Et Erya de lui répondre d'un timbre mélancolique :
- Je l'espère. >>

Un autre jour, encore, alors quelle revenait de son petit boulot, alors que l'argent manquait, elle trouva sa soeur en sang, sur le parquet. Malgré que son petit corps fut déjà froid, elle le serra, elle le serra de toutes ses forces.
Elle soupçonna directement son père, qui s'était recroquevillé dnas la pièce voisine, entre deux geignements de douleur, il lui avoua, du bout des lèvres, que c'était lui qui l'avait frappé. Que c'était lui qui avait frappé sa mère, et que c'était lui le responsable de son malheur.

Il partit le lendemain, conformément aux désirs de notre cher personnage. Il s'en retourna vers son pays natal, vide, vide et encore vide. Elle avait exigé d'une voix tremblante, qu'il parte de son champs de vision, prête à exploser. Si elle ne l'avait pas tué, c'était uniquement parce que c'était son père. Uniquement pour ça.
Depuis ce jour, quelque chose grandissait dans l'inconscient d'Erya No Niji, une bête affreuse qui n'a d'autre nom que folie. Recouverte de haine, elle la laissa proliférer, préférant s'accrocher à ce parasite, qui, en contrepartie de quelques élans de sadismes, lui donnait une certaine tranquillité. Plus tard, cet élan devenait presque humoristique, avec un peu de recul.

Son paternel mourut par le feu, un peu tard certes, mais c'était toujours mieux que rien. Elle avait vu la maison s'écrouler. Cette maison. Il avait osé revenir, pour s'excuser. Mais dans la mort, il n'y avait pas de pardon.
Alors, Erya No Niji disparut de la circulation. Et ce n'est qu'à l'aube de ses seize ans, quelle remit pied à Ame, retour à la civilisation.
Et l'on entendait encore les flammes crépitées.